La sécheresse frappe fort au lac Titicaca. Depuis deux ans, les précipitations qui remplissent le lac entre décembre et mars sont plus faibles que d’habitude. Résultat, le niveau est extrêmement bas et les populations locales souffrent. Le long des rives du lac, des zones autrefois fertiles sont réduites à de vastes étendues de poussière.
Le niveau de cette étendue d'eau, à plus de 3807 mètres au-dessus du niveau de la mer, est aujourd'hui à 25 cm de son plus bas historique enregistré en 1996, souligne Lucia Walper, responsable de l'unité de prévision du Service national d'hydrologie et de météorologie de l'État bolivien.
Une rive qui s'éloigne
Juan, la vingtaine, élève des vaches à Huarina, au sud-est du lac. "Il n’y a plus d’eau pour les vaches. Comme c’est en train de sécher, le lac est plus loin et c’est plus compliqué d’abreuver les vaches", explique-t-il lundi dans le 12h30 de la RTS. Auparavant situé au bord des eaux, Huarina se trouve maintenant à plus d'une demi-heure de marche. "C'est comme si la terre brûlait", déplore le maire Gabriel Flores.
Copacabana, localité située à 80 kilomètres de là, est le principal centre touristique bolivien donnant sur le lac Titicaca. La baisse du niveau de l’eau rend désormais certaines zones inaccessibles et les activités de pêches sont aussi fortement impactées. "Nous sommes inquiets parce que cette année, le niveau de l’eau baisse beaucoup trop. J’ai 64 ans, je travaille ici depuis que j’ai 8 ans, mais je n’ai jamais vu ça", témoigne Silverio, actif dans le secteur touristique.
Pour les pêcheurs, la pêche de poissons indigènes est presque condamnée. Si la surpêche avait déjà réduit le nombre de poissons dans les eaux lacustres, la sécheresse les empêche désormais également de se reproduire.
Combinaison de facteurs
Depuis des décennies, les eaux du lac Titicaca fluctuent. Situé à 3800 mètres au-dessus du niveau de la mer, il est extrêmement vulnérable à l'évaporation solaire, selon des experts de l'Université technique d'Oruro en Bolivie.
Selon Lucía Walper, responsable de l'unité de prévision hydrologique du service national de météorologie et d'hydrologie de Bolivie, la sécheresse est le résultat d'une combinaison de facteurs, dont les phénomènes naturels tels que La Niña et El Niño, arrivés exceptionnellement tôt cette année et particulièrement forts en raison notamment du changement climatique.
Le service national d'hydrographie navale de l’armée a lancé une alerte sécheresse, qui devrait durer jusqu'à fin novembre. Dans les prochains jours ou les prochaines semaines, il est très probable que le minimum historique du lac de 1996 - année où avait sévi une sécheresse sévère - soit dépassé.
kkub avec agences et ns