C'est un nouveau tour de vis de la part des autorités iraniennes, à deux mois de l'anniversaire de la mort de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans morte en détention pour avoir enfreint le code vestimentaire de la République islamique, imposant notamment aux femmes le port du voile en public.
Son décès avait déclenché un vaste mouvement de protestation avec des manifestations dans plusieurs villes en octobre et novembre avant de refluer. Plusieurs centaines de personnes, dont des membres de forces de l'ordre, ont été tuées et des milliers d'autres arrêtées. Sept hommes ont été exécutés pour leur implication dans ce mouvement.
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Plusieurs condamnations et arrestations
Trois actrices ayant participé à des cérémonies sans porter de voile ont été condamnées à un ou deux ans de prison, deux ans d'interdiction de voyager et plusieurs années d'interdiction d'utiliser les réseaux sociaux.
Un acteur de théâtre qui avait posté une vidéo menaçant la police a également été arrêté dans des conditions rocambolesques. L'interpellé a filmé en direct l'intervention de la police, qui a défoncé la porte de son appartement.
Enfin, quatre jeunes qui avaient posté leur photo devant un centre religieux sans voile et en short ont été identifiées et arrêtées.
Ces derniers jours, de nombreuses vidéos ont également été publiées sur les réseaux sociaux montrant des policiers donnant des avertissements à des femmes ou des jeunes filles ne portant pas le voile.
De nouvelles mesures répressives
Mise en cause par les manifestants, la police des moeurs avait en bonne partie disparu des rues ces derniers mois. Et les femmes étaient de plus en plus nombreuses à sortir la tête non couverte, notamment à Téhéran et dans les grandes villes, ce qui a agacé certains responsables conservateurs qui ont demandé l'intervention de la police.
Les autorités ont pris depuis le début de l'année une série d'initiatives, allant de la fermeture de commerces, notamment de restaurants, à l'installation de caméras dans les rues pour traquer celles qui bravent l'interdit.
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La police iranienne a aussi annoncé dimanche avoir rétabli les patrouilles pour sanctionner les femmes ne portant pas le voile dans les lieux publics. "A partir d'aujourd'hui, la police va, en menant des patrouilles en voiture et à pied, avertir et sanctionner les personnes qui, malheureusement, désobéissent aux ordres et continuent à ne pas respecter le code vestimentaire", a averti le porte-parole de la police Saïd Montazeralmahdi, cité par l'agence Tasnim.
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Des responsables modérés et des sociologues ont mis en garde le pouvoir contre la possibilité de nouvelles manifestations en réaction à ces nouvelles mesures.
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Reportage radio: Siavosh Ghazi
Adaptation web: iar avec ats