"Les marchés mondiaux sont aujourd'hui inondés de voitures électriques chinoises bon marché, dont le prix est maintenu artificiellement bas par des subventions publiques massives", a affirmé Ursula von der Leyen dans un discours au Parlement européen à Strasbourg.
"L'Europe est ouverte à la concurrence. Pas à un nivellement par le bas", a lancé la responsable allemande, recueillant des applaudissements nourris.
L'annonce de cette enquête représente un geste envers la France qui poussait ces derniers mois pour une Europe s'affirmant davantage face aux pratiques jugées protectionnistes de Pékin. D'autres pays membres, comme l'Allemagne, qui misent davantage sur le commerce international, sont traditionnellement plus réservés, par crainte de froisser le géant asiatique.
Mais Paris et Berlin ont cette fois approuvé l'initiative à l'unisson.
Si les subventions chinoises "ne sont pas conformes aux règles de l'Organisation mondiale du commerce, il faut que l'Europe puisse riposter", a déclaré le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire, saluant "une très bonne décision" d'Ursula von der Leyen. "Nous voulons une coopération équitable entre la Chine et l'Europe. Ça n'est pas et ça ne peut pas être la faiblesse", a-t-il martelé.
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"Avantage concurrentiel déloyal"
"C'est globalement la bonne attitude", a estimé son homologue allemand Robert Habeck, lors d'une conférence de presse commune à Berlin. "Il ne s'agit pas d'exclure du marché européen des voitures performantes et bon marché, mais de voir s'il y a des subventions cachées, directes ou indirectes, qui représentent un avantage concurrentiel déloyal", a-t-il expliqué.
L'enquête "antisubventions" a également été saluée par l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA), principal lobby de la filière dans l'UE.
La Chine mise depuis longtemps sur les motorisations électriques dans l'automobile et a pris une longueur d'avance sur l'Europe notamment dans les technologies de batterie. Ses constructeurs s'appuient sur leur immense marché intérieur, le premier au monde, pour conquérir désormais l'Europe grâce aux fortes économies d'échelle dont ils bénéficient.
Pour un "dialogue" avec Pékin
Les entreprises européennes "sont souvent battues sur le terrain des prix par des concurrents bénéficiant d'énormes subventions publiques. Nous n'avons pas oublié combien notre industrie solaire avait pâti des pratiques commerciales déloyales de la Chine", a souligné mercredi Ursula von der Leyen.
La présidente de l'exécutif européen a cependant plaidé pour un "dialogue" avec Pékin.
"Nous devons nous défendre contre les pratiques déloyales. Mais il est tout aussi essentiel de maintenir nos lignes de communication ouvertes et de poursuivre notre dialogue avec la Chine. Parce qu'il y a aussi des sujets sur lesquels nous pouvons et devons coopérer", a-t-elle déclaré. "Réduction des risques, pas découplage", a-t-elle martelé.
Le commissaire au Commerce, Valdis Dombrovskis, a annoncé dans la foulée qu'il se rendrait en Chine la semaine prochaine "pour discuter des opportunités et des défis commerciaux et économiques", dans un message posté sur X.
afp/juma