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La délégation ouest-africaine part du Niger sans avoir rencontré le chef des putschistes

La délégation ouest-africaine part du Niger sans avoir rencontré le général Tiani. [KEYSTONE - ISSIFOU DJIBO]
Au Niger, les putschistes dénoncent des accords militaires conclus avec la France / Le Journal horaire / 34 sec. / le 4 août 2023
La délégation ouest-africaine dépêchée au Niger en est repartie dans la nuit de jeudi à vendredi, au bout de quelques heures, sans avoir rencontré le chef de la junte au pouvoir qui a souhaité rompre sa coopération militaire avec la France.

Tard jeudi, dans un communiqué lu à la télévision, les putschistes ont dénoncé "les accords de coopération dans le domaine de la sécurité et de la défense avec la France", dont un contingent militaire de 1500 soldats est déployé au Niger pour la lutte antiterroriste dans ce pays miné par les violences djihadistes.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, la délégation de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (Cédéao), venue pour trouver une solution diplomatique à la crise, a quitté Niamey, sans avoir rencontré ni le chef de la junte, le général Abdourahamane Tiani, ni le président déchu Mohamed Bazoum.

Intervention militaire en jeu

Cet échec survient à deux jours de la date butoir donnée par l'organisation régionale pour rétablir l'ordre constitutionnel.

La Cédéao, qui a imposé de lourdes sanctions à Niamey, a donné jusqu'à dimanche aux putschistes pour rétablir dans ses fonctions le président Mohamed Bazoum renversé le 26 juillet, sous peine d'utiliser "la force".

Une réunion des chefs d'état-major de la Cédéao doit s'achever vendredi après-midi à Abuja, alors que plusieurs armées ouest-africaines, dont celle du Sénégal, se disent prêtes à envoyer des soldats si une intervention militaire était décidée.

Les putschistes ont promis une "riposte immédiate" à "toute agression" de la part d'un pays de la Cédéao.

"Rétablir l'ordre constitutionnel"

Le président déchu Mohamed Bazoum s'est de son côté exprimé jeudi soir, dans une tribune publiée par le quotidien américain Washington Post. Il a mis en garde contre les conséquences "dévastatrices" du coup d'Etat pour le monde et le Sahel, qui pourrait passer, selon lui, sous l'"influence" de la Russie par le biais du groupe paramilitaire Wagner.

"J'appelle le gouvernement américain et l'ensemble de la communauté internationale à aider à restaurer l'ordre constitutionnel", écrit-il, "à titre d'otage", dans cette déclaration.

Si les relations sont tendues entre la junte et le bloc ouest-africain, elles le sont aussi de plus en plus avec la France, ancienne puissance coloniale.

Outre la dénonciation des accords militaires, l'ambassadeur nigérien à Paris a été limogé par les putschistes, tout comme ceux aux Etats-Unis, au Togo et au Nigeria.

Programme de RFI et France 24 suspendus

Jeudi, les programmes de Radio france internationale (RFI) et de la chaîne de télévision d'information France 24 ont été interrompus au Niger, "une décision prise hors de tout cadre conventionnel et légal", selon la maison-mère des deux médias, France Médias Monde.

Les signaux ont été coupés "sur instructions des nouvelles autorités militaires", a indiqué à un haut fonctionnaire nigérien.

La France a condamné "très fermement" cette décision, ainsi que l'Union européenne vendredi matin.

RFI et France 24 sont déjà suspendus au Burkina Faso et au Mali voisins, où les militaires nigériens au pouvoir ont envoyé des délégations mercredi.

afp/vajo

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L'UE condamne "fermement" la suspension de France 24 et RFI

L'Union européenne a jugé vendredi "inacceptable" la suspension de la diffusion des médias France 24 et RFI au Niger, et condamné "fermement" ces "violations aux libertés fondamentales".

Radio France internationale (RFI) et la chaîne France 24 sont inaccessibles depuis jeudi au Niger, où un coup d'Etat militaire a renversé le président élu Mohamed Bazoum. "Cette mesure est une atteinte grave au droit à l'information et à la liberté d'expression", a indiqué une porte-parole de la Commission sur Twitter, rebaptisé "X".

Levée du couvre-feu

"Le couvre-feu instauré depuis le 26 juillet 2023 est officiellement levé à compter de ce jour", indique ce décret daté de jeudi soir et signé par le général Abdourahamane Tiani, président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) qui a pris le pouvoir.

Le couvre-feu avait dans un premier temps été instauré de 23h00 à 06h00, puis ensuite allégé de 01h00 à 06h00 GMT.

Mardi, le CNSP avait annoncé la réouverture des frontières terrestres et aériennes également décidées le 26 juillet, pour cinq pays seulement, l'Algérie, le Burkina Faso, la Libye, le Mali et le Tchad.

Le Kremlin juge qu'une intervention étrangère ne résoudra pas la crise

Une intervention étrangère ne permettra pas de résoudre la crise au Niger, pays sahélien déstabilisé par un coup d'Etat, a estimé vendredi le Kremlin, au moment où le président déchu Mohamed Bazoum a appelé Washington et la communauté internationale à agir.

"Il est peu probable que l'intervention de forces extra-régionales puisse améliorer la situation", a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, tout en appelant au "retour rapide à l'ordre constitutionnel" au Niger.