La demande en énergies fossiles pourrait atteindre son maximum avant 2030

Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), la demande de pétrole, de gaz naturel et de charbon atteindra un pic avant 2030. Dans une tribune du Financial Times, le directeur de l'AIE Fatih Birol explique cette future baisse par la croissance rapide des énergies renouvelables.

Ce pic de demande est finalement prévu plus tôt que ce que l'agence internationale de l'énergie (AIE) avait précédemment prévu. Ce changement de prévision s'explique par la forte croissance des énergies renouvelable, une conséquence de la crise énergétique mondiale attisée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Selon Francis Perrin, directeur de recherche à l'IRIS à Paris et spécialiste des questions énergétiques, ce scénario du déclin de la demande pour les énergies fossiles dans les années à venir est crédible. "Est-ce que c'est 2030, un peu avant ou un peu après? Peu importe, nous ne sommes pas à quelques années près lorsqu'il s'agit d'évolutions aussi majeures pour l’avenir du monde."

>> A lire également : Mieux exploiter l'énergie solaire permettrait à la Suisse de répondre aux objectifs climatiques

Le début de la fin, vraiment?

Néanmoins, Francis Perrin se montre plus méfiant que Fatih Birol sur les prévisions à venir. "Ce n'est pas parce qu'on arrive à un plafond qu’ensuite on disparaît. Et là où sans doute on peut discuter des propos de Monsieur Birol, c'est lorsqu'il dit 'c'est le début de la fin de l'ère des énergies fossiles'. Je serais beaucoup plus prudent que lui."

Fatih Birol a par ailleurs appelé les décideurs politiques à faire davantage pour accélérer la transition énergétique. Selon lui, ces baisses estimées de la demande ne sont pas assez abruptes pour engendrer un effet global de limitation du réchauffement climatique.

Rôle essentiel des pays émergents

Frédéric Potelle, directeur de la recherche à la banque Bordier à Genève, reste également prudent sur ces prévisions. Le rôle des pays émergents sera essentiel. "On voit mal comment les pays encore en développement vont émerger sans avoir un recours accru à la consommation de pétrole".

Il prend pour exemple l'Inde, avec 1,4 milliard d'habitants, ou les pays africains, avec plus de 1,2 milliard d'habitants et une croissance très forte de la population. "Ce seront eux les premiers déterminants de la croissance de la demande pétrolière. Finalement, c'est eux qui ont la réponse de savoir si la projection de l'AIE, qui est volontariste, est réaliste ou pas", explique Frédéric Potelle.

Et de rappeler qu'à l'heure actuelle, encore 80% de toute l'énergie consommée dans le monde est d'origine fossile. "Ce chiffre de 80 a en réalité très peu évolué à la baisse depuis 5, 10, ou 20 ans", souligne-t-il.