Parmi les 705 députés au Parlement de Strasbourg, dans les capitales européennes ou dans l'entourage d’Ursula von der Leyen (VDL), ils sont nombreux à le penser: Ursula von der Leyen sera candidate à sa succession.
Margaritis Schinas, vice-président de la Commission, confiait même mercredi à la RTS avoir évoqué le sujet avec l'intéressée "juste avant l'été". "Elle me disait vouloir en discuter avec sa famille". A 64 ans, Ursula von der Leyen est mère de sept enfants et elle est aussi grand-mère.
Dans un appartement de 20 m2
C'est peu dire que le travail n'effraie pas cette femme toujours tirée à quatre épingles dans un tailleur de couleurs vives et la chevelure parfaitement en place. Dès son arrivée à la tête de la Commission en décembre 2019, Ursula von der Leyen a surpris tout le monde: au lieu d'occuper une maison de maître dans les beaux quartiers de Bruxelles, comme Jose Manuel Barroso, l'un de ses prédécesseurs, l'Allemande a décidé de se faire aménager un petit appartement de 20m2, sans fenêtre, attenant à son bureau au sommet du Berlaymont, le siège de la Commission européenne. Elle y travaille et y vit, quand elle ne parcourt pas l’Europe. Le matin à l'aube, c'est l'heure du jogging.
Depuis son arrivée, "VDL" s’est entourée d'un petit groupe de fidèles venus d’Allemagne, qui fonctionne en vase clos. Ce petit groupe contrôle tout, jusqu'à l’image et la communication. Ursula von der Leyen préfère se mettre en scène dans des petites vidéos ou faire des déclarations sans questions, plutôt que de donner des conférences de presse.
Un série ininterrompue de crises
La présidente de la Commission a été depuis son élection une ascète au service d'une Europe en crise. Elle a mené à bien l'aventure du Brexit, développé une politique de la santé et des vaccins pendant le Covid, piloté le plan de relance économique de l'UE, organisé l'Europe face à la Russie de Vladimir Poutine. Elle est proche des Etats-Unis, trop disent certains. Mais au moins, quand elle veut joindre l'Europe, Washington sait désormais quel numéro appeler: celui de "VDL".
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Dans les institutions, tout le monde s'accorde sur un point: elle a vécu avec certains succès une présidence de crises.
Elle a réussi à incarner l'Europe malgré l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Ça personne ne lui ôtera
"Elle a construit comme on lui avait demandé cette Europe forte, puissante, indépendante avec de la réindustrialisation. Malgré cette présidence de crises entre le Covid et l'agression de l'Ukraine par la Russie, je trouve qu'il y a une bonne articulation entre la présidente de la Commission européenne et les membres du Conseil. C'est ce qui permet de travailler rapidement", se félicite Laurence Boone, secrétaire d'État chargée des Affaires européennes, jeudi dans l’émission Tout un monde.
"Le bilan de VDL, c'est la création d'instruments dans une période de crise qui ont été extrêmement importants. Ce n'est donc pas un bilan nul du tout. C'est un bilan collectif. Si nous n'avions pas poussé pour le Green Deal, pour des instruments sociaux et si les Etats ne s'étaient pas accordés sur la mutualisation des emprunts, ce bilan ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui", dit de cette conservatrice allemande l'eurodéputé socialiste Raphaël Glucksman.
"Elle a réussi à incarner l'Europe au moment fondamental dans notre histoire qu'est l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Au lendemain, dès le 25 février 2022, elle a réussi à être cette incarnation de l'Europe. Ça personne ne lui ôtera."
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Une droite insatisfaite
Avant la Commission européenne, Ursula von der Leyen était ministre fédérale dans un gouvernement conservateur de droite de la CDU. Mais elle ne fait pas pour autant l'unanimité dans son propre camp. Depuis qu'elle a mis en place, avec le soutien du groupe conservateur PPE, le pacte vert pour l'Europe (Green Deal), des élus conservateurs ne taisent pas leurs critiques.
Elle serait trop verte, trop rose à leurs yeux, et le Green Deal ne prendrait pas assez en compte les intérêts de l'industrie, ce qui ne passe pas auprès de l'eurodéputé PPE Marian-Jan Marinescu: "J'espérais qu'elle prendrait en considération l'opinion publique et celle de l'industrie dans le Green Deal. Mais aucune proposition ne tient compte de la compétitivité économique et des places de travail. Il faut donc faire quelque chose pour régler cette situation."
Sujet radio: Alain Franco
Adaptation web: Julie Marty