Les "junior doctors", statut allant de jeunes médecins sortant tout juste de l'université à des praticiens et praticiennes ayant plus de huit ans d'expérience, multiplient les grèves depuis quelques mois, entraînant le report de centaines de milliers de rendez-vous médicaux. Leur dernière mobilisation a eu lieu mi-juillet.
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La grève débutée vendredi à 7h locales (8h en Suisse) va durer jusqu'à mardi matin.
Au Royaume-Uni, les "junior doctors" représentent environ la moitié des médecins hospitaliers. Le syndicat BMA (British Medical Association) affirme qu'ils ont perdu 26% de rémunération en termes réels depuis 2008, quand des économies ont été imposées aux services de santé dans le cadre des politiques d'austérité. Il demande une augmentation de 35% des salaires, ce à quoi s'oppose le gouvernement conservateur.
Alors que l'inflation plombe le pouvoir d'achat au Royaume-Uni, des débrayages ont été observés aussi bien par les infirmières que les médecins et les ambulanciers.
Départs de la profession
Selon les chiffres du système public de santé britannique NHS, près de 835'000 rendez-vous médicaux ont dû être reportés en raison des différents mouvements de grève depuis décembre 2022 en Angleterre, un nombre qui devrait dépasser le million avec le débrayage en cours.
En dépit des promesses du gouvernement du Premier ministre britannique Rishi Sunak d'améliorer la situation, 7,6 millions de personnes au total sont en attente de traitement en Angleterre, un record.
"Nous voyons les listes d'attente gonfler depuis treize ans à cause de ce gouvernement", les conservateurs étant au pouvoir depuis 2010, estime Robert Laurenson, un médecin en grève vendredi. "Pour diminuer ces listes, il faut des docteurs, et pour avoir des docteurs, il faut les rémunérer de manière compétitive".
Selon le gréviste, les médecins quittent en masse la profession "parce que [le gouvernement] continue à réduire leur salaire".
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Pas de nouvelle proposition de Londres
Pour le ministre britannique de la Santé Steve Barclay, la grève "sert seulement à nuire aux patients" et met "une pression supplémentaire" sur le personnel non gréviste.
"Je veux avoir une conversation d'adultes sur la façon de résoudre les frustrations légitimes auxquelles ces médecins sont confrontés", a-t-il déclaré dans une tribune dans le tabloïd The Daily Mail. Mais "la grève n'aidera personne à y parvenir et, à la fin, ce sont les patients qui font les frais des débrayages", a-t-il ajouté.
Le gouvernement affirme que sa proposition présentée mi-juillet aux "junior doctors" - une augmentation de 6% et une prime de 1250 livres - est "définitive".
"Jusque-là, nous estimons que les grèves ont coûté environ un milliard de livres", soit environ 1,12 milliard de francs, au système de santé britannique, a de son côté indiqué sur la BBC Julian Hartley, responsable au NHS, expliquant que l'institution devait payer "des primes aux consultants pour couvrir les médecins" grévistes.
ats/iar