Le général Brice Oligui Nguema "président de la transition" après le coup d'Etat au Gabon
Le général Brice Oligui Nguema est le commandant de l'unité d'élite de l'armée du Gabon.
"Le général Oligui Nguema Brice a été désigné à l'unanimité président du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions, président de la transition", a déclaré un officier en présence de dizaines d'officiers supérieurs et généraux, qui représentent tous les corps de l'armée gabonaise, selon un communiqué lu à l'antenne de la télévision Gabon 24. La durée de la transition des militaires au pouvoir n'a pas été précisée.
Coup d'Etat après la réélection d'Ali Bongo
Juste après l'annonce officielle de la victoire d'Ali Bongo avec 64,27% des voix dans la nuit de mardi à mercredi, un groupe d'une douzaine de militaires est apparu sur les écrans de la chaîne de télévision Gabon 24, abritée au sein même de la présidence.
"Nous, forces de défense et de sécurité, réunies au sein du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), au nom du peuple gabonais et garant de la protection des institutions, avons décidé de défendre la paix en mettant fin au régime en place", a annoncé un de ces militaires, un colonel de l'armée régulière, dans une déclaration qui a par la suite également été diffusée sur la chaîne d'Etat Gabon 1ère.
"A cet effet, les élections générales du 26 août 2023 ainsi que les résultats tronqués sont annulés", a-t-il ajouté.
Ali Bongo, qui a succédé à son père en 2009, a été placé en résidence surveillée "entouré de sa famille et de ses médecins", et l'un de ses fils, Noureddin Bongo Valentin, a été arrêté pour "haute trahison", ont annoncé les militaires à la télévision d'Etat.
Une série d'arrestations ont également visé six autres hauts responsables du régime, tels le directeur de cabinet de Ali Bongo et son directeur adjoint, des conseillers de la présidence ainsi que les numéros un et deux du tout-puissant Parti démocratique gabonais (PDG).
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Fermeture des frontières du pays
"Toutes les institutions de la république sont dissoutes, le gouvernement, le Sénat, l'Assemblée nationale, la Cour constitutionnelle. Nous appelons la population au calme et à la sérénité et nous réaffirmons notre attachement au respect des engagements du Gabon à l'égard de la communauté internationale", a-t-il poursuivi, annonçant aussi la fermeture des frontières du pays "jusqu'à nouvel ordre".
Parmi ces militaires figuraient des membres de la garde républicaine (GR), la garde prétorienne de la présidence reconnaissables à leurs bérets verts, ainsi que des soldats de l'armée régulière et des policiers. La déclaration a ensuite également été diffusée sur la télévision publique Gabon 1ère.
Peu après la lecture de la déclaration des militaires, des journalistes de l'AFP ont entendu des tirs d'armes automatiques dans plusieurs quartiers de Libreville.
Couvre feu maintenu
Les militaires putschistes au Gabon ont annoncé mercredi qu'ils maintenaient "jusqu'à nouvel ordre" le couvre-feu instauré il y a quatre jours par le pouvoir du président déchu Ali Bongo Ondimba, "pour préserver le calme", dans un communiqué télévisé.
"Dès demain (jeudi), les Gabonais pourront à nouveau librement vaquer à leurs occupations entre 06h00 et 18h00. La restriction de circulation reste en vigueur de 18h00 à 06h00 du matin jusqu'à nouvel ordre", a déclaré un officier supérieur. Le couvre-feu, auparavant de 19h00 à 06h00, est donc allongé d'une heure.
fgn/juma avec les agences
Réactions à travers le monde
"La France condamne le coup d'État militaire qui est en cours au Gabon", a annoncé mercredi le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, en indiquant que Paris "surveille avec beaucoup d'attention l'évolution de la situation".
La diplomatie française "réaffirme son souhait que le résultat de l'élection, lorsqu'il sera connu, puisse être respecté", a ajouté Olivier Véran lors d'une conférence de presse à l'issue du Conseil des ministres.
