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Le Japon multiplie les opérations de communication pour rassurer sur l'état de l'eau à Fukushima

Les journalistes ont été invités à visiter Fukushima pour rassurer la population. [Keystone - AP Photo/Eugene Hoshiko]
Reportage dans la station de filtrage des eaux usées de Fukushima / La Matinale / 1 min. / le 4 septembre 2023
La semaine dernière, le Premier ministre japonais Fumio Kishida s'est mis en scène dans une vidéo où on le voit manger du poisson de Fukushima pour rassurer tous azimuts après le début des rejets des eaux de la centrale nucléaire accidentée. Des visites de presse sont aussi organisées dans le même but.

Attablé avec trois de ses ministres, Fumio Kishida a dégusté de la sole, du porc, du riz, des légumes et des fruits de Fukushima, selon cette vidéo diffusée par le gouvernement japonais sur les réseaux sociaux.

"C'est très bon", a déclaré le Premier ministre face à la caméra après une bouchée de sashimi, appelant à consommer ces produits de la mer japonais "sûrs et délicieux".

Une décision controversée

Malgré les craintes de la population, des acteurs de l'industrie de la pêche, des organisations environnementales et des pays voisins, le Japon a commencé le 24 août à rejeter dans l'océan Pacifique l'eau issue notamment des injections nécessaires pour refroidir les réacteurs endommagés de la centrale de Fukushima Daiichi depuis le tsunami de 2011 dans le nord-est du pays.

Cette décision controversée est largement critiquée dans la région de Fukushima. Une centaine de pêcheurs et d'habitants vont d'ailleurs porter plainte cette semaine contre l'Etat japonais. "Le rejet dans l'océan ne pourra jamais être toléré, car il aggrave la souffrance des victimes de l'accident nucléaire", a déploré une habitante interrogée par l'afp.

Le rejet des eaux de la centrale a aussi largement refroidi les relations avec Pékin. La Chine a en effet suspendu toutes ses importations de produits de la mer en provenance du Japon, même si l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a validé l'opération et si Tokyo assure qu'elle sera sans danger pour l'environnement et la santé humaine.

L'ambassade japonaise à Pékin et des écoles nippones en Chine ont aussi été la cible de jets de briques et d'oeufs. Tokyo a appelé ses ressortissants sur place à s'abstenir de parler fort en japonais. Des entreprises japonaises ont également subi une vague de harcèlement téléphonique provenant de numéros chinois.

>> Revoir le sujet de Tout un monde sur les tensions entre Tokyo et Pékin :

L'ambassade du Japon en Chine se dit harcelée après le rejet en mer de l'eau de Fukushima. [AFP - PEDRO PARDO]AFP - PEDRO PARDO
Pékin entretien prudemment la colère populaire contre le Japon / Tout un monde / 6 min. / le 1 septembre 2023

>> Lire aussi : L'ambassade du Japon en Chine se dit harcelée après le rejet en mer de l'eau de Fukushima

Des visites pour rassurer

Face à cette situation, la compagnie Tepco, qui exploite la centrale, s'active pour tenter de convaincre les opposantes et opposants que ce rejet d’eau en mer est réalisé dans les règles de l’art et ne présente aucun danger. Elle a ouvert ses installations à la presse pour que les journalistes puissent voir sur place le fonctionnement du dispositif de rejet.

RTSinfo a pu visiter les installations avec Kenichi Takahara, un ingénieur et communicant de la compagnie Tepco. "Actuellement, il n'y aucune manipulation, le système tourne en continu, nous contrôlons simplement les paramètres de fonctionnement des équipements", a-t-il confié lundi dans La Matinale, alors qu'un seul ingénieur est aux commandes de l'opération dans une salle de contrôle.

D'énormes citernes stockent l'eau contenant du tritium et d'autres éléments radioactifs juste avant leur rejet en mer. Des mesures sont effectuées pour vérifier que tout est conforme au plan. "En cas d’anomalie, nous refiltrons l’eau", assure Kenichi Takahara. Cette eau descend ensuite par un tuyau pour être diluée dans une quantité d’eau de mer 700 fois plus importante, qui a été pompée au préalable. Ensuite, le mélange s’écoule lentement dans un bassin puis un tunnel sous-marin jusqu'à l'océan.

L’impact sur la mer a été jugé négligeable, mais cela exige encore des vérifications. Le directeur de l'AIEA Rafael Grossi a répété la semaine passée que l'eau de la centrale de Fukushima rejetée en mer était sans danger.

Reportage radio: Karyn Nishimura

Adaptation web: boi avec afp

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