Pour les municipalités américaines, l'été 2023 ne sera pas sans conséquence. Selon la maire démocrate de Phoenix Kate Gallego, le mois de juillet de cette année restera dans les annales.
"L'été est toujours une période difficile pour nous, mais cette année, on a battu des records et c'était particulièrement difficile", déclare-t-elle, tout en estimant que sa ville restera en première ligne du réchauffement climatique.
Mesures d'urgence
Dès le début de cette vague de chaleur extrême, les autorités de Phoenix ont mis en place des mesures d'urgence. A commencer par organiser des distributions d'eau potable. Ensuite, des centres climatisés ont été ouverts un peu partout dans la ville. Les bibliothèques municipales ont également été mises à contribution pour accueillir les gens au frais. Enfin, les habitants ont été appelés à éviter les activités extérieures pour prévenir les insolations et les malaises.
Les habitants de Phoenix, ville située en plein désert, ont l'habitude d'avoir chaud. Mais c'est la première fois que la canicule dure aussi longtemps à des températures aussi élevées. Au point que même les cactus du jardin botanique ont souffert…
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Toitures repeintes
Les étés de plus en plus chauds ont également poussé les autorités municipales à créer, il y a un an, un service dédié à la lutte contre la chaleur, une première dans le pays.
"Si on prend une image thermique de la ville depuis l'espace ou depuis un hélicoptère, on se rend compte qu'il y a deux zones chaudes: les rues et les toits", explique le directeur de ce bureau David Hondula, interrogé par la chaîne NBC.
Une vaste opération est ainsi en cours pour repeindre les toits avec une matière qui réfléchit les rayons du soleil. Avec son équipe, David Hondula est ainsi en train de réorganiser toute la ville pour la rendre plus efficace face aux températures.
"Nous avons installé plus de 160 kilomètres de chaussée refroidissante. Nous accordons une grande importance à l'augmentation des plantes, particulièrement les plantes adaptées au désert, qui tolèrent bien la sécheresse, les plantes indigènes à cette région qui, je pense, sont vraiment le coeur de cette initiative pour créer une forêt urbaine", développe David Hondula.
New York se met au vert
Phoenix n'est pas la seule ville américaine à avoir suffoqué. D'autres agglomérations américaines s'activent pour trouver une parade à ces fournaises toujours plus fréquentes.
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A New York, la mairie s'est fixé un objectif: faire en sorte que 30% de la surface de la ville soient dédiés aux espaces verts. Quitte à installer des jardins sur les toits des gratte-ciels. En effet, des études prouvent que ces zones retiennent moins la chaleur.
En Californie, qui fait face depuis plusieurs années à une sécheresse sans précédent et des incendies ravageurs, les autorités se sont associées aux tribus amérindiennes pour puiser dans un savoir-faire ancestral. Par exemple en encourageant les feux préventifs, une tradition amérindienne qui permet, notamment, d'éliminer de manière contrôlée du combustible.
Joe Biden veut agir
La lutte contre la chaleur est également devenue une des priorités de la Maison Blanche. Il y a quelques jours, Joe Biden a annoncé de nouvelles mesures, expliquant que si rien n'est entrepris, la chaleur continuera à avoir un coût humain et matériel.
"La plupart des gens ne réalisent pas que, depuis des années, la chaleur est la première cause de décès liés au climat. Six cents personnes en meurent chaque année dans notre pays. C'est davantage que les tornades, les inondations et les ouragans. Même ceux qui continuent de nier la crise climatique ne peuvent nier l'impact de cette chaleur extrême sur les Américains. Les experts disent que cette chaleur extrême nous coûte déjà un milliard de dollars par an", a déclaré le président américain.
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La question des inégalités sociales
Les premières victimes de ces chaleurs aux Etats-Unis sont les communautés les plus défavorisées: les seniors, les SDF, les populations démunies…
A Phoenix, Stacey Champion se bat depuis plus de 15 ans pour que la ville investisse dans les quartiers pauvres, souvent ceux qui ne disposent pas de parcs, d'arbres et de centres climatisés.
"Prenez n'importe quelle ville. Si vous avez, disons, un millier de gens riches qui meurent chaque année de la même chose prévisible, tout le monde serait vent debout! On est ce pays riche qui a misérablement échoué à protéger nos communautés les plus vulnérables", lance l'activiste.
A l'heure actuelle, chaque ville finance elle-même ses propres initiatives. Cela crée forcément des inégalités en leur sein, entre les riches et les pauvres, entre les différentes cités, voire entre les Etats.
Une politique nationale réclamée
A l'heure actuelle, il n'y a pas de véritable politique au niveau national. Selon Stacey Champion, par exemple, le gouvernement fédéral doit en faire plus. Les demandes se sont notamment multipliées cet été pour déclarer la chaleur comme catastrophe naturelle.
Cette définition permettrait, en cas de canicule similaire à celle du mois dernier, de mobiliser les moyens de l'Agence fédérale de la gestion des catastrophes naturelles (FEMA), comme cela se passe lors des ouragans ou des inondations. Les Etats touchés reçoivent alors de l'aide financière et matérielle.
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Loubna Anaki/ami