Secrétaire perpétuel de l'Académie Française (au masculin, lire en encadré) depuis 1999, elle est l'auteur de plusieurs biographies dont celles de Lénine, Staline ou Catherine II.
Elle fait en 1978 une entrée fracassante dans l'édition avec "L'Empire éclaté", où elle prédit, avant beaucoup d'autres, l'éclatement de l'URSS confrontée au problème des minorités.
Membre depuis 1990 de l'Académie française, où elle fut la troisième femme admise, Hélène Carrère d'Encausse a également eu une carrière politique. Elle a notamment été élue au Parlement européen en juin 1994, sur une liste de droite UDF-RPR.
Des origines plurielles
Née à Paris le 6 juillet 1929, elle était la fille d'une Italienne et d'un philosophe géorgien émigré en France, Georges Zourabichvili (qui sera plus tard assassiné).
Ayant de racines autrichiennes, allemandes et italiennes, elle compte parmi ses ancêtres de grands serviteurs de l'Empire russe et des résistants à ce même Empire.
Elle acquiert la nationalité française en 1950 et épouse, deux ans plus tard, Louis Carrère, dit Carrère d'Encausse, un assureur avec lequel elle a trois enfants, dont l'écrivain Emmanuel Carrère, qui a évoqué sa famille dans son livre "Un roman russe".
"Une grande dame des Lettres et des Arts"
Après l'annonce de sa mort, le président français Emmanuel Macron a salué sur X (ex-Twitter) "le legs immortel" d'une "historienne majeure", "attachée à la patrie qui l'a vue grandir, à sa langue et à son patrimoine".
"C'était une grande dame des Lettres et des Arts", a de son côté souligné l'ex-ministre de la Culture Jack Lang, actuel président de l'Institut du monde arabe.
ats/ami/vic
Opposée à la féminisation du français
Membre depuis 1990 de l'Académie française, une institution qui a mis des années à s'ouvrir timidement aux femmes, Hélène Carrère d'Encausse s'est opposée à la féminisation de la langue française et plus globalement à l'écriture inclusive. Ainsi, le point médian lui paraissait "stupide".
"Je me lis moi-même à voix haute, toujours, un livre que je commence, pour me rendre compte de la musique de la langue. On lit en silence, mais je pense qu'il est bon d'entendre l'auteur. Vous ne pouvez pas lire à voix haute avec le point médian", avait-elle dit en 2022.
"Ça n'émancipe rien du tout"
Doubler les masculins avec le féminin ("celles et ceux" au lieu de "ceux" seulement, par exemple) lui était également insupportable. "Honnêtement, qu'est-ce que ça apporte aux femmes, 'celles et ceux'? Ça n'émancipe rien du tout", défendait-elle.
Elle avait aussi précisé peu après son accession à ce poste qu'il faudrait l'appeler "Madame le Secrétaire perpétuel", sans féminiser la fonction, car selon elle "il n'y a qu'un seul Secrétaire perpétuel depuis trois siècles et demi. C'est cette idée de continuité qui doit prévaloir. C'est une lignée qui se poursuit".