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La reprise des combats au Karabakh inquiète la communauté internationale

Des femmes et des enfants s'abritent dans un refuge lors d'un bombardement à Stepanakert, dans le Haut Karabakh. [AP/Keystone - Siranush Sargsyan]
Des femmes et des enfants s'abritent dans un refuge lors d'un bombardement à Stepanakert, dans le Haut Karabakh. - [AP/Keystone - Siranush Sargsyan]
Les combats initiés mardi au Haut Karabakh par l'Azerbaïdjan, trois ans après une guerre qui avait débouché sur une déroute militaire de l'Arménie, ont déjà fait 29 morts et suscitent l'inquiétude de la communauté internationale.

La reprise du conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan s'est invitée mardi en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, la France réclamant une réunion "d'urgence" du Conseil de sécurité pour prendre acte d'une offensive "illégale" et "injustifiable" menée par Bakou au Haut Karabakh.

Cette réunion pourrait avoir lieu "dans les prochains jours", ont indiqué à l'AFP deux sources diplomatiques, évoquant jeudi.

La Russie a elle appelé mercredi matin à "cesser immédiatement l'effusion de sang, à mettre un terme aux hostilités et à arrêter les pertes civiles", dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

Bakou appelle les combattants du Haut Karabakh à se rendre

Mardi soir, la présidence azerbaïdjanaise a appelé les troupes du Haut Karabakh - territoire sécessionniste d'Azerbaïdjan majoritairement peuplé d'Arméniens - à déposer les armes, condition sine qua non pour le début de négociations.

"Les forces armées arméniennes illégales doivent hisser le drapeau blanc, rendre toutes les armes et le régime illégal doit se dissoudre. Autrement, les opérations antiterroristes continueront jusqu'au bout", a-t-elle déclaré.

La présidence a proposé, en cas de capitulation, des pourparlers "avec les représentants de la population arménienne du Karabakh à Yevlakh", une ville azerbaïdjanaise à 295 km à l'ouest de Bakou. Avant cela, les autorités de cette région avaient réclamé un cessez-le-feu immédiat et des négociations.

Interrogé dans La Matinale, Ahmad Alili, directeur du think tank Caucasus Policy Analysis Centre, à Bakou, juge que des "troupes supplémentaires illégitimes" se trouvent actuellement au Haut Karabakh. D'après lui, l'Azerbaïdjan y a vu une "menace pour sa souveraineté", ce qui explique son intervention armée.

>> L'interview d'Ahmad Alili dans La Matinale :

Ahmad Alili, directeur du think tank, Caucasus Policy Analysis Centre, à Baku. [X]X
Reprise des combats entre l'Azerbaïdjan et le Haut Karabakh: interview d'Ahmad Alili / La Matinale / 1 min. / le 20 septembre 2023

Des tirs d'artillerie sur toute la ligne de contact

Depuis mardi, les combats ont fait au moins 29 morts. Les séparatistes ont signalé 27 morts, dont deux civils, et plus de 200 blessés, tandis qu'environ 7000 habitants de 16 localités ont été évacués.

L'Azerbaïdjan a de son côté rapporté que deux civils avaient péri dans les zones sous son contrôle. Dans la ville de Choucha, un ouvrier du bâtiment est décédé à la suite d'éclats d'obus, et un autre civil est mort dans le district d'Agdam.

Les séparatistes affirment que plusieurs villes du Haut Karabakh, dont sa capitale Stepanakert, sont ciblées par des "tirs intensifs", qui visent aussi des infrastructures civiles.

Les affrontements ont lieu "sur toute la ligne de contact" de ce territoire et les Azerbaïdjanais ont recours à l'"artillerie", à des roquettes, à des drones d'attaque, à des avions, ont-ils dit. Soixante positions arméniennes y ont été conquises, a annoncé dans la soirée Bakou.

>> Revoir le reportage du 19h30 sur la situation au Haut Karabakh :

L’Azerbaïdjan a lancé une opération militaire au Haut Karabakh, trois ans après la précédente guerre contre l’Arménie
L’Azerbaïdjan a lancé une opération militaire au Haut Karabakh, trois ans après la précédente guerre contre l’Arménie / 19h30 / 1 min. / le 19 septembre 2023

L'Arménie craint un "nettoyage ethnique"

Quant à l'Arménie, qui a dénoncé une "agression de grande ampleur" à des fins de "nettoyage ethnique", elle a assuré ne pas avoir de troupes au Haut Karabakh, laissant entendre que les séparatistes étaient seuls face aux soldats azerbaïdjanais.

Invité de La Matinale mercredi, Vicken Chetarian, chargé de cours au Global Studies Institute de Genève (GSI) a dit partager cette analyse. D'après lui, le Haut Karabakh est coupé du monde et la volonté d'un "nettoyage ethnique" de la part des forces azerbaïdjanaises est réelle.

"L'Azerbaïdjan essaie de prendre le contrôle total de ce territoire et de chasser sa population. Depuis le 12 décembre 2022, le pays a imposé un blocus, donc les habitants et les résistants de la région n'ont pas eu d'aide de l'extérieur. La région manque de tout, de nourriture, de médicaments, de carburant, le but est évident: réaliser un nettoyage ethnique de la région", estime-t-il.

Pour celui qui est également journaliste, l'Azerbaïdjan possède "les moyens militaires" de "prendre le contrôle de la région" en quelques jours seulement. "Il pourra alors chasser la population mais on craint aussi des massacres contre des civils arméniens", ajoute-t-il.

>> Revoir l'interview de Vicken Chetarian dans La Matinale :

Que se passe-t-il dans le Haut Karabakh? Interview de Vicken Cheterian
Que se passe-t-il dans le Haut Karabakh? Interview de Vicken Cheterian / La Matinale / 5 min. / le 20 septembre 2023

ther avec l'afp

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