"Les autorités grecques, avec le soutien et sous la surveillance de la communauté internationale, doivent veiller à ce qu'une enquête transparente soit menée, afin d'apporter justice et réparations aux survivants et aux familles des victimes et d'amener les responsables à rendre des comptes", déclare Judith Sunderland, directrice adjointe du programme Europe et Asie centrale à Human Rights Watch, dans un communiqué.
Dans la nuit du 13 au 14 juin, un chalutier vétuste et surchargé parti de Libye a fait naufrage au large de la Grèce. L'embarcation transportait environ 750 personnes dont seulement une centaine ont survécu. Seuls 82 corps ont été récupérés.
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Des poursuites ont été engagées en Grèce contre neuf Egyptiens, les passeurs présumés, placés en détention. Une enquête est aussi réalisée par le Tribunal naval grec sur le rôle des garde-côtes, accusés par des rescapés d'avoir manqué de volonté pour les sauver, voire d'avoir provoqué le naufrage en tentant de tracter leur embarcation avec une corde.
"Les disparités entre les récits des survivants du naufrage de Pylos et la version des autorités sur les événements sont extrêmement inquiétantes", estime Judith Sunderland.
Grèce épinglée par le Conseil de l'Europe
Fin juillet, le Conseil de l'Europe, vigie des droits de l'Homme sur le continent, a également appelé la Grèce à clarifier le rôle de ses gardes-côtes.
Les enquêtes ouvertes par les autorités grecques "ne sauraient se limiter au rôle des passeurs présumés et doivent clarifier les responsabilités de tous, y compris les membres des gardes-côtes dont le rôle dans le naufrage a été mis en cause par plusieurs survivants", a écrit la commissaire aux droits de l'Homme Dunja Mijatovic, dans une lettre datée du 19 juillet.
"Le naufrage du 14 juin n'est malheureusement pas un incident isolé", ajoute la commissaire. "Je vous demande de faire en sorte que la Grèce respecte ses obligations internationales en matière de recherche et de sauvetage".
L'agence européenne des frontières de l'UE, Frontex, a affirmé fin juin qu'Athènes avait ignoré une offre de soutien aérien, après avoir alerté les autorités grecques le jour du drame.
La Grèce dénonce "des arrières-pensées politiques"
Amnesty International et Human Rights Watch, tout comme la responsable du Conseil de l'Europe, appellent par ailleurs Athènes à retrouver les corps des personnes ayant péri, à les identifier et à les enterrer et à garantir l'accueil et les demandes d'asile des survivants.
En réponse, le ministre grec des Migrations Dimitris Kairidis a souligné, dans une lettre, qu'une enquête était en cours sur le rôle des gardes-côtes, tout en assurant que ces derniers avaient secouru 245'000 migrants depuis 2015.
Il a rejeté les critiques "avec des arrière-pensées politiques" émanant, selon lui, des "défenseurs d'une politique d'ouverture des frontières".
vajo avec agences