Le week-end prochain, New Delhi accueillera un sommet du G20 devant être couronné par un dîner d'État offert, selon les cartons d'invitation, par le "président du Bharat".
Le gouvernement a en outre convoqué une session extraordinaire du Parlement pour plus tard dans le mois, tout en restant discret sur son programme législatif. Mais la chaîne de télévision News18 a assuré que des sources gouvernementales anonymes lui avaient dit que les parlementaires du BJP présenteraient à cette occasion une résolution spéciale en vue de donner la prééminence au recours officiel au terme "Bharat".
Noms islamiques supprimés aussi
Pendant des décennies, les gouvernements indiens de diverses obédiences ont cherché à effacer les traces de l'ère coloniale britannique en débaptisant des routes et même des villes entières (lire encadré). Le processus s'est intensifié depuis que Narendra Modi est premier ministre (2014) et qu'il a souligné dans des discours publics la nécessité pour l'Inde d'abandonner les relents de la "mentalité coloniale".
Narendra Modi lui-même recourt généralement au mot "Bharat" quand il parle de l'Inde, un nom qui remonte aux anciens textes hindous écrits en sanscrit et qui est l'un de ses deux noms officiels en vertu de sa constitution. Son gouvernement a en outre fait supprimer les noms islamiques de lieux imposés sous l'empire moghol, qui a précédé la colonisation britannique. Cette mesure emblématique, dénoncent ses détracteurs, est un désir d'asseoir la suprématie de la religion hindoue majoritaire en Inde.
Les membres du BJP, le parti nationaliste hindou au pouvoir, ont eux déjà fait campagne contre l'utilisation du nom "Inde", qui trouve ses racines dans l'antiquité occidentale et a été imposé par le Royaume-Uni.
Mélange de réactions offusquées et enthousiastes
Les rumeurs concernant ce projet ont suffi à susciter un mélange de réactions offusquées chez les adversaires de Narendra Modi et de soutiens enthousiastes dans d'autres milieux. "J'espère que le gouvernement ne sera pas assez stupide pour se passer complètement de l''Inde'", a ainsi commenté sur le réseau social X (ex-Twitter) Shashi Tharoor, un responsable du parti du congrès (opposition). "Nous devrions continuer à utiliser les deux mots" et ne pas renoncer à "un nom chargé d'histoire, un nom reconnu dans le monde entier", a-t-il ajouté.
L'ancien joueur de cricket Virender Sehwag s'est, au contraire, félicité de la perspective d'un tel changement d'appellation. Il a exhorté le conseil de cricket indien à commencer à mettre "Bharat" sur les uniformes des équipes. "Inde est un nom donné par les Britanniques. Il est grand temps de retrouver notre nom d'origine 'Bharat'", a-t-il fait valoir.
ats/vic
Plusieurs villes indiennes ont déjà changé de nom
Ces dernières années, avant même l'arrivée au pouvoir de Narendra Modi, plusieurs grandes villes indiennes ont déjà changé de nom.
C'est notamment le cas de quatre des cinq plus grandes villes du pays: Mumbai (Bombay jusqu'en 1995), Kolkata (Calcutta jusqu'en 2001), Chennai (Madras jusqu'en 1996) et Bengaluru (Bangalore jusqu'en 2006).