L'Azerbaïdjan veut la "réintégration pacifique" du Karabakh et la normalisation avec l'Arménie
"L'Azerbaïdjan a pour objectif la réintégration pacifique des Arméniens du Karabakh et soutient également le processus de normalisation entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan", a déclaré lors d'une conférence de presse Hikmet Hajiev, un conseiller du président azerbaïdjanais Ilham Aliev.
Il a également promis "un passage en toute sécurité" aux forces arméniennes du Haut Karabakh, qui ont accepté de rendre les armes dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu.
Contingent russe
Les forces séparatistes "rendront les armes" et abandonneront leurs positions, a précisé Hikmet Hajiev. "Toutes les actions sur le terrain sont coordonnées avec les forces de maintien de la paix russes", a-t-il également ajouté.
Ce contingent russe est déployé sur place depuis fin 2020 et la fin du dernier conflit en date dans la région. L'Azerbaïdjan a lancé mardi matin une offensive au Haut Karabakh, région sources de vives tensions entre le pays et l'Arménie depuis des décennies.
Cessez-le-feu
Après 24 heures de combats meurtriers, un accord de cessez-le-feu a été conclu, victoire majeure pour le président azerbaïdjanais Ilham Aliev dans sa volonté de prendre le contrôle de l'enclave majoritairement peuplée d'Arméniens. La zone a déjà été le théâtre de deux guerres, l'une de 1988 à 1994 et l'autre à l'automne.
Le président du Conseil européen Charles Michel a appelé mercredi l'Azerbaïdjan à "garantir les droits et la sécurité" des Arméniens du Haut Karabakh, après le cessez-le-feu annoncé dans la région.
Milliers de manifestants
Des milliers de personnes ont manifesté mercredi devant le siège du gouvernement arménien, a constaté une journaliste de l'AFP, le Premier ministre Nikol Pachinian étant critiqué pour n'avoir pas envoyé d'aide aux séparatistes du Haut Karabakh, cibles d'une offensive azerbaïdjanaise.
Nikol Pachinian "doit partir, il ne peut pas diriger le pays", a déclaré l'un des participants à ce rassemblement, Sarguis Hayats, un musicien de 20 ans. "Nous perdons notre patrie, notre peuple", a-t-il ajouté.
Réaction de la France
La cheffe de la diplomatie française s'est montrée prudente sur le cessez-le-feu annoncé par Bakou et s'est inquiétée d'un exode possible des Arméniens majoritaires dans cette enclave sous souveraineté de l'Azerbaïdjan. "Un cessez-le-feu semble avoir été établi. Nous verrons si c'est bien le cas", a réagi Catherine Colonna, aux Nations unies, rappelant que la France avait condamné fermement l'offensive militaire lancée mardi qui a fait des "victimes civiles".
Paris a demandé la convocation en urgence du Conseil de sécurité de l'ONU qui se tiendra jeudi. "La France a toujours soutenu et soutient une solution négociée garantissant aux populations arméniennes du Haut Karabakh leur droit à vivre en paix dans le respect de leur histoire, dans le respect de leur culture", a souligné la ministre française. "Cette garantie ne peut pas résulter d'un dictat", a-t-elle ajouté, soulignant que Paris tiendrait l'Azerbaïdjan "pour responsable du sort des populations".
afp/ther/hkr
Des milliers d'Arméniens se rassemblent à l'aéroport après l'accord de cessez-le-feu
Plus de 10'000 personnes, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées, ont été évacuées au Haut Karabakh, une enclave cible d'une offensive éclair de l'Azerbaïdjan qui s'est soldée par une capitulation des séparatistes arméniens, a déclaré mercredi l'un de leurs responsables.
Ces personnes ne disposent "pas de nourriture adéquate, de médicaments ou de produits d'hygiène de base", a-t-il ajouté, dénonçant une "catastrophe".