Les feux au Canada sont toujours aussi ravageurs et, malgré l’été qui avance, aucun répit n’est annoncé dans les prochaines semaines. Sur la carte du pays, des points rouges sont répertoriés un peu partout. Ils sont particulièrement nombreux au nord et à l’ouest. Un pompier est mort dans les flammes en fin de semaine dernière en Colombie-Britannique (ouest du pays). Il s'agit du quatrième décès depuis le début des incendies cette année.
Les conséquences sur l'environnement de tels incendies sont colossales: c’est principalement la forêt boréale qui brûle, ce qui libère 10 à 20 fois plus de dioxyde de carbone par unité de zone brûlée que d’autres écosystèmes. Ce gaz à effet de serre relâché dans l’atmosphère contribue au réchauffement de la planète.
"Nouveau régime de feux"
En ce moment, le pays compte plus de 1000 incendies actifs et plus de la moitié sont hors de contrôle. La philosophe Joëlle Zask, maître de conférences à l’Université d’Aix-Marseille et autrice de l'essai "Quand la forêt brûle", parle d'un nouveau type d'incendies.
"Ce n'est pas un feu de forêt normal. Je pense que c'est vraiment un nouveau régime de feux, car aucune de nos techniques n'est suffisante pour les contrer et les éteindre. On voit donc que ces feux-là sont véritablement inextinguibles", a-t-elle observé mercredi dans La Matinale de la RTS.
"Les propriétés inédites de ces feux sont en train d'être étudiées. Ils ont par exemple la capacité de revenir sur leurs pas, de brûler les sols et de circuler à l'intérieur des sols en longeant les racines. Ils peuvent aussi réapparaître à des endroits où on ne les attendait pas. Ils génèrent leur propre climat", détaille Joëlle Zask.
On continue à "être profondément choqué"
Pour la philosophe, les incendies sont les pires catastrophes naturelles pour le mental d'un être humain. "Contrairement à d'autres catastrophes naturelles, le feu détruit tout sur son passage et ça, d'un point de vue psychologique ou personnel, c'est impossible à encaisser."
Au Canada, mais aussi en Grèce, en Sicile ou encore au Portugal, les étés se suivent et se ressemblent sur ces événements climatiques tragiques. Est-on en train de s'y habituer? Pas si sûr, postule Joëlle Zask.
"Je pense que l'on peut s'habituer à l'image des feux quand on les regarde à la télévision par exemple. Mais si nous y sommes confrontés ou si nous connaissons une personne qui l'est, je pense que l'on est profondément choqué et qu'il n'y a pas d'habituation possible. [...] L'incendie atteint les gens et les peuples au coeur de leur construction de soi, au coeur de tout ce qu'ils ont imaginé, élaboré, construit ou transmis. Le feu est symboliquement source de violence et on ne peut pas être indifférent à ça. C'est notre culture!", note-t-elle.
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Sujet radio: Justine Leblond
Adaptation web: juma