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En Espagne, le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez menacé par la droite

Élections législatives en Espagne: l'extrême droite aux portes du gouvernement
Élections législatives en Espagne: l'extrême droite aux portes du gouvernement / 19h30 / 2 min. / le 23 juillet 2023
L'Espagne se rend aux urnes ce dimanche afin de décider si elle renouvelle le mandat du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez ou si, comme tous les sondages le prédisent, elle ramène au pouvoir la droite, et sans doute avec elle l'extrême-droite.

Les bureaux de vote ont ouvert à 9h du matin et le resteront jusqu'à 20h. Quelque 37,5 millions d'électeurs sont appelés à renouveler pour quatre ans les 350 membres du Congrès des députés et à élire 208 sénateurs. En raison des vacances, près de deux millions et demi d'électeurs ont voté par correspondance, soit un nombre record, a annoncé samedi la Poste espagnole.

A l'approche des élections européennes de 2024, le basculement à droite de la quatrième économie de la zone euro, après celui de l'Italie l'an dernier, constituerait un coup de tonnerre pour les gauches européennes. Cela serait d'autant plus symbolique que l'Espagne exerce actuellement la présidence tournante de l'UE.

Chiffre magique de 176 députés

Toutes les enquêtes d'opinion publiées jusqu'à lundi estimaient quasi-certaine une victoire du Parti populaire (PP, droite) d'Alberto Núñez Feijóo, 61 ans. Mais le fait que leur publication soit interdite pendant les cinq jours précédant le scrutin incite à la prudence, d'autant qu'il restait de nombreux indécis en début de semaine (environ un électeur sur cinq) et qu'on ignore l'effet que la date de cette élection - en plein été, avec des températures très élevées - pourrait avoir sur la participation.

Alberto Núñez Feijóo a pour objectif d'atteindre le chiffre magique de 176 députés, qui lui donnerait la majorité absolue des 350 sièges du Congrès des députés. Mais pas un seul sondage n'a conclu à un tel score pour le PP. Il devrait donc avoir recours à une alliance. Or, son seul partenaire potentiel est Vox, un parti d'extrême-droite, ultranationaliste et ultra-conservateur, né en 2013 d'une scission du PP.

>> Ecouter la correspondante de la RTS en Espagne Marie Bolinches faire le point sur la situation quelques minutes avant la fermeture des bureaux de vote :

Marie Bolinches, correspondante de la RTS en Espagne, fait le point sur la situation en direct de Madrid
Marie Bolinches, correspondante de la RTS en Espagne, fait le point sur la situation en direct de Madrid / 19h30 / 1 min. / le 23 juillet 2023

Retour de l'extrême-droite près de 50 ans après Franco?

C'est du côté de cette alliance potentielle que le bât blesse pour Alberto Núñez Feijóo, dont la campagne a été perturbée par les tractations du PP avec Vox pour établir des pactes dans plusieurs régions prises à la gauche lors des élections locales du 28 mai. Car le parti d'extrême-droite n'a fait aucun compromis sur ses priorités, notamment le refus du concept de violence de genre, le rejet des transgenres et la négation du réchauffement climatique.

Le leader de Vox Santiago Abascal a averti le PP que le prix de son soutien serait une participation à un gouvernement Feijóo, ce qui marquerait le retour de l'extrême-droite au pouvoir, près d'un demi-siècle après la fin de la dictature franquiste.

Flou maintenu

Jusqu'au bout, Alberto Núñez Feijóo a maintenu le flou sur ses intentions concernant Vox. "A deux jours du scrutin, un candidat ne doit pas dire avec qui il va s'allier", affirmait-il vendredi dans une interview au quotidien El Mundo, ajoutant qu'un gouvernement de coalition avec Vox "n'est pas l'idéal".

Donné battu après la déroute de la gauche lors des élections locales, qui l'avait convaincu de convoquer ce scrutin anticipé, Pedro Sánchez, 51 ans, a fait de la peur d'une arrivée au pouvoir de Vox son principal argument électoral.

Dénonçant "le tandem formé par l'extrême-droite et la droite extrême", qu'il considère comme bonnet blanc et blanc bonnet, le Premier ministre sortant, qui a beaucoup mis en avant la carte européenne, a affirmé lors du débat télévisé de mercredi qu'un gouvernement de coalition PP/Vox "serait non seulement un recul pour l'Espagne" sur le plan des droits, "mais aussi un sérieux revers pour le projet européen".

>> Ecouter aussi le sujet de Forum dimanche soir :

Législatives en Espagne: les socialistes pourraient perdre le pouvoir
Election législatives en Espagne: vers une poussée de l'extrême-droite? / Forum / 2 min. / le 23 juillet 2023

afp/hkr

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