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Couvre-feu et internet coupé à la fermeture des bureaux de vote au Gabon

Elections au Gabon : Le gouvernement a instauré un couvre-feu et coupé l'internet hier à la fermeture des bureaux de vote.
Elections au Gabon : Le gouvernement a instauré un couvre-feu et coupé l'internet hier à la fermeture des bureaux de vote. / 12h45 / 1 min. / le 27 août 2023
Le gouvernement du Gabon a annoncé samedi soir, peu avant la fin de la présidentielle, un couvre-feu et la suspension de l'accès à internet afin de "parer à la propagation d'appels à la violence". Le principal opposant, Albert Ondo Ossa, a dénoncé des "fraudes orchestrées".

Les Gabonais ont voté samedi pour décider s'ils confient ou non un troisième mandat au président Ali Bongo Ondimba, face à Albert Ondo Ossa, son plus sérieux rival.

A la fermeture des bureaux de vote, samedi soir, le gouvernement a annoncé un couvre-feu et la suspension de l'accès à internet afin de "parer à la propagation d'appels à la violence" et de "fausses informations".

Un couvre-feu sur l'ensemble du territoire est décrété et sera appliqué dès ce dimanche 27 août. Il sera de vigueur tous les jours, à partir de 19h, jusqu'à 6h", a déclaré Rodrigue Mboumba Bissawou, le ministre de la Communication, à la chaîne de télévision publique.

Ces élections se déroulent sans observateurs internationaux, africains comme européens.

Élections législatives et présidentielle

Albert Ondo Ossa (à droite), a promis de "chasser" du pouvoir par les urnes le président Ali Bongo Ondimba (à gauche) et son tout-puissant Parti démocratique gabonais (PDG) [AFP - LUDOVIC MARIN, STEEVE JORDAN]
Albert Ondo Ossa (à droite), a promis de "chasser" du pouvoir par les urnes le président Ali Bongo Ondimba (à gauche) et son tout-puissant Parti démocratique gabonais (PDG) [AFP - LUDOVIC MARIN, STEEVE JORDAN]

Quatorze prétendants s'affrontent, un peu moins de 850'000 électeurs inscrits sur quelque 2,3 millions d'habitants étant aussi appelés à voter pour les élections législatives et municipales, le tout en un tour de scrutin.

Albert Ondo Ossa, un éminent économiste, a promis de "chasser" du pouvoir le président et son tout-puissant Parti démocratique gabonais (PDG) et de mettre un terme à une "dynastie Bongo" à la tête depuis plus de 55 ans d'un pouvoir que l'opposition accuse de mauvaise gouvernance et d'être gangrené par "la corruption".

Ali Bongo, président depuis 14 ans, avait été élu une première fois en 2009 après la mort de son père Omar Bongo Ondimba, qui dirigeait le Gabon depuis plus de 41 ans.

Candidat surprise

Albert Ondo Ossa, 69 ans, peu connu du grand public jusqu'alors, avait été choisi par les principaux partis de l'opposition, rassemblés dans la plateforme Alternance 2023, à huit jours seulement du scrutin.

Candidat indépendant, sans parti donc, Albert Ondo Ossa a promis de dissoudre la future Assemblée nationale s'il est élu.

Ali Bongo, quant à lui, a rassemblé systématiquement, au cours d'une tournée dans tout son pays depuis des mois, puis d'une campagne massive et très médiatisée ces deux dernières semaines, des milliers, voire des dizaines de milliers, de partisans. Dans un marathon de six jours, Albert Ondo Ossa a drainé par endroits des foules comparables.

"Dynastie Bongo"

En 2016, Ali Bongo Ondimba avait été réélu, mais laborieusement, avec 5500 voix seulement d'avance sur l'opposant Jean Ping, qui dénonçait également des "fraudes".

Un AVC en octobre 2018 avait laissé Ali Bongo de longs mois invisible et une partie de l'opposition continue, bientôt cinq ans après, de mettre en doute ses capacités physiques et intellectuelles à diriger le pays.

Le Gabon est l'un des pays les plus riches d'Afrique en PIB par habitant, grâce à son pétrole, son manganèse et son bois notamment. Mais "le pays peine à traduire la richesse de ses ressources en une croissance durable et inclusive" et un tiers (32,9%) de ses habitants vivent sous le seuil de pauvreté, écrivait la Banque mondiale en avril 2023.

ats/doe

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