Quelques jours après une victoire écrasante aux élections législatives controversées de juillet, Hun Sen, âgé de 70 ans, a annoncé démissionner de son poste de Premier ministre au bénéfice de son fils de 45 ans.
Le scrutin a été largement qualifié de simulacre de démocratie après l'exclusion de la principale force d'opposition, le Parti de la bougie, quelques semaines avant le vote pour ne pas s'être enregistré correctement auprès de la commission électorale.
Le Parti du peuple cambodgien (CPP) au pouvoir a remporté 120 des 125 sièges de la chambre basse.
Un vote de confiance assuré
Faisant suite à une demande de Hun Sen, le roi Norodom Sihamoni "nomme le Dr Hun Manet Premier ministre du Royaume du Cambodge pour le 7e mandat du Parlement", selon un décret royal publié lundi.
Reste maintenant à Hun Manet et à son gouvernement la formalité d'obtenir, le 22 août, un vote de confiance au Parlement, ce qui devrait être une formalité.
La quasi-totalité des nouveaux députés sont issus du CPP (120 sur 125) et sont totalement acquis à la cause de Hun Sen.
Une corruption endémique
Arrivé au pouvoir en 1985, ce dernier est accusé d'avoir fait reculer les libertés fondamentales et utilisé le système judiciaire pour museler ses adversaires, jetés par dizaines en prison au cours de ses mandats.
Ses détracteurs affirment que son règne a également été marqué par la destruction de l'environnement et une corruption endémique.
Le Cambodge est classé 150e sur 180 dans l'indice de perception de la corruption de l'ONG Transparency International. En Asie, seules la Birmanie et la Corée du Nord sont moins bien classés.
Pas de changement radical attendu
Hun Manet, général quatre étoiles, s'est formé en Grande-Bretagne et à l'académie militaire américaine de West Point. Il dirigeait l'armée de terre cambodgienne depuis 2018.
Sebastian Strangio, auteur d'un ouvrage sur le Cambodge sous Hun Sen, estime que Hun Manet a assez "peu démontré qu'il allait faire plus que des changements cosmétiques au système politique actuel".
Sans le soutien de son père, il n'est pas sûr qu'il puisse apporter du changement même s'il le voulait.
Il ne s'est pas encore frotté à l'arène politique, remarquait aussi ce mois-ci l'analyste Ou Virak, jugeant que le futur dirigeant, marié et père de deux filles et un garçon, a surtout été élevé à la petite cuillère, et que celle-ci était dorée.
afp/ther