"Selon la compagnie aérienne, les passagers suivants se trouvaient à bord de l'avion Embraer - 135", a indiqué Rossaviatsia en citant le nom d'Evguéni Prigojine, mais aussi celui de son bras droit Dmitri Outkine. Toutefois, les corps des deux hommes n'ont pour l'instant pas été identifiés.
L'appareil, parti de la capitale russe en direction de Saint-Pétersbourg, s'est écrasé près du village de Kujenkino, dans la région de Tver, au nord-ouest de Moscou.
"Il y avait dix personnes à bord, dont trois membres d'équipage. Selon les premières informations, toutes les personnes à bord sont décédées", a indiqué un peu auparavant sur Telegram le ministère russe des Situations d'urgence.
"Élimination"?
La chaîne Telegram "Grey Zone", réputée proche de Wagner, a elle aussi annoncé dans la soirée le décès d’Evguéni Prigojine, qualifié "d'authentique patriote, héros de la Russie".
Mais selon ce canal Telegram, qui cite des témoignages recueillis à proximité du lieu où l’appareil s’est écrasé, des détonations caractéristiques de la défense anti-aérienne russes auraient été entendues peu avant que l’avion ne tombe sur le sol.
L'armée russe pourrait donc être à l'origine du crash, mais ces informations sont encore à prendre avec des pincettes, souligne le correspondant à Moscou de la RTS Jean-Didier Revoin. Il faudra attendre les conclusions de l’enquête pour avoir une idée plus précise.
Ce crash mortel et "l'élimination spectaculaire de Prigojine et du commandement de Wagner deux mois après (leur) tentative de coup d'Etat" est un "signal" envoyé par Vladimir Poutine aux élites russes, a jugé mercredi le conseiller de la présidence ukrainienne Mykhaïlo Podoliak, ajoutant que "Poutine ne pardonne à personne".
Joe Biden "pas surpris"
Avant que la confirmation ne tombe, le président américain Joe Biden avait été averti par la Maison Blanche de la possible mort du patron de Wagner Evguéni Prigojine.
"Je ne sais pas encore tout à fait ce qu'il s'est passé, mais je ne suis pas surpris", a-t-il déclaré à des journalistes. "Peu de choses ne se passent en Russie sans que Poutine n'y soit pour quelque chose," a ajouté le président américain depuis les montagnes de l'Ouest américain où il est avec sa famille.
Discret depuis sa rébellion en juin
Le chef paramilitaire a été très présent sur les réseaux sociaux depuis le début de la guerre en Ukraine, notamment pour critiquer vivement le ministère russe de la Défense. Mais il était très discret depuis l'abandon de sa rébellion contre le Kremlin en juin.
>> Lire aussi : Evguéni Prigojine, ce chef de guerre imprévisible qui défie Moscou
Le 24 juin, au lendemain du début de la révolte de Wagner, le président russe Vladimir Poutine avait dénoncé la "trahison" d'Evguéni Prigojine, "provoquée par les ambitions démesurées et les intérêts personnels".
Le milliardaire venait d'affirmer s'être emparé "sans un coup de feu" du quartier général de l'armée russe à Rostov-sur-le-Don, centre névralgique des opérations en Ukraine, après avoir accusé la veille l'armée russe d'avoir bombardé des camps de son groupe. Ses hommes ont ensuite roulé vers Moscou. Mais, le chef mercenaire de 62 ans a finalement renoncé au coup de force, négociant un exil pour lui et ses fidèles en Biélorussie. Il avait ainsi échappé à la justice russe.
Signe de l'opacité de l'accord, Evguéni Prigojine était cependant revenu en Russie, et même reçu au Kremlin dans les jours suivant sa révolte. Mais il n'apparaît plus en public.
Réapparition lundi
Il était finalement réapparu lundi soir dans une vidéo face caméra diffusée sur Telegram. Dans un paysage désertique, armé et vêtu d'une tenue de camouflage, il avait affirmé se trouver en Afrique (sans préciser dans quel pays), où "le groupe Wagner effectue une mission de reconnaissance, rend la Russie encore plus grande sur tous les continents et l'Afrique encore plus libre".
La milice Wagner, dont le Kremlin ne reconnaissait même pas l'existence jusqu'à fin 2022, s'est fait un nom en 10 ans comme le complice des régimes voulant se défaire de parrains occidentaux ou en quête de combattants discrets et impitoyables.
jop avec agences
Deux événements rapprochés en lien avec le pouvoir militaire?
Les liens unissant le chef de Wagner et le pouvoir russe restaient encore très flous. Mercredi matin, l'agence de presse d'Etat Ria Novosti annonçait par exemple que le général russe Sergueï Sourovikine, un temps en charge de l'offensive en Ukraine, avait été limogé de son poste de commandant en chef des forces aérospatiales.
Ni le Kremlin, ni le ministère russe de la Défense n'ont fait d'annonces dans l'immédiat, alors que les changements au sein de l'armée se font souvent dans l'opacité. Mais le quotidien russe RBK et l'ancien rédacteur en chef de la radio Echo de Moscou ont annoncé le limogeage de Sergueï Sourovikine, tout comme Rybar, un influent blog militaire couvrant les combats en Ukraine.
Depuis la fin de la rébellion du groupe paramilitaire Wagner fin juin, des rumeurs faisaient état de remaniements au sein du commandement militaire, notamment au sujet de Sergueï Sourovikine, jugé proche de Wagner et d'Evguéni Prigojine.