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Contre la réforme judiciaire, des milliers d'Israéliens bloquent gares et routes

Contre la réforme judiciaire en Israël, des milliers d'Israéliens bloquent des gares et des routes. [Keystone - Oded Balilty]
Contre la réforme judiciaire en Israël, des milliers d'Israéliens bloquent des gares et des routes. - [Keystone - Oded Balilty]
Des milliers d'Israéliens se sont de nouveau mobilisés mardi, bloquant des gares et des routes, pour dénoncer le projet de réforme judiciaire porté par le gouvernement de Benjamin Netanyahu, qu'ils voient comme une menace pour la démocratie.

Depuis l'annonce en janvier du projet de réforme du système judiciaire, des dizaines de milliers de personnes manifestent chaque semaine dans l'un des plus grands mouvements de contestation de l'histoire d'Israël.

Mardi, sous une chaleur accablante, des milliers de manifestants se sont à nouveau rassemblés aux cris de "démocratie, démocratie", agitant le drapeau israélien, notamment à Haïfa (nord), Tel-Aviv, Jérusalem, Petah Tikva ou Rehovot (centre), selon des médias locaux et des journalistes de l'AFP.

"Face à un gouvernement (...) qui se précipite pour détruire la démocratie, nous seuls, les citoyens, pouvons arrêter le train de la dictature", ont déclaré les organisateurs en appelant à cette journée.

Routes, quartiers, gare et bourse de Tel-Aviv bloqués

A Tel-Aviv, des militants d'un groupe de vétérans de l'armée ont formé une chaîne humaine pour bloquer la principale entrée du quartier général de l'armée.

Des manifestants ont aussi bloqué plusieurs routes et défilé sur une autoroute au nord de Tel-Aviv. D'autres sont entrés dans le bâtiment de la bourse de Tel-Aviv.

Criant "Israël n'est pas une dictature", des centaines de personnes ont envahi plusieurs gares, notamment à Tel-Aviv et Haïfa, malgré le dispositif policier déployé pour les empêcher d'accéder aux quais. La police a fait état de 19 arrestations.

Des milliers d'Israéliens bloquent des gares et des routes. [Keystone - Abir Sultan]
Des milliers d'Israéliens bloquent des gares et des routes. [Keystone - Abir Sultan]

La commission des lois poursuit ses débats

Cette journée fait suite au vote la semaine dernière en première lecture par le Parlement d'une mesure de la réforme visant à annuler la possibilité pour le pouvoir judiciaire de se prononcer sur le "caractère raisonnable" des décisions du gouvernement.

Elle intervient alors que la commission des lois poursuit mardi ses débats afin de la présenter dans les prochains jours au vote définitif du Parlement.

Cette clause avait contraint en janvier Benjamin Netanyahu à démettre de ses fonctions le numéro deux du gouvernement Arié Dery, condamné pour fraude fiscale, suite à l'intervention de la Cour suprême.

"Depuis que la réforme est lancée, nous voyons l'impact sur notre économie", assure Inbal Orpaz, 36 ans, employée dans la high-tech venue manifester à Tel-Aviv.

Le Fonds monétaire international avait mis en garde en juin contre "l'incertitude" induite par le projet de réforme qui pourrait nuire à la croissance.

Les protestataires ne lâcheront pas avant l'annulation

"Par le biais d'actes de désobéissance civile non violents, nous continuerons à protester dans les rues jusqu'à l'annulation complète de la réforme", a déclaré à l'AFP Josh Drill, un porte-parole du mouvement.

La réforme défendue par le gouvernement, l'un des plus à droite de l'histoire d'Israël, vise à accroître le pouvoir des élus sur celui des magistrats.

Le gouvernement estime qu'elle est nécessaire pour assurer un meilleur équilibre des pouvoirs, mais ses détracteurs y voient une menace pour la démocratie et ses garde-fous institutionnels.

D'autres mesures provoquent le mécontentement des manifestants, comme celle modifiant le processus de nomination des juges, déjà adoptée par les députés en première lecture.

Une autre clause, dite "dérogatoire", qui vise à permettre au Parlement d'annuler à la majorité simple une décision de la Cour suprême, a été abandonnée, avait assuré fin juin Benjamin Netanyahu.

>> Lire aussi : En Israël, une clause clé de la réforme judiciaire controversée a été adoptée

Les Etats-Unis inquiets

L'ampleur des protestations inquiète les Etat-Unis. Fin mars Joe Biden avait appelé le gouvernement israélien à trouver un compromis. Lundi, lors d'un entretien téléphonique, le président américain a invité Benjamin Netanyahu à se rendre aux Etats-Unis.

Pour le Premier ministre israélien, ce coup de fil avec Joe Biden, est une petite victoire. "Les opposants lui reprochent de mettre en danger une alliance vitale pour l'état d'Israël", explique mardi dans Forum, Stéphane Amar correspondant de la RTS à Tel-Aviv.

Mardi, Joe Biden a reçu à Washington le président israélien Isaac Herzog, qui joue un rôle essentiellement protocolaire, lui aussi a appelé les parties israéliennes à trouver un compromis.

"Le président et le Premier ministre israélien jouent au 'bon flic, mauvais flic'", affirme Stéphane Amar. "Benjamin Netanyahu assume sa coalition ultra-nationaliste quand Isaac Herzog s'efforce de calmer le jeu en insistant sur la vigueur de la démocratie israélienne."

>> Ecouter les explications de Stéphane Amar sur les craintes américaines dans l'émission de Forum :

Des milliers de personnes manifestent mardi en Israël pour dénoncer le projet de réforme judiciaire. [Keystone]Keystone
Relations Etats-Unis et Israël sous pression après la réforme de la Cour suprême / Forum / 2 min. / le 18 juillet 2023

agences/miro

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