Le coup d'Etat, comme la mort de Salvador Allende qui s'est suicidé pendant que le palais présidentiel de la Moneda était sous les bombes, est commémoré lundi par le président de gauche Gabriel Boric, en présence de ses homologues du Mexique, de la Colombie, de l'Argentine et de l'Uruguay.
Dimanche déjà, des marches se sont tenues à travers le pays. Des incidents se sont produits à Santiago entre la police et des manifestants lors d'une marche à laquelle a participé le président Gabril Boric et qui a rassemblé plus de 5000 personnes. Des individus ont jeté des pierres sur le palais présidentiel, franchissant les barrières de sécurité et endommageant l'accès à un centre culturel situé dans le bâtiment.
Tortures, assassinats, disparitions
Après le putsch de 1973 a commencé une purge des soutiens de Salvador Allende: arrestations, tortures, assassinats, disparitions. La dictature est officiellement responsable de 1747 assassinats. Sur les 1469 personnes portées disparues à la fin du régime en 1990, 307 ont été identifiées. Au total, 1162 corps manquent aux familles pour faire leur deuil.
Emilia Vasquez n'a jamais eu de nouvelles de son fils Miguel, militant de gauche de 23 ans, arrêté en 1973. "Quand on m'a dit qu'il avait été jeté à la mer, cela a été la chose la plus difficile, car j'ai toujours eu espoir de le retrouver vivant", raconte cette mère de 87 ans.
Quelques jours avant le 50e anniversaire du coup d'Etat, Gabriel Boric a lancé un plan national de recherche des disparus, dans ce qui constitue la première tentative coordonnée de l'Etat chilien pour établir les conditions et les circonstances de ces disparitions.
Jusqu'à présent, les recherches reposaient sur les seules épaules des familles de victimes. "C'est très triste. Cela fait 50 ans que je cherche mon fils et je n'ai toujours pas de réponse", se lamente Luz Encina, une femme de 94 ans qui remue ciel et terre pour tenter de le retrouver et de comprendre ce qui lui est arrivé.
250 condamnations
La justice a commencé en 1998 à approfondir les enquêtes sur les violations des droits fondamentaux. Depuis lors, quelque 250 agents de la dictature ont été condamnés, dont, à la fin août, les responsables de la torture et de l'assassinat du chanteur populaire Victor Jara.
Dans le Chili d'aujourd'hui, 79% des 20 millions d'habitants sont nés après le coup d'Etat militaire. Pouponnés à la démocratie, 60% des jeunes ont une opinion négative de Pinochet, contre 12% une opinion favorable, selon l'institut de sondage Activa Research.
C'est pourtant cette nouvelle génération qui s'est révoltée en 2019 contre les inégalités sociales, pointant l'héritage de Pinochet et de la constitution ultra-libérale née sous son régime. Cette révolte a porté au pouvoir le jeune président de l'union de la gauche, Gabriel Boric, contempteur de l'ex-dictateur.
Si avec Gabriel Boric ce sont aujourd'hui les héritiers politiques de Salvador Allende qui gouvernent, c'est l'extrême droite qui vient de se renforcer. Le parti républicain, ultraconservateur, ouvertement nostalgique de Pinochet, a remporté la dernière élection pour mener un processus de nouvelle Constitution.
Augusto Pinochet est pour sa part paisiblement mort d'une crise cardiaque en 2006, à l'âge de 91 ans, sans avoir jamais mis les pieds dans une prison, encore moins dans un tribunal.
boi avec afp