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La multiplication des phénomènes météo extrêmes inquiète le monde scientifique

Le mois de juillet est le plus chaud jamais enregistré dans l'histoire. Ces phénomènes climatiques extrêmes inquiètent
Le mois de juillet est le plus chaud jamais enregistré dans l'histoire. Ces phénomènes climatiques extrêmes inquiètent / 19h30 / 1 min. / le 27 juillet 2023
Les phénomènes météo extrêmes survenus ces derniers mois inquiètent les scientifiques, qui y voient la confirmation que le réchauffement du climat les rend plus fréquents. Dans le même temps, la consommation de charbon, l'un des principaux responsables des émissions de CO2, a atteint des records en 2022 et restera au plus haut cette année.

Un mur de flammes autour de Palerme, une rivière de glace en Lombardie, la sécheresse à Madrid, la grêle dans le Pays basque... Dernièrement, les phénomènes météorologiques extrêmes sont presque devenus monnaie courante.

En Suisse, alors qu'on tente difficilement de maîtriser les flammes qui ravagent le Haut-Valais depuis des jours, une tempête a dévasté La Chaux-de-Fonds en cinq minutes à peine. Un mois de juillet de tous les extrêmes, dont l'intensité est probablement accentuée par le dérèglement climatique.

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"L'atmosphère emmagasine de plus en plus d'énergie et de chaleur"

"Ces tempêtes deviennent plus violentes car l'atmosphère emmagasine de plus en plus d'énergie et de chaleur à cause des gaz à effet de serre. On peut dire physiquement et théoriquement que plus on réchauffe la planète, plus ces phénomènes deviennent fréquents et intenses", a estimé jeudi dans le 19h30 de la RTS Omar Baddour, chef de la division "Suivi du climat" à l'Organisation météorologique mondiale.

Depuis le début des mesures, la planète n'a jamais connu de mois de juillet aussi chaud et ce, sur toute la planète, aussi bien sur terre que dans la mer, a d'ailleurs communiqué l'ONU jeudi.

"C'était dans les prévisions du GIEC, qui disait que les vagues de chaleur seraient de plus en plus fréquentes, intenses mais aussi étendues dans l'espace", ajoute Omar Baddour.

"L'ère de l'ébullition mondiale"

Cet été 2023 a donc été particulièrement cruel pour une grande partie de l'Amérique du Nord, de l'Asie, de l'Afrique et de l'Europe. Jeudi, le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres s'est ému de cette situation. "L'ère du réchauffement climatique est terminée. L'ère de l'ébullition mondiale a commencé. L’air est irrespirable, la chaleur est insupportable, le niveau de profit des énergies fossiles est inacceptable, tout comme l'inaction climatique", a-t-il tonné lors d'un discours.

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Le record de juillet 2023 risque pourtant d'être égalé voire détrôné ces prochaines années, selon les experts. La consommation de charbon, qui émet dans l'atmosphère une large part du CO2 responsable du réchauffement de la planète, a par exemple atteint un niveau historique en 2022, et les prévisions pour 2023 s'annoncent également très mauvaises (lire encadré).

Reportage TV: Magali Rochat
Adaptation web: ther avec vic/afp

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La consommation mondiale de charbon atteint de nouveaux records

La consommation mondiale de charbon a touché un "plus haut historique" en 2022 et devrait de nouveau flirter avec un "niveau record" cette année, a indiqué jeudi l'Agence Internationale de l'Energie. La combustion du charbon pour produire de l'énergie ou dans l'industrie émet dans l'atmosphère une large part du CO2 responsable du réchauffement de la planète. L'an dernier, la consommation de charbon "a augmenté de 3,3%, à 8,3 milliards de tonnes", indique le rapport de l'AIE.

Au premier semestre 2023, l'Agence estime à environ 1,5% la croissance de la demande mondiale en charbon, à 4,7 milliards de tonnes. Elle est notamment encouragée par la baisse des cours, revenus au niveau de 2021, souligne l'Agence.

La Chine, l'Inde et l'Asie du sud-est grandes consommatrices

"En 2023 et 2024, les petits reculs enregistrés dans le monde sur l'utilisation du charbon pour alimenter des centrales électriques seront compensés par une augmentation de son utilisation dans l'industrie", alerte encore l'AIE, qui souligne de grandes disparités géographiques. La Chine, l'Inde et l'Asie du sud-est consommeront ainsi ensemble environ trois quart du charbon mondial cette année. L'Europe et l'Amérique du Nord, qui consommaient 40% du charbon mondial il y a une trentaine d'années, ne représentent plus désormais que 10% de la demande.

En Europe, le recours au charbon dans les centrales électriques devrait s'affaiblir encore fortement cette année au fur et à mesure que se développent les énergies renouvelables, qui émettent très peu de gaz à effet de serre, et au fil de la reprise du nucléaire et de l'hydroélectricité.

Recul en Europe et aux Etats-Unis

Depuis le début de l'année, l'Agence estime le recul de la demande de charbon à 16% en Europe et à 24% aux Etats-Unis, où il est accentué par la baisse des prix du gaz naturel. Mais en Chine, et en Inde, les deux principaux pays consommateurs, la consommation a progressé de plus de 5% en six mois.

Sur le plan industriel, le charbon est notamment utilisé par les sidérurgistes pour la fabrication d'acier. Le deuxième sidérurgiste mondial ArcelorMittal, qui a publié ses résultats semestriels jeudi, a indiqué qu'il s'attendait à une croissance de 6 à 8% de la consommation d'acier en Inde cette année. Pour la Chine, il prévoit une quasi-stagnation de la consommation d'acier.