Devant les eurodéputés réunis à Strasbourg, la responsable allemande a vigoureusement défendu son bilan. Elle a assuré avoir traduit en action "plus de 90%" des orientations présentées à son arrivée en décembre 2019 - mais sans donner la moindre indication sur son avenir politique.
Dans un contraste saisissant avec l'an dernier, l'Ukraine n'était pas le thème central de son discours, délivré en jonglant entre anglais, français et allemand.
Si elle a salué les "grandes avancées" réalisées par Kiev sur la voie de son adhésion à l'Union, et réaffirmé le soutien des Européens "aussi longtemps que nécessaire" face à l'offensive russe, elle s'est surtout attardée sur le Pacte vert. Elle a tenté de rassurer sur l'application de ce texte qui vise à sabrer les émissions carbone du continent.
Appels à une "pause réglementaire"
Les législations environnementales suscitent des crispations croissantes de certains Etats membres et eurodéputés de son propre camp, le PPE (droite). Ces voix appellent à une "pause" réglementaire et dénoncent volontiers le "fardeau" administratif pour entreprises et agriculteurs, sur fond de montée de l'extrême-droite en Europe.
Alors que, hormis le plan climat, le Pacte vert reste largement inachevé avec 37 textes encore en négociation (dont ceux, très disputés, sur la "restauration de la nature" et l'encadrement des pesticides), Ursula von der Leyen a annoncé sa volonté de "garder le cap" et de "rester ambitieux".
Promesse aux agriculteurs et aux industriels
Mais aussi de "garantir une transition juste et équitable" avec "la promesse solennelle de ne laisser personne de côté", a-t-elle aussitôt ajouté. Elle a notamment promis "moins de polarisation" avec les agriculteurs.
Soucieuse de donner des gages aux industriels, elle entend faciliter encore davantage la délivrance de permis aux éoliennes et a annoncé l'ouverture d'une enquête sur les subventions publiques chinoises aux automobiles électriques pour défendre les constructeurs de l'UE face à des "prix artificiellement bas".
L'Association des constructeurs européens (ACEA) a salué "un signal positif", tout en réclamant "une stratégie industrielle solide et globale" d'ampleur pour "rivaliser" avec le reste du monde.
Elargissement, budget, migration
Sur l'élargissement de l'UE, ses mots étaient scrutés: Bruxelles doit présenter à l'automne ses recommandations sur l'ouverture de négociations d'adhésion avec l'Ukraine et la Moldavie. Cinq pays des Balkans occidentaux sont aussi candidats à l'adhésion.
"Nous ne pouvons pas - nous ne devrions pas - attendre de modifier les traités pour avancer sur la voie de l'élargissement", a estimé Ursula von der Leyen, appelant à "adapter plus rapidement l'Union", ses institutions et son budget, mais se gardant de fixer un calendrier.
Parmi les chantiers en cours, la réforme sensible des règles budgétaires européennes fait l'objet d'âpres pourparlers, tout comme l'épineuse réforme de la politique migratoire, sur fond de capacités d'accueil sous pression face à la hausse des demandes d'asile.
La dirigeante a appelé Etats membres et eurodéputés à intensifier leurs efforts: "Montrons que l'Europe peut gérer les migrations avec efficacité et compassion. Finissons le travail!", a-t-elle exhorté. Elle a aussi vanté le récent "partenariat stratégique" conclu en juillet avec la Tunisie, appelant à "des accords similaires avec d'autres pays".
Vents contraires sur l'économie
Enfin, la présidente de la Commission a pointé les "forts vents contraires" assombrissant l'économie: les pénuries de main-d'oeuvre - "goulets d'étranglement de la compétitivité" - et la persistance d'une "inflation forte". Celle-ci s'élevait à 5,3% en août, et son retour à 2% "prendra du temps", a-t-elle reconnu.
Ce discours intervient alors que les manoeuvres politiques ont commencé en vue des élections européennes de juin 2024 et que les spéculations courent sur la volonté d'Ursula von der Leyen de rempiler pour cinq ans.
ats/ami
Feu vert des eurodéputés pour verdir le carburant des avions
Le Parlement européen a donné mercredi son feu vert final aux règles imposant un taux minimum de carburants "verts" pour les avions au départ de l'UE afin de réduire les émissions du transport aérien.
Les eurodéputés ont approuvé par 518 voix (97 voix contre, 8 abstentions) l'accord conclu en avril entre négociateurs du Parlement et États membres, qui s'inscrit dans l'ambitieux plan climat européen.
Il prévoit que les carburants disponibles dans les aéroports de l'UE compteront en 2025 dans leur composition au moins 2% de "carburants aériens durables" (SAF), puis 6% en 2030, avec une augmentation progressive jusqu'à 70% d'ici 2050.
Ces "carburants durables" incluent les carburants de synthèse (fabriqués à partir d'hydrogène et de CO2), l'hydrogène renouvelable, les carburéacteurs à base de gaz résiduaires et déchets plastiques, ou encore les biocarburants issus de résidus agricoles, d'algues, de biomasse, ou d'huile de cuisson usagée (mais pas ceux issus de cultures vivrières ou de sous-produits d'huile de palme).
L'accord fixe par ailleurs une part minimale de 1,2% de carburants de synthèse dans le kérosène fourni par les aéroports européens en 2030-2031, puis 5% en 2035, avant d'atteindre 35% en 2050.
Cette nouvelle législation pourrait réduire d'environ deux tiers les émissions de CO2 du transport aérien européen d'ici 2050 par rapport au scénario où aucune mesure ne serait prise, selon la Commission. L'aviation représente environ 4% des émissions européennes de gaz à effet de serre.
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