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Réunion militaire ouest-africaine sur une éventuelle intervention armée au Niger

Les drapeaux des Etats membres de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), à Accra (Ghana), le 3 février 2022. [AFP - NIPAH DENNIS]
Les chefs d'état-major des armées ouest-africaines ont commencé leur réunion jeudi au Ghana / La Matinale / 1 min. / le 18 août 2023
Les chefs d'état-major des armées ouest-africaines ont commencé leur réunion jeudi au Ghana pour discuter d'une éventuelle intervention armée au Niger après le coup d'Etat mené par des militaires, contre lesquels Berlin a réclamé des sanctions européennes.

"La démocratie, c'est ce que nous défendons et soutenons", a déclaré le chef d'état-major du Nigeria, le général Christopher Gwabin Musa, à l'ouverture de cette réunion à Accra entre responsables militaires des pays de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao).

Si l'option d'une opération armée reste sur la table, la Cedeao semble encore privilégier la voie du dialogue avec le régime militaire qui a renversé le président Mohamed Bazoum le 26 juillet et placé le général Abdourahamane Tiani à la tête du pays.

"L'objectif de notre réunion n'est pas simplement de réagir aux événements mais de dessiner de manière proactive un chemin qui mène à la paix et soutient la stabilité", a poursuivi le général Gwabin Musa.

Cette rencontre cruciale intervient deux jours après une attaque meurtrière menée dans le sud-ouest du Niger par des djihadistes présumés qui ont tué au moins 17 soldats nigériens et en ont blessé 20 autres.

Berlin demande des "sanctions"

Sur le front diplomatique, l'Allemagne a haussé le ton jeudi en appelant l'Union européenne (UE) à prendre des "sanctions" contre les auteurs du coup d'Etat au Niger, un pays crucial pour l'approvisionnement du continent européen en uranium.

"Après la suspension de la coopération en matière de développement et de sécurité, nous voulons mettre en place dans l'UE des sanctions contre les putschistes", a écrit le ministère allemand des Affaires étrangères sur X (anciennement Twitter).

Actuellement en visite au Nigeria, la ministre allemande de la Coopération Svenja Schulze a mené "des discussions à Abuja pour voir comment soutenir, le mieux possible, les efforts de Cedeao", a encore indiqué le ministère.

L'oganisation ouest-africaine a déjà pris des mesures de rétorsion contre les auteurs du coup d'Etat qui "affectent grandement l'approvisionnement du Niger en denrées alimentaires vitales et en fournitures médicales", a averti mercredi le Programme alimentaire mondial (lire aussi encadré).

Président toujours retenu prisonnier

Les généraux de Niamey restent pour l'heure inflexibles et retiennent prisonnier le président déchu Mohamed Bazoum depuis le 26 juillet, qu'ils comptent poursuivre pour "haute trahison".

>> En lire plus : La junte nigérienne veut "poursuivre" le président Mohamed Bazoum pour "haute trahison"

Ils estiment qu'une opération militaire contre leur pays serait une "agression illégale et insensée" et ont promis une "riposte immédiate" à toute agression.

L'armée nigérienne est mobilisée depuis des années dans la lutte contre les djihadistes, notamment dans l'immense région de Tillabéri, située dans la zone dite des "trois frontières" entre le Niger, le Burkina Faso et le Mali, où l'attaque de mardi a eu lieu.

Avant le coup d'Etat, la France, l'ex-puissance coloniale qui dispose de 1500 soldats au Niger, participait activement avec l'armée nigérienne à la lutte contre ces groupes djihadistes.

Elle est depuis devenue l'une des cibles privilégiée du nouveau régime à Niamey qui l'accuse d'influer sur les décisions de la Cedeao.

>> Ecouter aussi le sujet du 12h30 sur les dignitaires du régime déchu qui sont arrêtés en cascade :

Des membres de la junte putschiste au Niger. [Reuters]Reuters
Au Niger, les dignitaires du régime déchu sont arrêtés en cascade / Le 12h30 / 2 min. / le 17 août 2023

afp/vajo

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Le nouveau régime cherche des alliés

Mardi, le Premier ministre nommé par les militaires à Niamey, Ali Mahaman Lamine Zeine, s'est rendu à N'Djamena où il a été reçu par le président de transition tchadien Mahamat Idriss Deby Itno.

Pour la première fois, il a dit que son pays était "dans un processus de transition", sans toutefois en préciser sa durée avant d'éventuelles élections pour un retour à l'ordre constitutionnel.

Le Tchad, une importante puissance militaire de la région du Sahel, avait annoncé la semaine dernière qu'il ne participerait à aucune intervention militaire aux côtés de la Cedeao, à laquelle il n'appartient pas.

Le Mali et le Burkina voisins, eux aussi dirigés par des militaires arrivés au pouvoir par des coups d'Etat en 2020 et 2022, ont rapidement affiché leur solidarité envers les généraux de Niamey.

La crise politique au Niger aggrave la sécurité alimentaire dans le pays, selon l'ONU

L'agence humanitaire des Nations unies, OCHA, a souligné qu'avant même le renversement du président Mohamed Bazoum par des militaires le pays comptait plus de trois millions de personnes en situation d'insécurité alimentaire aiguë.

Plus de sept millions de personnes, actuellement considérées comme en situation d'insécurité alimentaire modérée, "pourraient voir leur situation s'aggraver en raison de la crise en cours", a averti OCHA, citant une étude préliminaire du Programme alimentaire mondial (PAM), agence alimentaire de l'ONU.

Appel à faciliter l'accès humanitaire

Le PAM a assuré pour sa part qu'il continuerait à fournir de l'aide au Niger, en dépit de la crise politique en cours. L'agence a indiqué qu'au cours de la première semaine d'août, elle avait fourni des vivres à 140'000 personnes dans le pays et des soins vitaux contre la malnutrition à 74'000 enfants.

Mais elle a averti que les sanctions régionales et les fermetures de frontières "affectaient grandement l'approvisionnement du Niger en denrées alimentaires vitales et en fournitures médicales".

"Nous demandons instamment à toutes les parties de faciliter les exemptions humanitaires, afin de permettre un accès immédiat aux personnes qui ont besoin de nourriture et de produits de première nécessité", a déclaré Margot van der Velden, directrice régionale adjointe du PAM pour l'Afrique de l'Ouest.