Au coeur de ce procès historique, vingt ans après des poursuites similaires contre Microsoft, se trouve la question suivante: Google doit-il le succès de son moteur de recherche à ses performances ou à des pratiques anticoncurrentielles?
D'après le gouvernement américain, Google a bâti son empire grâce à des contrats illégaux avec des entreprises telles que Samsung, Apple et Firefox, pour que son outil soit installé par défaut sur leurs smartphones et services.
Cette domination d'internet et donc de la publicité numérique a permis à Alphabet, la maison mère de Google, de devenir l'une des entreprises les plus riches du monde.
Pendant 10 semaines d'auditions d'une centaine de témoins dans un tribunal à Washington, l'entreprise californienne va tenter de persuader le juge fédéral Amit Mehta que les accusations du ministère de la justice sont infondées.
Un produit populaire, selon Google
"Notre succès est mérité", a affirmé Kent Walker, directeur juridique d'Alphabet, la maison mère de Google, dans une déclaration officielle.
"Les gens n'utilisent pas Google parce qu'ils n'ont pas le choix mais parce qu'ils le veulent. Il est facile de changer de moteur de recherche par défaut, on n'est plus à l'époque des modems et des CD-ROM", a-t-il ajouté.
Il y a une vingtaine d'années, Google était "la coqueluche de la Silicon Valley en tant que start-up pugnace qui proposait un moyen novateur de faire des recherches sur l'internet naissant", a déclaré le ministère dans sa plainte. "Ce Google a disparu depuis longtemps".
Un acteur incontournable
Le moteur de recherche représente 90% du marché aux États-Unis et dans le monde entier, notamment grâce aux recherches sur les smartphones, essentiellement des iPhone (Apple) et des téléphones opérés par Android (Google).
Les recettes de la publicité adossée aux résultats de recherche représentent près de 60% des revenus du groupe, loin devant ses autres branches, de YouTube à Android. Ses rivaux, comme Bing (Microsoft) et DuckDuckGo, n'ont jamais réussi à gagner beaucoup de terrain.
Séparation des activités
Google risque gros. Si dans quelques mois Amit Mehta tranche en faveur des Etats-Unis, le groupe risque d'être forcé de se séparer de certaines activités pour l'obliger à changer ses méthodes.
En Europe, il a déjà été condamné à des amendes de plus de 8,2 milliards d'euros pour diverses infractions au droit de la concurrence, bien que certaines de ces décisions fassent l'objet d'un appel.
En janvier, le ministère de la Justice a déposé une autre plainte contre Google au sujet de son activité publicitaire. Le procès pourrait avoir lieu l'année prochaine.
ats/ami
Un procès similaire pour Microsoft au tournant du millénaire
C'est le plus important procès intenté au nom du droit de la concurrence contre une grande entreprise technologique depuis que la même autorité s'est attaquée à Microsoft à propos de la domination du système d'exploitation Windows.
Lancées en 1998, les poursuites de Washington contre Microsoft se sont terminées par un accord en 2001, après qu'une cour d'appel a annulé une décision ordonnant la scission de l'entreprise.