Ignazio Cassis se rend dans la zone Asie-Pacifique, très convoitée

Cette tournée Asie-Pacifique débutera quelques jours après que le chef de la diplomatie américaine Anthony Blinken et le président français Emmanuel Macron auront achevé la leur dans la même zone, sous fond de lutte d'influence entre Washington et Pékin.

Le voyage démarrera mardi en Indonésie avant de se poursuivre à Singapour. Le ministre des affaires étrangères Ignazio Cassis y rencontrera ses homologues Retno Marsudi et Vivian Balakrishnan ainsi que le secrétaire général de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), a indiqué vendredi le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).

La Suisse avait fait savoir son envie de renforcer ses relations dans cette partie du monde quelques mois plus tôt, adoptant pour la première fois une stratégie régionale pour cette zone couvrant la période 2023-26. Elle avait alors souligné l'intérêt économique de l'Asie du Sud-Est, cinquième économie mondiale.

Efforts dans la recherche

Les discussions porteront notamment sur la mise en oeuvre de l'accord de partenariat économique entre l'AELE et l'Indonésie, en vigueur depuis 2021.

La coopération dans le domaine de la recherche, au programme de la stratégie 2023-26, sera également au menu à Singapour, plus important partenaire économique de la Suisse en Asie du Sud-Est. Le pays revêt une grande importance dans le domaine scientifique suisse, précisent les services du département d'Ignazio Cassis.

La recherche helvétique pâtit de la mise à l'écart de la Suisse du programme Horizon suite à l'arrêt en 2021 des négociations avec Bruxelles sur un accord-cadre institutionnel. Cette réalité a poussé le conseiller fédéral Guy Parmelin à aller frapper à la porte de plusieurs Etats hors UE lors du forum économique mondial de Davos. Il avait alors affirmé avoir lancé des discussions avec le Royaume-Uni, le Canada et les Etats-Unis.

Première pour Ignazio Cassis

Un "signal clair" que la collaboration dans le domaine de la recherche et de l'innovation doit encore être renforcée sera aussi envoyé en Australie. Ignazio Cassis se rendra dès le 6 août dans le pays, hôte avec la Nouvelle-Zélande du Mondial de football féminin. Il y rencontrera son homologue Penny Wong.

Le Tessinois est le deuxième ministre des affaires étrangères à effectuer une visite dans le pays après l'ex-conseiller fédéral Didier Burkhalter, qui s'était rendu en Océanie dix ans plus tôt. A l'époque, presque tout était à construire, l'objectif étant de relancer le dialogue entre les deux pays qui avait été négligé. Une déclaration d'entente avait été signée et des rendez-vous diplomatiques réguliers fixés.

Dix ans plus tard, force est de constater que les liens se sont resserrés. Canberra a rouvert l'année dernière l'ambassade australienne en Suisse, fermée depuis 30 ans. Et l'entrée dans les deux pays a été facilitée.

Niue, point stratégique

Le conseiller fédéral achèvera sa tournée dans le Pacifique en Nouvelle-Zélande, où 60 ans de relations diplomatiques seront célébrés. Outre la ministre néo-zélandaise des affaires étrangères Nanaia Mahuta, il rencontrera celle de Niue, une île du Pacifique. La Suisse prévoit "d'établir des relations formelles" avec le pays et ainsi combler une "lacune" dans le réseau diplomatique du pays, dit le DFAE.

L'île, qui se trouve entre les îles Tonga, Samoa et Cook, dispose d'une situation intéressante. Les Etats-Unis, qui ont placé la zone Asie-Pacifique au centre de leur stratégie face à l'influence grandissante de la Chine, viennent d'inaugurer une ambassade aux îles Tonga, tandis que la France a annoncé l'ouverture d'une représentation aux Samoa.

Rencontrer les expatriés

Le but du voyage est également de renforcer les liens avec les habitants de la région issus de la Suisse, assure le DFAE. L'Australie notamment abrite l'une des plus grandes communautés de Suisses de l'étranger, avec quelque 26'100 ressortissants helvétiques enregistrés dans le pays en 2022.

Le contact avec les membres du Conseil fédéral en Océanie est pour le moins espacé, la dernière visite officielle ayant eu lieu en 2013. Un délai justifié par des agendas chargés, la fermeture des frontières décidées durant le Covid ainsi qu'un souci écologique. "Nous préférons compacter plusieurs visites dans une même région afin d'éviter des trajets en avion inutiles", avance Valentin Clivaz, chef médias suppléant du DFAE.

ats/miro