Modifié

Coup d'envoi raté pour la première grande compétition de natation dans la Seine à Paris

La première grande compétition de nage en eau libre dans la Seine à Paris a été reportée pour cause de pollution. [Keystone/EPA - Teresa Suarez]
La première épreuve de natation en eau libre dans la Seine à Paris a été reportée / Le Journal horaire / 29 sec. / le 5 août 2023
Les épreuves de Coupe du monde de natation en eau libre prévues samedi et dimanche dans la Seine à Paris ont été annulées en raison de la pollution du fleuve. Les fortes pluies récentes sur la capitale française ont fait déborder les égouts et la qualité de l'eau est insuffisante. Or, dans un an, le fleuve doit accueillir des épreuves des Jeux olympiques...

Nageront, nageront pas? Jusqu'à dimanche matin, les participants à la compétition n'ont pas pu savoir si la Seine serait suffisamment propre ou non pour s'y plonger.

La tenue de cette épreuve de Coupe du monde de natation en eau libre - entre le pont Alexandre III et le pont de l'Alma, soit 10 km nagés en boucle - était particulièrement suivie, car elle fait figure d'épreuve-test pour les JO de Paris dans un an. Elle devait notamment servir à roder parcours et équipements.

Premier report samedi

Dans un premier temps, l'entraînement du vendredi avait été annulé, puis l'épreuve féminine prévue samedi reportée à dimanche, le même jour que l'épreuve masculine. Du côté de la Fédération française de natation (FFN), on espérait une amélioration de dernière minute.

"La qualité de l'eau de la Seine reste [...] en dessous des normes acceptables pour la sauvegarde de la santé des nageurs", a écrit vendredi la FFN. Samedi, elle a indiqué continuer à la suivre de près, promettant une décision définitive dimanche vers 5h du matin.

La promesse a bien été tenue, mais l'issue n'a pas été celle souhaitée: après une ultime réunion nocturne à 4h, le comité d'organisation et World Aquatics ont finalement annoncé au petit matin l'annulation complète de la compétition après avoir consulté les derniers résultats d'analyse d'eau dans la nuit.

Un prélèvement effectué dans la Seine vendredi 4 août, la veille de l'épreuve féminine prévue. [afp - Bertrand Guay]
Un prélèvement effectué dans la Seine vendredi 4 août, la veille de l'épreuve féminine prévue. [afp - Bertrand Guay]

Taux d'E.Coli trop élevé

Ce scénario de pluies persistantes pendant plusieurs jours, aux accents orageux, était redouté par les organisateurs. Ces fortes pluies font en effet déborder les égouts et l'eau vient souiller la Seine.

Cette "dégradation temporaire de la qualité de l'eau", selon la préfecture de l'Ile de France, se traduit par la hausse du taux d'un polluant très scruté, la bactérie intestinale Escherichia coli. World Aquatics impose pour cette bactérie un taux inférieur à 1000 UFC pour 100 ml pour que la compétition puisse avoir lieu. Or, dimanche matin, la dernière analyse officielle de l'eau - prélevée 24 heures plus tôt dans la Seine - s'est établie à 1300 UFC/100 ml pour E.Coli.

Rendez-vous manqué de peu?

Pour l'adjoint aux Sports de la mairie de Paris Pierre Rabadan, la déception est d'autant plus vive qu'il fait état de relevés instantanés "qui ne font pas partie du processus d'analyses de la Fédération internationale" et qui indiqueraient que, dimanche matin, "la qualité de l'eau était bonne et le chiffre en dessous de 1000".

"On ne saura que demain [soit lundi] si finalement, à l'instant T [c'est-à-dire au début de la compétition prévue dimanche à 7h30], la qualité de l'eau était baignable ou non", a-t-il ajouté. "Cette annulation se joue sans doute à quelques heures", a renchéri le secrétaire général aux politiques publiques de la préfecture de région Ile-de-France Pierre-Antoine Molina.

Baignade promise pour tous en 2025

Les compétitions de ce week-end étaient aussi des préludes aux futures trempettes promises pour 2025 sur trois sites par la maire de Paris Anne Hidalgo (PS), alors que la baignade dans la Seine est interdite dans la capitale depuis 1923.

"Le territoire francilien a subi les plus fortes précipitations estivales enregistrées sur ces 20 dernières années", relevait la mairie de Paris vendredi soir dans un communiqué. Elle y détaille tous les travaux engagés pour le "plan baignade" de l'Etat et de la Ville, qui devraient venir améliorer la situation.

>> Lire à ce sujet : On pourra nager dans la Seine, en plein Paris, en 2025

Agences/Vincent Cherpillod

Publié Modifié

Le comité d'organisation des JO se veut rassurant

Jeudi soir, le comité d'organisation des JO, la mairie de Paris et la préfecture de la région Ile-de-France se sont voulus rassurants. Selon eux, à "un an des Jeux, la dynamique d'assainissement se poursuit avec l'achèvement des travaux les plus significatifs d'amélioration de la qualité de l'eau dans les prochains mois, en particulier pour faire face à ces évènements météorologiques exceptionnels".

Parmi les chantiers de l'Etat et des collectivités en vue de l'an prochain figurent notamment des ouvrages comme le bassin d'Austerlitz, encore en construction, qui va permettre de stocker des eaux pluviales (50'000 m3) et fonctionner dès 2024. En outre, pour l'épreuve olympique, les organisateurs ont prévu de longue date de pouvoir décaler les épreuves de deux ou trois jours en cas d'orages et de fortes pluies.

Prochain rendez-vous dans la Seine fin août

Discipline olympique depuis 2008, la natation en eau libre fait régulièrement parler d'elle. À Tokyo, à l'issue de l'épreuve-test en 2019, les nageurs avaient protesté contre la qualité de l'eau de la baie de Tokyo, de surcroît surchauffée.

Du 17 au 20 août, une autre compétition est prévue dans la Seine: un triathlon, là aussi en présence d'athlètes de haut niveau. Une nouvelle déconvenue sur ce test pourrait s'avérer préoccupante pour les organisateurs et pour la Ville de Paris.