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Le tout numérique à l'école, une fausse bonne idée à réguler, selon l'Unesco

Des élèves sur une tablette dans une école vaudoise en février 2022. [Keystone - Laurent Gillieron]
L’Unesco recommande de réguler l’utilisation des nouvelles technologies dans l'éducation / Le 12h30 / 2 min. / le 26 juillet 2023
Des ordinateurs distribués sans travail pédagogique préalable, des savoirs basiques qui se perdent, des enfants distraits: la technologie numérique en milieu scolaire, loin d'être la panacée, peut avoir "des effets néfastes" et doit être "régulée", affirme l'Unesco.

Si le numérique a "drastiquement amélioré l'accès aux ressources d'enseignement et d'apprentissage", notamment en Ethiopie ou en Inde, où des bibliothèques en ligne, très populaires, ont vu le jour, et si l'apprentissage à distance a sauvé l'éducation pendant la pandémie de Covid-19, ces technologies sont aussi largement promues par les fabricants, non sans certaines manipulations.

L'organisation onusienne pour l'éducation, les sciences et la culture (Unesco) note ainsi le "manque" de données "impartiales" sur l'impact des technologies éducatives.

"Une grande partie des données probantes proviennent des entités qui cherchent à vendre ces technologies", regrette son rapport publié mercredi et intitulé "Les technologies dans l'éducation: qui est aux commandes?".

Une utilisation excessive néfaste

Les technologies peuvent se révéler "néfastes" en cas d'utilisation "inappropriée ou excessive", une enquête de l'OCDE suggérant notamment "un lien défavorable entre l'utilisation excessive des technologies de l'information et de la communication et la performance des élèves", ajoute-t-il.

"On a trouvé que la simple proximité avec un appareil mobile distrayait les élèves et avait un impact négatif sur l'apprentissage dans 14 pays, pourtant, moins d'un sur quatre a interdit l'utilisation des smartphones dans les établissements scolaires", analyse encore l'Unesco.

Un manque de réglementation

Il est indéniable que "tout le monde", élèves inclus évidemment, "devrait s'initier à la technologie" car elle "fait partie de nos compétences de base aujourd'hui", note Manos Antoninis, le directeur du rapport.

Mais cela ne passe pas forcément par la technologie elle-même, insiste-t-il.

"Les enfants qui savent mieux lire ont cinq fois plus de chances de ne pas être trompés par des mails d'hameçonnage. Cela ne nécessite rien de technologiquement avancé. Il suffit juste d'avoir de bonnes capacités de lecture et de réflexion critique", remarque l'expert.

L'Unesco, dans un communiqué, appelle donc à "réguler la façon dont les nouvelles technologies sont utilisées dans l'éducation", où sévit un "manque de gouvernance et de réglementation adaptées".

La révolution numérique, qui dispose d'un "immense potentiel", doit être "encadrée" dans l'éducation, comme elle l'est dans le reste de la société, affirme Audrey Azoulay, la directrice générale de l'organisation.

Et la patronne de l'Unesco d'avertir: "La technologie doit améliorer le processus d'apprentissage et servir le bien-être des élèves et des enseignants, plutôt qu'être utilisée à leur détriment."

afp/ther

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David Rey: "Ces outils, il faut les intégrer et pas essayer de les repousser"

Invité mercredi du 12h30 pour réagir au rapport de l'Unesco, David Rey a jugé qu'il était erroné de penser qu'on faisait fausse route et plaidé pour "une utilisation pragmatique" des outils numériques.

"C'est clair que commencer à distribuer des ordinateurs à tous les élèves sans faire en sorte qu'ils soient formés pour les utiliser de manière intelligente, ce serait complètement inutile (...) mais ces nouvelles technologies, ordinateurs, tablettes et autres font partis des outils d'apprentissage. Je pense qu'il faut les intégrer et pas essayer de les repousser", explique le président du syndicat romand des enseignants.

>> Réécouter l'interview intégrale de David Rey dans le 12h30 :

David Rey [KEYSTONE - PETER KLAUNZER]KEYSTONE - PETER KLAUNZER
L’utilisation des nouvelles technologies dans l’éducation: interview de David Rey / Le 12h30 / 3 min. / le 26 juillet 2023