"Le début des travaux est prévu pour le 2 octobre" dans cette maison située dans le centre de Braunau-am-Inn (nord), à la frontière allemande, a indiqué la semaine dernière un porte-parole du ministère autrichien de l'Intérieur.
"Après la rénovation architecturale, un commissariat de police et un centre de formation des agents aux droits humains seront installés dans ce bâtiment au lourd passé", selon un récent communiqué.
Il a été décidé de ne pas en faire un lieu de mémoire afin d'éviter que l'endroit - où est né Adolf Hitler le 20 avril 1889 - ne devienne un lieu de pèlerinage néonazi.
L'objectif est de "briser durablement le culte qui lui est voué par les milieux extrémistes"
L'objectif est de "briser durablement le culte qui lui est voué par les milieux extrémistes", a expliqué une commission d'experts mise en place dès 2016 par le gouvernement. Une démolition a également été exclue, l'Autriche devant "se confronter à son passé", de l'avis des historiens.
Des années de procédures
Le gouvernement a mené une longue bataille judiciaire pour s'assurer la propriété de cette maison. Le Parlement autrichien avait notamment adopté une loi permettant d'exproprier la famille propriétaire de la maison.
L'Etat avait essayé de contrôler l'utilisation de la maison en versant un loyer à la propriétaire, mais celle-ci a refusé toute nouvelle utilisation depuis 2011, continuant à encaisser les paiements sans respecter l'intention sociale et éducative prévue dans le bail.
Une enveloppe de 20 millions
La bâtisse de 800 mètres carrés va notamment être rehaussée par une nouvelle toiture et subir un agrandissement. Le calendrier a pris du retard et le coût des travaux est désormais estimé à 20 millions d'euros financés par l'Etat, contre cinq initialement.
Les nouveaux occupants devraient emménager en 2026, selon le ministère qui a dit "maintenir son projet" malgré l'émergence de nouvelles critiques.
Cela reviendrait à "réaliser le voeu d'Hitler lui-même" en faveur d'un usage administratif des locaux
Le réalisateur d'un documentaire qui sortira fin août, Günter Schwaiger, a en effet appelé les autorités à renoncer à cette reconversion en poste de police.
Cela reviendrait à "réaliser le voeu d'Hitler lui-même" en faveur d'un usage administratif des locaux, tel que formulé dans un article de journal local publié en mai 1939, a-t-il déclaré. L'année précédente, la Ville avait accordé au dictateur le titre de citoyen d'honneur, distinction qui ne lui a été retirée qu'en 2011.
Une relation complexe avec le passé
L'Autriche, annexée par l'Allemagne en 1938, a longtemps entretenu une relation complexe avec son passé.
Après la Seconde Guerre mondiale, le pays alpin a été présenté comme "la première victime du nazisme" et la complicité de nombreux Autrichiens dans les crimes du IIIe Reich a été niée.
Un regard critique a commencé à s'exercer au milieu des années 1980.
vajo avec afp