D’après les tendances, plus d’un million de demandes d’asile pourraient être déposées d’ici la fin de l'année dans les pays européens. Un chiffre qui pourrait flirter avec les records de demandes enregistrés en 2015 et 2016, en pleine guerre en Syrie. Sur le continent européen, les demandes d’asile au premier semestre de cette année ont augmenté de 28%.
"La situation s'aggrave", déplore l'invitée du 19h30 Caroline Abu SaʹDa, fondatrice et dirigeante de l'antenne suisse de l'association SOS Méditerranée.
Mais alors que l'Ocean Viking, navire-ambulance affrété par SOS Méditerranée, a secouru dimanche 68 migrants au large de la Libye, les autorités italiennes ont assigné à l'ONG le port d'Ancône, situé à quatre jours de navigation, pour y débarquer les rescapés.
"D'un côté on nous aide en nous donnant un endroit où débarquer les gens extrêmement rapidement après la fin du sauvetage et d'un autre côté, ce port de sauvetage est extrêmement loin", regrette Caroline Abu SaʹDa.
Tristes records
Alors que l’Italie enregistrait 41'434 arrivées par la mer entre janvier et juillet de l’année passée, leur nombre est passé à 89'160 cette année, soit une augmentation de plus de 115%.
L'ONG SOS Méditerranée observe d'autres chiffres alarmants: une hausse du nombre de mineurs non accompagnés.
"On a constaté une augmentation assez importante du nombre de mineurs non accompagnés. Sur nos opérations entre 2016 et 2023, on est passé de 16-17% à 25-30%, ce qui est énorme!"
La dirigeante de l'association note aussi que les femmes enceintes et personnes à vulnérabilités particulières sont nombreuses.
Dangereuse Méditerranée centrale
La Méditerranée centrale est la route migratoire la plus dangereuse du monde, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). L'agence onusienne estime que depuis début 2023, 2066 migrants y ont disparu contre 1417 sur toute l'année 2022.
Pour Caroline Abu SaʹDa, malgré ces conditions extrêmement difficiles, les migrants ne renoncent pas car ils n'ont pas d'autre choix. "Il y a un tel désespoir et une telle envie de quitter la Libye, et maintenant la Tunisie, qu'ils ne renoncent pas. Je pense que ce sont des départs du désespoir", a-t-elle indiqué.
Quant aux accords entre l'Union européenne et la Libye, et plus récemment avec la Tunisie, pour barrer ces routes de l'exil, Caroline Abu SaʹDa constate qu'ils ne sont pas une solution.
"Laisser mourir les gens en mer n'est pas une méthode de régulation des demandes d'asile. Sans prendre en compte les droits de ces personnes, aucun accord ne tiendra puisque de toute façon, les gens chercheront à partir", conclut-elle.
Sujet tv: Olivier Kohler et Julien von Roten
Adaptation web: juma avec agences