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Au Niger, la junte ferme l'espace aérien "face à la menace d'intervention qui se précise"

Fin de l’ultimatum au Niger: le pays est toujours dans l’incertitude
Fin de l’ultimatum au Niger: le pays est toujours dans l’incertitude / 12h45 / 1 min. / le 7 août 2023
Le Niger a fermé dimanche soir son espace aérien "face à la menace d'intervention qui se précise à partir des pays voisins" et alors qu'un ultimatum lancé par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest expirait à minuit. Aucun déploiement de troupes n'a toutefois été observé lundi.

L'espace aérien nigérien est fermé "jusqu'à nouvel ordre", a indiqué dimanche soir le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), l'organisation militaire qui a pris le pouvoir au Niger, peu avant la fin de l'ultimatum.

Ce dernier avait été lancé le 30 juillet par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) aux putschistes. Ils avaient jusqu'à minuit dimanche pour rétablir le président Mohamed Bazoum, sous peine d'une intervention armée.

>> Lire à ce sujet : A quelques heures de la fin de l'ultimatum, le spectre d'une intervention militaire plane au Niger

Le CNSP précise dans son communiqué que "toute tentative de violation de l'espace aérien" entraînera "une riposte énergique et instantanée". Il affirme également que des préparatifs à une intervention avaient été faits "dans deux pays d'Afrique centrale", sans préciser lesquels. "Tout Etat impliqué sera considéré comme cobelligérant", ajoute-t-il.

Les frontières terrestres et aériennes du Niger avec cinq pays frontaliers (l'Algérie, le Burkina Faso, la Libye, le Mali et le Tchad) avaient été rouvertes le 2 août, près d'une semaine après leur fermeture lors du coup d'Etat du 26 juillet.

Soutien du Burkina Faso et du Mali

De leur côté, les dirigeants de la Cedeao ont annoncé lundi qu'ils se réuniront jeudi à Abuja pour un "sommet extraordinaire" sur le Niger. Lundi matin, aucun déploiement de troupe n'était observé au Niger et le calme régnait dans la capitale.

Le coup d'Etat a été condamné par l'ensemble des partenaires occidentaux et africains du Niger, mais les militaires nigériens ont reçu le soutien de leurs homologues du Mali et du Burkina Faso - également arrivés au pouvoir par des putschs en 2020 et 2022 et eux aussi confrontés à la violence djihadiste - qui affirment qu'une intervention au Niger serait une "déclaration de guerre" à leurs deux pays.

L'armée malienne a annoncé lundi l'envoi à Niamey par le Mali et le Burkina Faso d'une délégation officielle conjointe en "solidarité" avec le Niger, théâtre fin juillet d'un coup d'Etat militaire et sous la menace d'une intervention militaire ouest-africaine.

Inquiétudes en Europe

"Les discussions de médiation se poursuivent", a assuré un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères. Il n'y a, selon lui, "pas d'automatisme" entre la fin de l'ultimatum de la Cedeao et une intervention armée au Niger.

L'Italie a aussi communiqué sur la situation. Son ministre des Affaires étrangères a notamment espéré que l'ultimatum serait prolongé. "L'Europe ne peut pas se permettre un affrontement armé, nous ne devons pas être vus comme de nouveaux colonisateurs", a-t-il assené lundi dans la presse.

"Il n'est pas dit qu'on ne trouvera pas d'autre solution que la guerre", espère-t-il. "Au contraire, nous devons créer une nouvelle alliance avec les pays africains, qui ne soit pas basée sur l'exploitation".

Éviter l'embrasement du Sahel

La perspective d'une intervention militaire ouest-africaine n'inquiète pas qu'en Europe. Samedi, les sénateurs du Nigeria, poids lourd de la Cedeao qui partage 1500 kilomètres de frontière avec le Niger, ont appelé le président Bola Tinubu à "renforcer l'option politique et diplomatique".

Samedi soir, l'Algérie, acteur majeur dans le Sahel qui partage près de 1000 kilomètres de frontière avec le Niger, a également émis des réserves. Le président Abdelmadjid Tebboune a estimé à la télévision publique qu'une intervention serait "une menace directe" pour son pays. "Il n'y aura aucune solution sans nous", a-t-il ajouté, craignant que "tout le Sahel s'embrase" en cas d'intervention.

