L'objectif principal de cette mesure, votée mardi par le Conseil municipal de Venise, est de dissuader les visiteurs à la journée contribuant à engorger la ville célèbre dans le monde pour ses oeuvres d'art, ses ponts et ses canaux.
En 2024, cette taxe payable en ligne ne concernera qu'un maximum de 30 journées durant lesquelles le nombre de touristes est traditionnellement plus élevé, notamment les week-ends avec des ponts au printemps et durant la période estivale.
Le calendrier des jours concernés sera publié ultérieurement. Seront exemptés de cette taxe les moins de 14 ans et les touristes passant au moins une nuit sur place.
Patrimoine bientôt en péril
"C'est un premier pas (...) Nous faisons une expérimentation", a affirmé le maire de droite Luigi Brugnaro, promettant que le "système sera simple à utiliser".
Le feu vert à cette mesure intervient alors que l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco) a recommandé fin juillet de placer la Sérénissime sur la liste du patrimoine mondial en péril, jugeant que l'Italie a jusqu'ici pris des mesures "insuffisantes" pour lutter contre la détérioration du site.
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"La poursuite du développement de Venise, les impacts du changement climatique et le tourisme de masse menacent de causer des changements irréversibles à la valeur universelle exceptionnelle du bien", avait fustigé l'Unesco.
L'élévation du niveau de la mer et autres "phénomènes météorologiques extrêmes" liés au réchauffement climatique "menacent l'intégrité" du site, avait aussi mis en garde l'Unesco.
L'avis de l'Unesco est pour l'instant indicatif: pour que Venise intègre effectivement la liste du patrimoine en péril, il faut l'aval des Etats membres présents à une réunion du Comité du patrimoine mondial qui se tient actuellement à Ryad.
Tourisme de masse
Le vote de cette taxe intervient donc à un moment on ne peut plus opportun pour Venise, qui reporte depuis des années la prise de mesures drastiques, en particulier la mise en place d'une réservation obligatoire et le contingentement du nombre d'entrées dans la ville pour endiguer le déferlement de millions de touristes dans le centre historique saturé.
L'opposition municipale n'a pas manqué de souligner la "hâte" subite entourant cette mesure afin de "montrer à l'Unesco que nous faisons quelque chose". "Une taxe de cinq euros n'empêchera personne de venir à Venise", a jugé le conseiller Gianfranco Bettin.
L'Unesco avait aussi stigmatisé "l'absence de vision stratégique commune globale" et la "faible efficacité et coordination" des autorités locales et nationales italiennes.
"Cette inscription entraînera un plus grand engagement et une plus grande mobilisation des acteurs locaux, nationaux et internationaux", avait-elle espéré.
Venise, ville insulaire fondée au Ve siècle et devenue grande puissance maritime au Xe siècle, s'étend sur 118 îlots. Ce site exceptionnel a intégré le Patrimoine mondial de l'Unesco en 1987.
La Sérénissime est l'une des villes les plus visitées au monde. En pic de fréquentation, 100'000 touristes y dorment, en plus de dizaines de milliers de visiteurs journaliers, à comparer aux quelque 50'000 habitants du centre-ville, qui ne cesse de se dépeupler.
"On est encore trop dans un tourisme de masse, et pas un tourisme durable, au détriment de la population. Venise ne doit pas se transformer en musée à ciel ouvert", avait expliqué en juillet à l'AFP un diplomate de l'Unesco.
Outre le tourisme de masse, Venise et sa lagune souffrent des grandes marées qui inondent régulièrement la place Saint-Marc et fragilisent les fondations de ses édifices.
afp/edel