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Londres annonce des "centaines" de nouvelles licences gazières et pétrolières en mer du Nord

Le Premier ministre Rishi Sunak s'adresse aux médias lors de sa visite à l'usine de gaz Shell St Fergus à Peterhead, en Grande-Bretagne, le lundi 31 juillet 2023 [Keystone - Euan Duff]
Londres annonce des "centaines" de nouvelles licences gazières et pétrolières en mer du Nord / La Matinale / 1 min. / le 1 août 2023
Le gouvernement britannique a promis lundi des "centaines" de nouvelles licences d'exploration et d'exploitation pétrolières et gazières en mer du Nord. Cette annonce a provoqué un tollé dans les mieux de défense de l'environnement.

Le programme présenté par Rishi Sunak intervient en plein questionnement, au sein de la majorité conservatrice mais aussi dans l'opposition travailliste, de certaines politiques vertes en raison de leur coût pour les Britanniques, durement frappés par l'inflation.

Rishi Sunak s'oppose également frontalement aux travaillistes, qui, largement donnés en tête en vue des prochaines élections législatives l'année prochaine, veulent mettre fin à l'exploitation pétrolière et gazière en mer du Nord.

"Nous avons tous été témoins de la manière dont (le président russe Vladimir) Poutine a instrumentalisé l'énergie, perturbant les approvisionnement et faisant caler la croissance dans des pays du monde entier", a déclaré le chef du gouvernement conservateur dans un communiqué.

Dépendance aux énergies fossiles

Il a assuré que même quand le Royaume-Uni aura atteint son objectif neutralité carbone en 2050, un quart de ses besoins en énergie proviendra du pétrole et du gaz.

La plateforme pétrolière Cromarty Firth, près d'Invergordon, en Ecosse. [Keystone - EPA/DIAMOND OFFSHORE DRILLING]
La plateforme pétrolière Cromarty Firth, près d'Invergordon, en Ecosse. [Keystone - EPA/DIAMOND OFFSHORE DRILLING]

Le soutien de l'exploitation pétrolière et gazière en Mer du Nord va permettre de soutenir plus de 200'000 emplois, assure Downing Street.

Le gouvernement dévoile en outre deux premiers sites de capture et de stockage de CO2 en Mer du Nord, secteur susceptible de soutenir juqu'à 50'000 emplois, selon Downing Street. Cette technologie est critiquée par certains écologistes comme pouvant servir d'excuse à la poursuite d'exploitation des énergies fossiles.

Visées électoralistes

Les politiques vertes semblent sur la sellette au Royaume-Uni depuis la défaite surprise du Labour face aux conservateurs dans une élection locale de l'ouest de Londres.

Ce résultat -à moins de 500 voix près- a été mis sur le compte de la défiance des électeurs face à l'extension prévue fin août d'une taxe sur les véhicules polluants à l'ensemble du Grand Londres, soit neuf millions d'habitants, et voulue par le maire travailliste Sadiq Khan.

Sous forte pression d'une frange de la majorité, le gouvernement a laissé entendre que certains objectifs environnementaux pourraient être assouplis, notamment sur les normes énergétiques des logements.

Rishi Sunak avait préparé le terrain durant le weekend dans une tribune parue dans le journal conservateur Sunday Telegraph, qualifiant le Labour d'"anti-automobiliste" et se disant "du côté" des ménages qui ont besoin de leur voiture.

Montée des températures

"Nous ferons la transition vers la neutralité carbone", a assuré Rishi Sunak sur les ondes de la BBC en Ecosse. "J'y suis engagé, mais nous le ferons d'une manière proportionnée et pragmatique qui n'ajoute pas nécessairement au fardeau ou aux prix des factures des familles (...), a-t-il ajouté.

Selon un sondage YouGov du printemps, 65% des britanniques se disent inquiets des conséquences du changement climatique, mais ils s'opposent majoritairement à la plupart des mesures qui leur demanderaient un effort personnel.

Le Royaume-Uni subit en tout cas les effets du réchauffement. Un rapport des services météorologiques a averti cette semaine que les températures record de l'été 2022, où les 40°C ont été dépassés, paraîtraient "fraîches" d'ici à la fin du siècle.

afp/nr

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La colère de Greenpeace

Greenpeace a dénoncé un "stratagème politique cynique pour semer la division", dont "le climat est un dégât collatéral". "Alors qu'incendies et inondations dévastent habitations et vies à travers le monde, le gouvernement de Rishi Sunak  a décidé de reculer sur des politiques clé sur le climat", a dénoncé Philip Evans, responsable climat chez Greenpeace Royaume-Uni.