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Répression et chagrin un an après la mort de Mahsa Amini en Iran

Un an après la mort de Mahsa Amini, la communauté iranienne de Suisse s'est donnée rendez-vous à Genève
Un an après la mort de Mahsa Amini, la communauté iranienne de Suisse s'est donnée rendez-vous à Genève / 19h30 / 1 min. / le 16 septembre 2023
Les autorités iraniennes ont empêché samedi la famille de Mahsa Amini d'organiser une cérémonie pour le premier anniversaire de sa mort. Elles ont interdit à son père de quitter son domicile après l'avoir brièvement interpellé, selon des défenseurs des droits humains.

Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, est décédée après son arrestation le 16 septembre 2022 pour avoir prétendument enfreint le code vestimentaire strict imposé aux femmes, l'un des piliers idéologiques de la République islamique depuis la chute du chah laïc en 1979.

>> Relire : Colère en Iran après la mort d'une jeune femme arrêtée par la police religieuse

Sa famille affirme qu'elle est décédée des suites d'un coup à la tête, mais les autorités nient cette version des faits. La mort de Mahsa Amini a été suivie par des manifestations de colère menées en grande partie par des femmes qui ont ouvertement défié le régime et ébranlé les autorités du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei.

Le père de Mahsa Amini, Amjad Amini, a été interpellé samedi alors qu'il sortait de la maison familiale dans la ville de Saghez, dans l'ouest du pays, puis relâché après avoir été enjoint de ne pas organiser de commémoration devant la tombe de la défunte, ont indiqué les ONG Kurdistan Human Rights Network (KHRN), 1500tasvir monitor et Iran Human Rights (IHR), basé en Norvège.

Il n'est désormais plus autorisé à quitter son domicile, des membres des forces de sécurité étant postés à l'extérieur, ont ajouté les ONG dans des déclarations distinctes.

Perte d'élan

Mais après plusieurs mois, elles ont perdu leur élan face à une répression qui a vu 551 manifestants, incluant 68 enfants et 49 femmes, tués par les forces de sécurité, selon l'organisation iranienne Human Rights (IHR) basée en Norvège, et plus de 22'000 autres arrêtés, selon Amnesty International. Sept hommes ont également été exécutés pour des faits liés à ces manifestations.

Les militants affirment que la répression s'est intensifiée à l'approche du premier anniversaire, ciblant notamment les proches des personnes tuées lors des manifestations pour s'assurer qu'ils ne s'expriment pas.

Les membres des familles d'au moins 36 personnes tuées ou exécutées lors de la répression ont été interrogés, arrêtés, poursuivis ou condamnés à une peine de prison en août, a indiqué pour sa part l'ONG Human Rights Watch (HRW).

>> Ecouter l'analyse dans Forum de Mohamed Reza-Djalili, professeur émérite au Geneva Graduate Institute et expert de l'Iran :

Une femme voilée passe devant une peinture murale à Téhéran le 10 octobre 2022. [EPA - Abedin Taherkenareh]EPA - Abedin Taherkenareh
Il y a un an, la mort de Mahsa Amini en Iran: interview de Mohammad Reza-Djalili / Forum / 4 min. / le 16 septembre 2023

Empêcher toute commémoration

"Les autorités iraniennes tentent d'étouffer la dissidence pour empêcher la commémoration publique de la mort en détention de Mahsa Jina Amini, devenue le symbole de l'oppression systématique des femmes, de l'injustice et de l'impunité par le gouvernement", a déclaré Tara Sepehri Far, chercheuse sur l'Iran à HRW.

Les deux journalistes qui ont le plus suivi l'affaire, Niloufar Hamedi et Elahe Mohammadi, sont emprisonnées depuis près d'un an, tandis qu'une autre, Nazila Maroufian, qui a interviewé le père de Mahsa, Amjad Amini, a été détenue à plusieurs reprises.

Selon l'ONG Hengaw qui suit la situation des Kurdes, le gouvernement a envoyé des forces de sécurité supplémentaires à Saghez, ville natale de Mahsa Amini, et dans d'autres localités qui pourraient devenir des zones sensibles ce weekend.

"Meurtre de masse extrajudiciaire"

Par ailleurs, un projet de loi connu sous le nom de "Soutien à la culture du hijab et de la chasteté" prévoyant des sanctions beaucoup plus sévères pour la violation de la législation en vigueur est à présent devant le Parlement iranien.

Amnesty International a accusé les dirigeants iraniens d'avoir commis une "litanie de crimes relevant du droit international pour éradiquer toute remise en cause de leur main de fer sur le pouvoir", déplorant qu'aucun responsable n'ait fait l'objet d'une enquête sur la mort de Mahsa Amini ou sur la répression.

A la veille de cet anniversaire, les Etats-Unis, à couteaux tirés avec l'Iran, et leurs alliés occidentaux incluant le Royaume-Uni et l'Union européenne, ont imposé de nouvelles sanctions à Téhéran en raison de la répression des manifestations.

Réagissant à ces sanctions, l'Iran a dénoncé samedi "des déclarations interventionnistes".

Le président iranien, Ebrahim Raïssi, a lui rencontré samedi des familles de membres des forces de sécurité tués lors du mouvement de contestation de 2022.

>> Plus d'informations dans le journal horaire de 14h00 sur RTS La Première :

Le président iranien Ebrahim Raïssi a rencontré des familles de membres de forces de sécurité tuées lors du mouvement de contestation de 2022. [Keystone - EPA - Iranian presidential office handout]Keystone - EPA - Iranian presidential office handout
Le président iranien rencontre des familles de forces de l'ordre tuées lors de la contestation / Le Journal horaire / 25 sec. / le 16 septembre 2023

afp/edel/kkub

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Manifestation à Bâle un an après la mort de Mahsa Amini

Plusieurs centaines de personnes ont défilé samedi à Bâle à l'occasion du premier anniversaire de la mort de Mahsa Amini, devenue l'icône de la contestation iranienne. Les manifestants ont répondu à l'appel de l'organisation Free Iran Switzerland.

Plusieurs centaines de personnes ont défilé samedi à Bâle à l'occasion du premier anniversaire de la mort de Mahsa Amini. [Keystone - Georgios Kefalas]
Plusieurs centaines de personnes ont défilé samedi à Bâle à l'occasion du premier anniversaire de la mort de Mahsa Amini. [Keystone - Georgios Kefalas]

Le cortège comptait presque exclusivement des exilés et des représentants de la communauté kurde, a constaté samedi sur place un journaliste de Keystone-ATS. Des policiers encadraient la manifestation.

Les organisateurs ont demandé à la Suisse de changer sa politique vis-à-vis de l'Iran. Ils ont notamment exhorté Berne à reprendre les sanctions de l'Union européenne contre Téhéran et à geler les fonds des membres du régime.

Une manifestation s'est également tenue à Genève, et à Lucerne