Les échanges à huis clos ont débuté mercredi à 15h00 à Saint-Denis, au nord de Paris, pour ne se terminer qu'après 03h00 jeudi. Douze heures durant lesquelles rien n'a filtré: la presse était tenue à l'écart et les participants ont dû se séparer de leurs téléphones et de leurs conseillers. Ils étaient censés, avec ce dispositif, se parler franchement.
Pour le chef de l’État, il s’agit de relancer un quinquennat menacé de paralysie. Pour les oppositions, il faut tenter d'influencer la politique menée ces quatre prochaines années. Le président, sa première ministre, et les chefs des partis ont tenté de trouver un terrain d’entente dans un pays où aucune force politique ne détient la majorité absolue.
Les opposants au président français avaient affiché en amont des discussions leur scepticisme. La tentation du boycott était forte, surtout pour les partis de gauche, remontés par la réforme des retraites. Mais aucun protagoniste n'a voulu prendre le risque de se voir accuser de refuser le dialogue.
"Pas de conclusion pour l'instant"
Premier à se présenter aux médias, le président du Rassemblement national Jordan Bardella a évoqué des débats "francs", mais s'est dit "dans l'incapacité" de préciser sur quoi ils déboucheraient. "Il n'y a pas de conclusion pour l'instant", a-t-il dit. Pour le dirigeant du parti d'extrême droite, un référendum sur l'immigration est la "seule mesure efficace".
"On est venus, on a vu et on a été déçus", a dit la cheffe des écologistes Marie Tondelier, tandis que Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise, lâchait à ses côtés avoir eu "l'impression de vivre 12 heures sur la planète Mars" face à un interlocuteur qui n'est pas "prêt à entendre" les propositions de la gauche.
Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, a décrit un président de la République qui "s'est engouffré dans les propositions de la droite". Seul point positif à ses yeux, un engagement présidentiel sur une "conférence salariale" que l'alliance de gauche demandait.
Très courtisé par la Macronie qui dépend souvent des voix de la droite à l'Assemblée en l'absence de majorité absolue depuis 2022, le patron du parti Les Républicains Eric Ciotti s'est déclaré "pour l'heure pas convaincu" par la réunion. Il a toutefois reconnu que "l'exercice était opportun".
Un climat constructif
Selon les rares indications qui ont filtré dans la soirée, les discussions se sont déroulées dans un climat constructif, avec un consensus sur le soutien à l'Ukraine. L’outil du référendum, rarissime en France, est évoqué comme une piste avec comme objet la réforme des retraites pour la gauche et l’immigration pour la droite et l’extrême droite.
A la fin du sommet, Emmanuel Macron a fait savoir qu'il ferait "parvenir dans les prochains jours une lettre synthétisant les échanges et les titres de travail proposés, que chacun pourra amender, pour poursuivre les discussions", selon son entourage.
Une prochaine session de travail a été acceptée, sans qu'une date soit déjà fixée. Les discussions doivent se poursuivre sur d'autres thèmes comme la planification écologique ou la décentralisation.
mac avec agences