Philippe Achilleas: "Elon Musk reste sous contrôle de l'Etat américain" dans le domaine des satellites
Plus de la moitié des satellites actifs sont détenus par une seule entreprise: SpaceX, propriété d'Elon Musk. Doit-on craindre la mainmise de l'excentrique milliardaire sur ces appareils dont l'humanité dépend toujours plus? Selon Philippe Achilleas, il existe des garde-fous: le droit et les dépenses de l'Etat américain.
La société aéronautique SpaceX a lancé quelque 5000 satellites depuis 2019 et a demandé l'autorisation d'en opérer plus de 40'000. "On considère qu'en Europe, chaque citoyen utilise 47 satellites par jour. Ces services sont devenus essentiels pour l'organisation de notre société", a indiqué dimanche dans Forum Philippe Achilleas, le directeur de l'Institut du droit de l'espace et des télécommunications.
Ces données signifient-elles qu'Elon Musk est tout puissant? Pas forcément, car un cadre légal existe pour l'espace, rappelle Philippe Achilleas.
"Un traité international signé en 1967 pose le principe de responsabilité et de contrôle des Etats", indique celui qui est également professeur de droit à l'Université Paris-Saclay. "C'est-à-dire qu'Elon Musk est toujours sous contrôle de l'Etat américain. Il est sous licence américaine. Pour exploiter des satellites, il faut aussi des autorisations et un enregistrement à l'Union internationale des communications à Genève. Il y a un contrôle assuré par le droit", relève-t-il.
![Une fusée Falcon 9 de SpaceX décolle du centre spatial Kennedy à Cap Canaveral, en Floride, avec à son bord 53 satellites internet Starlink, le 18 mai 2022. [Reuters - Joe Skipper]](https://img.rts.ch/info/2023/image/olgn50-28069459.image?mw=1280 "Une fusée Falcon 9 de SpaceX décolle du centre spatial Kennedy à Cap Canaveral, en Floride, avec à son bord 53 satellites internet Starlink, le 18 mai 2022. [Reuters - Joe Skipper]")
Un lien gouvernemental qui lui assure un succès commercial
En plus du cadre légal, le gouvernement américain dispose d'un autre levier de contrôle: "Elon Musk dépend beaucoup des contrats publics passés avec les autorités américaines, notamment la NASA", pointe Philippe Achilleas. "Il est donc lié à ces contrats, qui font son succès commercial", soulève l'expert.
En contrepartie, l'Etat américain s'appuie sur la puissance des entreprises d'Elon Musk, ce qui garantit au pays "un certain contrôle de l'espace". Le secteur public ne suffit en effet pas à la poursuite des ambitions étatsuniennes, explique le spécialiste.
Deux acteurs qui dépendent l'un de l'autre
"Les Américains [leurs autorités, ndlr] sont obligés de se tourner vers le privé. Ils ont trouvé en Elon Musk, mais aussi en Jeff Bezos, des alliés qui deviennent indispensables à la poursuite de la politique spatiale américaine", assure-t-il. En résumé: Washington et le patron de SpaceX se tiennent par la barbichette.
Elon Musk pourrait échapper au contrôle des autorités, mais cette hypothèse est peu probable, estime Philippe Achilleas, le milliardaire restant en définitive "lié par le droit et l'argent au gouvernement américain".
Propos recueillis par Cynthia Gani
Adaptation web: Antoine Michel
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