Le candidat Fernando Villavicencio a été assassiné par balle à la fin d'un meeting électoral mercredi soir à Quito, la capitale du pays. Ce centriste de 59 ans, journaliste de profession et farouche pourfendeur de la corruption, était l'un des huit candidats au premier tour de la présidentielle prévu le 20 août.
Fernando Villavicencio se classait deuxième dans les intentions de vote avec environ 13%, selon les derniers sondages, derrière l'avocate Luisa Gonzalez (26,6%), proche de l'ex-président de gauche Rafael Correa.
"Film d'horreur"
Il a été tué alors qu'il sortait d'une salle omnisports dans le nord de la capitale. Le parquet a fait état de "neuf blessés, dont une candidate à l'Assemblée, et deux policiers", en plus de la mort de l'un des assaillants, abattu par la sécurité.
"Nous vivons un film d'horreur, avec des fusils mitrailleurs qui ont tiré 30 ou 40 balles, nous avons vu tomber les blessés, je sais qu'il y a plusieurs morts et malheureusement l'assassinat de Fernando", a déclaré l'oncle du candidat à la presse.
"Lutte contre la corruption et l'insécurité"
Jean-Jacques Kourliandsky, directeur de l’observatoire de l’Amérique latine à la fondation Jean Jaurès, était l'invité de l'émission Forum de la RTS. Il explique que l'homme avait beaucoup d'ennemis.
"Il a dénoncé tellement de gens. On peut supposer que parmi cet éventail de politiques, de responsables économiques, de délinquants liés a des trafic divers, particulièrement au narcotrafic, beaucoup souhaitaient l'éliminer du jeu politique".
"L'essentiel de son message politique était la lutte contre la corruption et l'insécurité", défend-t-il.
Victime de menaces
La semaine précédente, le candidat avait fait état de menaces contre lui et son équipe de campagne, prétendument adressées par le chef d'une bande criminelle liée au narcotrafic et actuellement en prison. "Malgré les nouvelles menaces, nous continuerons de lutter pour les braves gens de notre Equateur", avait-il alors écrit sur Twitter.
En tant que journaliste, Fernando Villavicencio avait contribué à mettre au jour un vaste réseau de corruption impliquant l'ex-président de gauche Rafael Correa (2007-2017), condamné depuis par contumace à huit ans de prison et exilé en Belgique. "Correa, criminel!", criaient ainsi certains de ses partisans, consternés mais aussi en colère, qui ont aussi ont réclamé "justice".
Des élections sous état d'urgence
Après avoir annoncé l'assassinat du candidat, le président en exercice Guillermo Lasso a décrété l'état d'urgence dans tout le pays pour une durée de 60 jours. "Les forces armées sont en ce moment mobilisées à travers tout le territoire national afin de garantir la sécurité des citoyens, la tranquillité du pays et des élections libres et démocratiques le 20 août", a-t-il déclaré dans une allocution diffusée sur YouTube.
Ces élections font suite à la dissolution inédite du Parlement à la mi-mai par le dirigeant conservateur, en raison d'une "grave crise politique". Il était alors menacé par une procédure en destitution lancée par l'opposition de gauche, majoritaire au Parlement monocaméral.
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agences/jop
Six suspects colombiens
Les six suspects arrêtés pour l'assassinat de Fernando Villavicencio, de même qu'un septième individu tué par les forces de sécurité, sont des Colombiens. C'est ce qu'a annoncé jeudi la police équatorienne, qui s'était auparavant bornée à indiquer que les suspects étaient des étrangers.