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Carles Puigdemont fixe les conditions du soutien de son parti à Pedro Sanchez

Carles Puigdemont, l'ancien dirigeant catalan en exil, a posé mardi comme condition à son soutien à l'élection d'un nouveau président du gouvernement espagnol que toutes les affaires judiciaires concernant le séparatisme catalan soient abandonnées. [Yves Herman]
Carles Puigdemont fixe les conditions du soutien de son parti à Pedro Sanchez / La Matinale / 1 min. / le 6 septembre 2023
L'indépendantiste catalan Carles Puigdemont a fixé mardi ses conditions à un éventuel soutien de son parti à la reconduction au pouvoir en Espagne de Pedro Sánchez. Il a réclamé, avant toute chose, l'"amnistie" des indépendantistes poursuivis par la justice.

S'exprimant devant la presse à Bruxelles, Carles Puigdemont, figure centrale de la tentative de sécession de la Catalogne en 2017, a notamment exigé "l'abandon complet et effectif de la voie judiciaire contre le mouvement indépendantiste" via "une loi d'amnistie" afin d'"éviter de nouvelles élections".

Il est lui-même réclamé par la justice espagnole et a fui en 2017 en Belgique pour échapper aux poursuites. "Aucune de ces conditions préalables n'est contraire à la Constitution (espagnole) et ne requiert un large processus législatif", a-t-il assuré.

Négociations sur la Catalogne

Une fois cette condition et d'autres remplies, comme l'instauration d'un "mécanisme" de suivi, Carles Puigdemont appelle de ses voeux l'ouverture de négociations en vue de parvenir à un "accord historique" sur l'avenir de la Catalogne. Un accord qui doit passer, selon lui, par l'organisation d'un référendum d'autodétermination que le gouvernement espagnol refuse au motif qu'il est contraire à la Constitution espagnole.

"Existe-t-il un chemin différent de l'indépendance pour garantir la survie de la Catalogne comme nation? Toutes les preuves accumulées depuis des décennies ont montré que non", a encore affirmé Carles Puigdemont. Arrivé deuxième de ce scrutin, qui n'a pas permis de dégager de majorité, Pedro Sánchez est paradoxalement celui qui a le plus de chances de parvenir à rassembler autour de lui une majorité au Parlement pour être reconduit au pouvoir.

Mais il a besoin pour cela des voix des sept députés du parti de Carles Puigdemont, Ensemble pour la Catalogne (Junts per Catalunya), qui ont déjà voté mi-août pour sa candidate, la socialiste Francina Armengol, lors de l'élection à la présidence de la Chambre des députés.

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Visite à Bruxelles

Propulsé dans un rôle inattendu de faiseurs de rois, M. Puigdemont est courtisé depuis le scrutin par la gauche, comme l'a prouvé lundi la visite de la numéro trois du gouvernement Sánchez, Yolanda Díaz, à Bruxelles pour le rencontrer.

Cette visite était la première rendue à Carles Puigdemont par un membre du gouvernement depuis son départ d'Espagne en 2017. Réagissant aux conditions avancées par l'indépendantiste, la porte-parole du gouvernement Isabel Rodríguez a assuré qu'un "monde" le "séparait" des socialistes et promis que tout "dialogue" rentrerait dans "le cadre de la Constitution".

Partisan de l'apaisement en Catalogne, Pedro Sánchez a gracié en 2021 les indépendantistes catalans condamnés à la prison pour leur rôle dans la tentative de sécession mais s'est prononcé par le passé contre une amnistie. Il a toutefois insisté lundi sur le fait qu'il était temps de "tourner la page" par rapport aux "erreurs du passé" commises dans la gestion de la crise catalane, sans dévoiler ce qu'il était prêt à accorder aux indépendantistes.

"Un délinquant et un fugitif"

Les possibles concessions de Pedro Sánchez aux séparatistes catalans ont été critiquées mardi par l'ex-Premier ministre socialiste Felipe González qui a jugé sur la radio Onda Cero que "l'amnistie et l'autodétermination n'étaient pas compatibles avec la Constitution". Droite et extrême droite ont tiré pour leur part à boulets rouges sur les conditions fixées par Carles Puigdemont. "Qui est aux commandes et décide qui sera le prochain chef du gouvernement? Puigdemont", a dénoncé Alberto Núñez Feijóo, en évoquant une "anomalie démocratique".

"Les exigences de Puigdemont (...) sont celles d'un délinquant et d'un fugitif", a dit de son côté le chef du parti d'extrême droite Vox, Santiago Abascal. Vainqueur des législatives, M. Feijóo a été chargé par le roi Felipe VI de présenter fin septembre sa candidature au poste de Premier ministre devant le Parlement. Mais ses chances sont infimes.

Après l'échec attendu du chef du Parti Populaire, Pedro Sánchez disposerait de deux mois pour tenter à son tour d'être investi. S'il n'y parvenait pas, de nouvelles élections seraient convoquées, probablement à la mi-janvier.

agences/br

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