"Il faut empêcher le scénario catastrophique d'une guerre", a alerté de son côté un collectif de chercheurs et de spécialistes du Sahel dans une tribune publiée samedi soir dans le quotidien français Libération. "Une guerre de plus au Sahel n'aura qu'un vainqueur: les mouvements djihadistes qui depuis des années construisent leur expansion territoriale sur la faillite des Etats", écrivent-ils.

"Rétablir l'ordre constitutionnel"

La Cedeao et les pays occidentaux réclament un retour à l'ordre constitutionnel et la libération du président Mohamed Bazoum, retenu prisonnier depuis le putsch.

"Nous condamnons la tentative de coup d'Etat au Niger qui constitue une grave menace pour la paix et la sécurité dans la sous-région", a déclaré dimanche soir le président ivoirien Alassane Ouattara. Il a jugé "essentiel" de "rétablir l'ordre constitutionnel" et de "permettre au président Bazoum démocratiquement élu d'exercer librement ses fonctions".

Une position identique à celle de la France, ancienne puissance coloniale dans la région, qui a apporté samedi son soutien à la Cedeao. Les militaires putschistes ont dénoncé des accords de coopération militaire et sécuritaire avec Paris, qui déploie au Niger 1500 soldats pour la lutte antiterroriste. Mais la France n'en a pas tenu compte.

agences/ami/iar

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Gros rassemblement dimanche en soutien au putsch

Dimanche dans l'après-midi, quelque 30'000 partisans du coup d'Etat, dont beaucoup brandissaient des drapeaux du Niger, du Burkina Faso et de la Russie, se sont livrés à une démonstration de force dans le plus grand stade du Niger à Niamey. "Aujourd'hui, c'est le jour de notre véritable indépendance!", criait notamment un jeune homme.

Le général Mohamed Toumba, numéro trois du CNSP, y a pris la parole pour dénoncer ceux "qui sont tapis dans l'ombre" et qui "sont en train de manigancer la subversion" contre "la marche en avant du Niger". "Nous sommes au courant de leur plan machiavélique", a-t-il dit.

Mohamed Toumba, l'une des figures de proue du CNSP, salue des partisans du coup d'État au Niger rassemblés dans un stade de la capitale Niamey. [AFP - Balima Boureima / Anadolu Agency]
Mohamed Toumba, l'une des figures de proue du CNSP, salue des partisans du coup d'État au Niger rassemblés dans un stade de la capitale Niamey. [AFP - Balima Boureima / Anadolu Agency]

Swiss s'adapte à la fermeture de l'espace aérien au Niger

La compagnie aérienne Swiss a adapté l'itinéraire de son vol aller-retour entre Zurich et Johannesburg (Afrique du Sud) après la fermeture de l'espace aérien au Niger. Les vols de dimanche ont été effectués via le Mali. La durée du vol a ainsi été prolongée d'une heure.

Les passagers dont les correspondances n'ont ainsi pas pu être assurées ont été transférés sur des liaisons alternatives, a indiqué Swiss lundi. Il n'existe pas de liaison directe entre Zurich et le Niger.

La France suspend son aide au Burkina Faso

La France a décidé de suspendre "jusqu'à nouvel ordre toutes ses actions d'aide au développement et d'appui budgétaire" au Burkina Faso, a annoncé dimanche soir le ministère français des Affaires étrangères.

Cette annonce est prise alors que le Burkina Faso et le Mali se sont déclarés solidaires des militaires ayant pris le pouvoir au Niger. La France soutient, elle, les pays de la Cédéao dans leurs efforts pour rétablir le président Mohamed Bazoum. Ce dernier est retenu prisonnier depuis la tentative de putsch le 26 juillet.

Les projets en cours de l'Aide française au développement en faveur du Burkina Faso représentent 482 millions d'euros tandis que l'aide budgétaire programmée en 2022 s'élève à 13 millions, a indiqué le Quai d'Orsay.

Relations dégradées

Les relations entre la France et le Burkina se sont dégradées depuis l'arrivée au pouvoir par un coup d'Etat en septembre 2022 du capitaine Ibrahim Traoré. Le 18 janvier, les autorités burkinabaises avaient demandé le départ, dans un délai d'un mois, de la force française Sabre au Burkina Faso.

La France avait acté ce départ, mais n'avait pas suspendu son aide au développement et son aide budgétaire, comme elle l'avait fait pour le Mali. En revanche, le 29 juillet, trois jours après la tentative de putsch au Niger, Paris a suspendu toutes ses actions d'aide au développement et d'appui budgétaire au Niger.