L'érosion des côtes s'accélère et inquiète les populations en Côte d'Ivoire. Sur les plages interminables de Grand-Bassam, à quelques kilomètres d'Abidjan, qui s’étendent sur des dizaines de kilomètres, la mer a creusé le sable pendant quatre jours à la mi-août, repoussant le trait de côte d’une vingtaine de mètres.
Conséquences sur le tourisme
Sur la plage, gisent des palmiers et des arbres déracinés, ainsi que des restes de bâtiments détruits par les vagues. Hervé Daly, propriétaire d’un hôtel-restaurant, observe, impuissant, les dégâts dans son établissement.
"On avait à peu près 30 à 60 mètres où les clients venaient se détendre, mais la mer est venue dévaster et creuser totalement", explique-t-il dans l'émission Tout un monde. "On avait cinq paillotes, certaines en paille, d'autres en tuiles. Elles ont été totalement emportées par la mer".
La piscine de l'établissement a été détruite et plusieurs de ses aménagements ont été dévastés. Hervé Daly en ressent déjà les conséquences car les clients, à la vue des dégâts, repartent. Et la prochaine saison touristique s'annonce aussi compromise, estime-il.
Désormais, tout le long du littoral, les professionnels du tourisme se posent la question de leur activité. Ils se demandent quel serait leur avenir si la mer finissait par rejoindre la lagune qui se trouve juste derrière la bande de terre sur laquelle ils travaillent.
Déplacements de populations
Le littoral ivoirien participe à générer plus de la moitié du PIB du pays. Cela comprend les activités portuaires, mais aussi le tourisme et la pêche artisanale, pourvoyeurs de nombreux emplois.
Les pêcheurs connaissent de grandes difficultés aussi. En raison de l’érosion de la côte, ils doivent remonter les très lourdes embarcations en bois plus haut sur le rivage.
Antoine Kouakou, représentant des pêcheurs du village d’Assouindé a été contraint de démanteler tous ses ateliers de réparations de filets pour faire de la place aux bateaux. "Cette année c’est trop. On ne sait même pas où on va garer les pirogues", témoigne-t-il.
Dans les petits bureaux du Programme de gestion du littoral ouest-africain (WACA), les épisodes de ces derniers jours ne surprennent pas. Le professeur Eric Djagoua explique que l’érosion des côtes est un phénomène naturel qui a été vivement accéléré et aggravé par les activités humaines, comme la construction des ports, l’extraction du sable, l’exploitation touristique et la production de gaz à effet de serre.
"Ce n'est pas nouveau", explique-t-il, mais selon lui, "ces phénomènes se sont amplifiés à cause du changement climatique". Il estime qu'il est maintenant temps de prendre "des mesures d'adaptation qui pourraient vraiment aider la population à vivre dans la quiétude".
Selon WACA, le trait de côte dans les pays ouest-africains recule chaque année de 1,80 mètre. L’organisation exhorte les autorités à organiser dès à présent les déplacements de populations pour tenter de réduire les conflits qu'ils pourraient générer.
Sujet radio: François Hume-Ferkatadji
Adaptation web: Emilie Délétroz