Les ennemis de Vladimir Poutine victimes de mystérieux "incidents"

Longtemps proche du maître du Kremlin, Evguéni Prigojine était tombé en disgrâce après son coup de force des 23 et 24 juin dernier, une mutinerie des troupes de Wagner destinée semble-t-il à obtenir entre autres la tête du ministre de la Défense Sergueï Choïgou, en raison de la conduite de la guerre en Ukraine, qui avait fait vaciller le pouvoir russe.

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En dépit d'un accord "d'amnistie" conclu entre Evguéni Prigojine et Vladimir Poutine pour mettre fin à la mutinerie, prévoyant notamment l'exil du premier nommé et de ses mercenaires en Biélorussie, le patron de Wagner avait continué à se rendre régulièrement en Russie ces deux derniers mois.

Si la cause du crash de l'avion d'Evguéni Prigojine n'a pas encore été établie, sa disparition au retour d'un déplacement au Mali s'inscrit dans la lignée d'une série de règlements de comptes qui auraient visé des ennemis déclarés de Vladimir Poutine ces dernières années, avec aussi de mystérieux empoisonnements et des emprisonnements pour une longue durée.

La ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna a d'ailleurs ironisé jeudi en notant que "le taux de mortalité parmi les proches de Poutine est particulièrement élevé". "C'est une activité à risque", a-t-elle encore déclaré.

ALEXEÏ NAVALNY

Opposant le plus en vue en Russie, Alexeï Navalny a été transféré en urgence en Allemagne en août 2020 pour y être soigné après avoir été empoisonné pendant un déplacement en Sibérie. Les experts ont conclu à l'utilisation de l'agent innervant d'usage militaire Novitchok. Moscou a nié toute implication.

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SERGUEÏ SKRIPAL

Ancien agent double ayant fait défection au profit des services de renseignement britanniques, Sergueï Skripal et sa fille Ioulia ont été retrouvés inconscients sur un banc public de la ville de Salisbury, en Angleterre, en mars 2018. Tous deux ont survécu.

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Les autorités britanniques ont conclu qu'ils avaient été empoisonnés avec l'agent neurotoxique Novitchok, développé par l'armée soviétique dans les années 1970 et 1980. La Russie a nié toute responsabilité et accusé Londres d'hystérie anti-russe.

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VLADIMIR KARA-MOURZA

Opposant et journaliste, Vladimir Kara-Mourza dit avoir été victime de plusieurs tentatives d'empoisonnement en 2015 et 2017. Un laboratoire allemand a retrouvé dans son sang des niveaux anormaux de mercure, de cuivre, de manganèse et de zinc, selon des compte-rendus médicaux. Moscou a dit ne pas être au courant.

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Après avoir critiqué de manière virulente l'invasion de l'Ukraine en février 2022, Vladimir Kara-Mourza a été condamné à 25 ans de détention dans une colonie pénitentiaire.

>> Evgenia Kara-Murza donne des nouvelles de son mari dans le 19h30 du 15 mai 2023 :

ALEXANDRE LITVINENKO

Ancien agent du KGB et pourfendeur de Vladimir Poutine, Alexandre Litvinenko est mort à 43 ans en 2006, six ans après avoir fui la Russie, après avoir bu un thé vert empoisonné au polonium-210, un isotope hautement radioactif, dans un hôtel de Londres, selon les autorités britanniques.

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Une enquête menée en Grande-Bretagne a conclu en 2016 que le maître du Kremlin avait probablement validé la liquidation de l'ex-espion, ce que Moscou a farouchement nié. Selon les enquêteurs, l'opération a été menée par deux agents russes, sans doute sur ordre du FSB, le successeur du KGB.

>> Regarder le sujet du 19h30 du 24 novembre 2006 sur l'empoisonnement d'Alexandre Litvinenko :

ALEXANDER PEREPILICHNYY

L'homme d'affaires Alexander Perepilichnyy a été retrouvé mort à 44 ans près de sa luxueuse résidence de Weybridge, dans le Surrey, en novembre 2012, alors qu'il était aller faire un jogging.

Réfugié en Grande-Bretagne depuis 2009, il venait de témoigner dans le cadre d'une enquête suisse sur une affaire de détournement de fonds en Russie. La justice britannique a écarté l'hypothèse d'un empoisonnement faute de preuves suffisantes, bien que des traces de gelsemium, une plante hautement toxique, aient été retrouvées dans son estomac.

VIKTOR IOUCHTCHENKO

Chef de file de l'opposition ukrainienne, Viktor Iouchtchenko a été empoisonné pendant la campagne pour l'élection présidentielle de 2004 qui l'opposait au Premier ministre pro-Moscou Viktor Ianoukovitch.

Il pense avoir été empoisonné lors d'un dîner avec des responsables des services de sécurité ukrainiens. Le taux de dioxine retrouvé dans son sang était mille fois plus élevé que la normale. Il a survécu mais son visage et son corps ont été complètement déformés. Il a subi des dizaines d'opérations chirurgicales par la suite.

Viktor Iouchtchenko a finalement été élu président après l'invalidation par la Cour suprême du résultat d'un premier scrutin dont Viktor Ianoukovitch avait été donné vainqueur, à la suite de la mobilisation de l'opposition lors de la "révolution orange".

>> Regarder le sujet du 19h30 du 12 décembre 2004 :

ANNA POLITKOVSKAÏA

Journaliste spécialisée dans la défense des droits humains qui avait notamment couvert les conflits en Tchétchénie, Anna Politkovskaïa, 48 ans, a été abattue devant chez elle le 7 octobre 2006, alors qu'elle rentrait du supermarché.

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Son meurtre a provoqué l'indignation de l'Occident et souligné les risques auxquels s'exposent les journalistes travaillant en Russie.

>> Regarder le sujet du 19h30 du 7 octobre 2007 :

Fabien Grenon avec les agences