Des députés français de la majorité et de gauche unis pour régulariser des travailleurs sans-papiers
Avec son projet de loi immigration débattu en commission parlementaire, le gouvernement français manie le sucré et le salé pour plaire autant à la gauche qu'à la droite.
Pour séduire la gauche, il propose la régularisation des travailleurs sans-papiers dans certains secteurs en pénurie. Fait inhabituel, l'idée est portée par des députés de la majorité présidentielle et des élus de gauche. D'ailleurs, une dizaine d'entre eux ont cosigné mardi en Une de Libération une tribune pour défendre cet aspect "humaniste" de la loi.
Ils plaident pour des régularisations "dans les secteurs en tension comme la construction, l'hôtellerie-restauration, la propreté, la manutention, l'aide à la personne". "Sans eux, ces secteurs et des pans entiers de notre pays ne pourraient fonctionner", soulignent-ils, en déplorant une "hypocrisie collective".
"Ce qui est intéressant, c'est qu'on va au-delà des positions très clivées et très caricaturales sur l'immigration, salue Hélène Soupios-David, responsable plaidoyer à France Terre d'Asile, mercredi dans La Matinale de la RTS. Ils reconnaissent qu'il y a un problème qui est constaté par les employeurs, les sans-papiers et les associations et ils proposent d'y remédier de manière concrète et pragmatique. C'est ce qu'on demande: dépassionner ce débat, parce que ce n'est pas tout blanc ou tout noir."
Majorité à trouver
Pourtant, à gauche, certains critiquent une "vision utilitariste" de l'immigration. Ainsi, La France insoumise (LFI) rejette la proposition du gouvernement au nom d'un objectif plus large. "Je suis hostile à l'idée que cette régularisation serait limitée à un certain nombre de secteurs économiques qui seraient des métiers en tension. Je suis favorable à la régularisation de l'ensemble des travailleurs et travailleuses sans-papiers. Comme ces personnes ont un emploi, un contrat de travail, elles doivent être régularisées", réagit Manuel Bompard, coordinateur de LFI, sur le plateau de BFMTV.
La proposition est surtout attaquée par la droite. En l'absence de majorité à l'Assemblée nationale le gouvernement tente de trouver un compromis avec Les Républicains, mais plusieurs ténors de droite ont réaffirmé ces derniers jours leur opposition au volet régularisation du projet de loi.
Alexandre Habay/vajo