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Exilés de Crimée, des Ukrainiens documentent les crimes de guerre au péril de leur vie

Des drapeaux russes flottent autour et au-dessus du Parlement de Simferopol, en Crimée, le 27 février 2014. [Reuters - David Mdzinarishvili]
Exilés de Crimée, des Ukrainiens documentent les crimes de guerre au péril de leur vie / La Matinale / 2 min. / le 21 septembre 2023
Annexée par la Russie en 2014, la Crimée est l’un des enjeux les plus sensibles de la guerre en Ukraine. Avec l'aide d'un réseau de résistants restés sur place, une association d'exilés à Kiev documente les crimes de guerre dans l'espoir qu'un jour justice soit rendue.

Les explosions en Crimée sont de plus en plus fréquentes, alors que l'armée ukrainienne tente de frapper les infrastructures militaires russes. La Russie a fait de la presqu'île une base militaire d'où partent de nombreux missiles vers l'Ukraine. Depuis 2014, la répression dans la région n'a fait qu'augmenter, et cela s'est intensifié depuis l'invasion à grande échelle. Parmi les habitants, certains risquent leur vie pour documenter ces crimes de guerre.

Olga, une jeune femme d'une trentaine d'années aujourd'hui réfugiée à Kiev, centralise ces informations cruciales. "C'est lors de l'annexion de la Crimée par la Russie que nous avons commencé à nous préoccuper des droits de l'Homme, lorsque les enlèvements et les persécutions à grande échelle ont commencé", témoigne-t-elle jeudi dans La Matinale de la RTS.

Arrestation et exil forcé

En 2014, Olga se trouve chez elle en Crimée. Deux de ses amis, militants pour la démocratie, sont arrêtés. Très rapidement, Olga est à son tour menacée. "Ils m'ont dit que j'allais être la prochaine et que mon mari ne me retrouverait jamais. Les services de renseignement de l'armée russe m'ont donné deux heures pour rassembler mes affaires, et j'ai dû quitter la Crimée", raconte-t-elle.

Forcée à l'exil, Olga travaille depuis sans relâche pour documenter les crimes de guerre, le plus discrètement possible, avec l'aide de ceux qui sont restés. "Mais la répression s'est encore aggravée depuis l'invasion à grande échelle. Il y a deux semaines, sept simples civils ont été arrêtés dans ma petite ville natale. On les accuse d'avoir tenté de renverser le régime en Russie", explique la jeune femme.

Prisonniers victimes de torture

Sa région a ainsi été transformée en prison pour y enfermer les Ukrainiens capturés dans les territoires récemment occupés par l'armée russe.

A Simferopol, la capitale de la Crimée, le renseignement russe (FSB) a ouvert un deuxième centre de détention. Au total, la présence d'au moins 110 prisonniers a été documentée, tous victimes de torture. Ils ne reçoivent pratiquement aucun soin médical et se trouvent en danger de mort.

Incapables de les aider activement, Olga et ses collègues enquêtent et documentent. Leur espoir: constituer des dossiers pour contribuer au travail de la justice et que les responsables puissent être jugés, avec en ligne de mire la condamnation de Vladimir Poutine.

Maurine Mercier/hkr

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