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Masih Alinejad: "Les gens en Iran veulent la fin de ce régime d'apartheid des genres"

Masih Alinejad, journaliste iranienne réfugiée aux États-Unis, fait le point sur l’avancement des révoltes des femmes en Iran
Masih Alinejad, journaliste iranienne réfugiée aux États-Unis, fait le point sur l’avancement des révoltes des femmes en Iran / 19h30 / 4 min. / le 15 septembre 2023
La journaliste iranienne Masih Alinejad, qui vit en exil aux Etats-Unis, lutte depuis des années contre l'obligation du port du voile dans son pays. Interviewée vendredi dans le 19h30, elle affirme que la révolte des femmes depuis la mort de Mahsa Amini a créé un mouvement plus large contre le régime islamique.

Il y a un an, le décès de Mahsa Amini, arrêtée par la police des mœurs pour une mèche qui dépassait de son voile, a provoqué la colère de la jeunesse iranienne. Sa révolte dans la rue et sur les réseaux sociaux a été réprimée dans le sang par le pouvoir. Depuis, si les rassemblements se font rares, de nombreuses jeunes femmes bravent toujours l'interdiction de sortir les cheveux au vent. Face à cette désobéissance, les autorités serrent la vis.

Aux yeux de la journaliste Masih Alinejad, le mouvement d'émancipation n'est toutefois pas près de s'arrêter: "Je pense que la lutte des femmes iraniennes est allée au-delà du port obligatoire du hijab. Les demandes sont très claires: les gens en Iran veulent la fin de ce régime d'apartheid des genres", déclare-t-elle. "Pour cela, ils se font violer et tuer en prison. Ils sont la cible d'attaques chimiques. Plus de 700 manifestants innocents ont été tués, 20'000 ont été arrêtés et nombreux sont ceux à avoir été exécutés. Je pense que la flamme de la révolution brûle toujours. C'est la raison pour laquelle la République islamique a peur des femmes", développe l'Américano-iranienne.

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Retour sur les révoltes en Iran, à la veille des commémorations de la mort de la jeune Mahsa Amini le 16 septembre 2022
Retour sur les révoltes en Iran, à la veille des commémorations de la mort de la jeune Mahsa Amini le 16 septembre 2022 / 19h30 / 2 min. / le 15 septembre 2023

A entendre Masih Alinejad, la révolte n'a pas dit son dernier mot. Pour illustrer son propos, elle soutient que le nombre de femmes enlevant leur hijab devant les caméras a augmenté. "Les adolescentes sont hors de contrôle", affirme-t-elle. Devant l'objectif, les membres des familles des victimes de la répression "disent aux ayatollahs: 'la Révolution [islamique] a besoin de sang. Vous avez tué nos enfants. Nous sommes les voix de ceux qui nous sont chers. Nous n'avons pas peur de vous'. Si ce n'est pas une révolution, qu'est-ce qu'une révolution?", questionne Masih Alinejad.

Appel aux pays occidentaux

D'après l'écrivaine et militante, le climat change dans le pays qui l'a vu naître en 1976 et qu'elle a été forcée de quitter en 2009. Même celles et ceux favorables au port du voile et qui ont soutenu la Révolution il y a 40 ans pourraient changer de camp, car, dit-elle, "ils ne croient plus en la République islamique". "Ce que fait la République islamique, ce n'est pas seulement obliger à porter le hijab, mais c'est aller à l'encontre de la dignité de toute la nation. Raison pour laquelle je pense qu'un Iran sans République islamique serait bénéfique à ceux qui soutenaient le régime", estime-t-elle.

Masih Alinejad pointe en revanche du doigt les dirigeants des pays occidentaux qui ont, selon elle, "abandonné le peuple iranien". Elle leur demande de soutenir les Iraniennes et Iraniens face à leurs autorités: "Les gens ont pu ébranler le régime. Pourtant les leaders occidentaux viennent à la table des négociations et recommencent à faire affaire avec les tueurs. Cela aide le régime iranien à rester au pouvoir. Les gens en Iran vont changer, mais pour cela, ils ont besoin de l'aide des pays occidentaux", clame la journaliste.

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Propos recueillis par Jennifer Covo

Adaptation web: Antoine Michel

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