Appel de la Chine
La Chine, de son côté, a appelé "les parties concernées" au Gabon à "garantir la sécurité" du président Ali Bongo, après le coup d'Etat militaire survenu dans ce pays d'Afrique centrale riche en pétrole.
"La Chine suit de près l'évolution de la situation au Gabon et appelle les parties concernées à agir dans l'intérêt du peuple gabonais [...], au retour immédiat à l'ordre normal, et à garantir la sécurité personnelle d'Ali Bongo", a indiqué devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin.
Ali Bongo, 64 ans, s'était rendu à Pékin au mois d'avril. Le président chinois Xi Jinping l'avait alors qualifié de "vieil ami" de la Chine et avait salué ses "importantes réalisations" en matière de développement.
Russie préoccupée
Le Kremlin a indiqué lui aussi suivre la situation avec une "profonde préoccupation". "La situation au Gabon est un sujet de profonde préoccupation" et "nous surveillons de près ce qui s'y passe", a déclaré mercredi à Moscou à des journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Quid de l'Italie et du Commonwealth
Opposée à une intervention militaire, l'Italie a appelé mercredi à une "solution diplomatique" au Gabon, où un putsch est en cours contre le président sortant Ali Bongo. "L'Italie continue à être engagée en faveur d'une solution diplomatique de la crise au Niger mais aussi celle plus récente au Gabon, en étroite coordination avec ses partenaires", a déclaré le chef de la diplomatie italienne Antonio Tajani dans un communiqué.
Le Commonwealth a jugé la situation au Gabon "profondément préoccupante", rappelant au pays ses obligations en termes de respect de la démocratie. "Les informations concernant la prise de pouvoir illégale au Gabon sont profondément préoccupantes", a estimé la secrétaire générale du Commonwealth, Patricia Scotland, dans un communiqué. Elle a rappelé que les membres du Commonwealth, organisation composée surtout d'anciennes colonies britanniques que le pays d'Afrique centrale a rejoint l'année dernière, devaient respecter "l'Etat de droit et les principes de démocratie".
L'Union africaine "condamne fermement la tentative de coup d'Etat" au Gabon
Le président de la Commission de l'Union africaine (UA) "condamne fermement la tentative de coup d'Etat" au Gabon, dénonçant "une violation flagrante" des principes de l'organisation continentale, dans un communiqué publié mercredi.
Moussa Faki Mahamat "appelle l'armée nationale et les forces de sécurité à s'en tenir strictement à leur vocation républicaine, à garantir l'intégrité physique du président de la République, des membres de sa famille, ainsi que de ceux de son gouvernement".
La Maison Blanche et le Maroc suivent la situation de près
La Maison Blanche "suit de très près" la situation au Gabon, où des militaires putschistes ont placé en résidence surveillée le président Ali Bongo Ondimba, a dit mercredi l'un de ses porte-parole. Pays ami du Gabon, le Maroc "suit de près l'évolution de la situation en République gabonaise", a affirmé le ministère marocain des Affaires étrangères dans un bref communiqué.
Le communiqué insiste aussi sur "l'importance de préserver la stabilité" dans le pays d'Afrique centrale.
John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale des Etats-Unis, a de son côté jugé "profondément inquiétante" la succession de coups d'Etat en Afrique ces dernières années et déclaré: "Nous allons rester concentrés sur le travail à faire avec nos partenaires en Afrique et toute la population du continent pour aider à soutenir la démocratie".
L'ONU "condamne"
Le secrétaire général de l'ONU "condamne fermement la tentative de coup d'Etat en cours" au Gabon, a déclaré son porte-parole Stéphane Dujarric, appelant tous les acteurs à la "retenue" et au "dialogue".
Antonio Guterres "note avec une grande inquiétude l'annonce des résultats des élections dans le contexte d'informations concernant des violations graves des libertés fondamentales; il condamne fermement la tentative de coup d'Etat en cours comme moyen de résoudre la crise post-électorale", a-t-il indiqué, appelant les forces de sécurité à "garantir l'intégrité physique du président de la République et de sa famille".