"A l'arrêt, tout fermé, Hollywood est syndiqué!" Sur le piquet de grève, devant les studios d'Universal, la motivation est intacte.
Jimmy Clabots est scénariste. Il manifeste quasiment tous les jours depuis le début de la grève en mai. Mais sans revenus liés à son écriture, il a dû trouver des emplois d'appoint. "Je suis escorte pour femmes: je les accompagne lors d'obligations sociales, ou pour des rendez-vous romantiques", témoigne-t-il, jeudi dans le 19h30 de la RTS. Jimmy Clabots est aussi kinésithérapeute et apporte son soutien à des malades en désintoxication.
Le tout pour tenir jusqu'à la fin de la grève et faire plier les studios. Mais la grève, Jimmy Clabots et les autres ne la font pas seulement pour eux. "Il y a de nombreux syndicats dans le monde qui essayent de se défendre face à la rapacité des multinationales. C'est pareil pour nous. Nous voulons tous survivre", explique le scénariste.
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Une cagnotte
Parmi les milliers de scénaristes et d'acteurs en grève, tous n'ont pas forcément décroché un emploi temporaire. Leur survie dépend alors parfois de la solidarité.
Joelle Garfinkel est elle aussi scénariste. Sur son ordinateur, elle recense les personnes qu'elle aide, via son initiative, baptisée l'"Enveloppe verte". Un fonds, alimenté par des dons privés, qui donne 100 dollars aux grévistes qui le demandent.
"Il y avait des gens qui ne pouvait pas payer une facture, ces 100 dollars leur a permis de le faire, ou ils n'avaient plus de provisions, indique-t-elle. Il y a même une dame qui m'a écrit que son chat n'avait plus qu'un sac de nourriture, et que cela l'avait aidé à en acheter."
Deux mille personnes ont déjà demandé l'aide de Joelle Garfinkel et de son "Enveloppe verte".
L'addition payée par Drew Carey
D'autres initiatives existent. Le Swingers, un restaurant bien connu de Los Angeles est devenu un refuge pour les scénaristes. "Tous les scénaristes peuvent venir et avoir un repas gratuit avec une boisson. Il faut juste qu'ils apportent leur carte du syndicat et leur pièce d'identité, et nous nous occupons de l'addition, pourboire compris", décrit la propriétaire Stéphanie Wilson.
La note est prise en charge par l'acteur et animateur vedette de l'émission "Le juste prix" Drew Carey. Cela lui coûte plus de 10'000 dollars par semaine, un cadeau du ciel pour les scénaristes.
"Cela aide beaucoup, de nombreuses personnes ne peuvent pas s'offrir un repas, ou leur loyer en ce moment, comme ils ne travaillent pas. C'est un sacrifice!", déclare Michael Buechler, scénariste.
Aviva Fried/vajo
Modèle des plateformes de streaming en cause
Scénaristes et acteurs sont échaudés par l'avènement du streaming. Au cours de la dernière décennie, ce nouveau modèle a bouleversé leurs rémunérations "résiduelles", qui découlent de chaque rediffusion d'un film ou d'une série et leur permettent de vivre entre deux projets.
Intéressants avec la télévision car calculés en fonction du tarif des publicités, ces émoluments sont bien moindres avec les plateformes de streaming, qui ne communiquent pas leurs chiffres d'audience et paient un forfait, indépendamment du succès.
L'usage naissant de l'intelligence artificielle, capable d'écrire des scénarios ou cloner la voix et l'image des acteurs, ne fait qu'ajouter de l'huile sur le feu.