L'Arabie saoudite vers une "normalisation" de ses relations avec Israël

Le prince héritier du royaume d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane. [Keystone - Saudi Press Agency via AP]
L'Arabie saoudite vers une normalisation de ses relations avec Israël / Le Journal horaire / 44 sec. / le 21 septembre 2023
L'Arabie saoudite et Israël se "rapprochent" d'un accord de normalisation de leurs relations, a affirmé mercredi le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane. Israël a déjà normalisé ses relations avec cinq pays arabes, mais un tel accord serait historique, eu égard au poids du royaume dans la région.

"On s'en rapproche tous les jours", a affirmé Mohammed ben Salmane dans un entretien avec la chaîne Fox News, tandis que le président américain Joe Biden rencontrait à New York le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Pour nous, la question palestinienne est très importante. Nous devons la résoudre", a-t-il toutefois souligné, en s'exprimant en anglais de façon détendue, dans cette interview réalisée en Arabie saoudite. Selon lui, "les négociations se poursuivent bien jusqu'à présent".

"Nous espérons qu'elles aboutiront à un résultat qui facilitera la vie des Palestiniens et qui permettra à Israël de jouer un rôle au Moyen-Orient", a ajouté "MBS".

Le dirigeant saoudien a ainsi démenti des informations de presse faisant état d'une "suspension" des discussions avec Israël.

Réussir un rapprochement entre l'Arabie saoudite et Israël aurait un impact profond au Moyen-Orient, a commenté mercredi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken dans une interview avec la chaîne ABC. Cela aurait un "effet puissant sur la stabilisation de la région, sur l'intégration de la région, sur le fait de rassembler les peuples", a-t-il estimé.

"Trahison" envers la Palestine

Cette possible normalisation pourrait impliquer des garanties de sécurité de la part des Etats-Unis pour la monarchie pétrolière. Interrogé sur ce sujet, Mohammed ben Salmane a rappelé que les liens entre Riyad et Washington remontaient à huit décennies et qu'un possible accord de sécurité entre les deux nations "renforcerait" leur coopération militaire et économique, sans autre détail.

Le président iranien Ebrahim Raïssi a réagi mercredi soir, en déclarant qu'une éventuelle normalisation entre Israël et l'Arabie saoudite constituerait une trahison de la cause palestinienne.

"Nous pensons qu'une relation entre des pays de la région et le régime sioniste serait un coup de poignard dans le dos du peuple palestinien et de la résistance palestinienne", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse en marge de l'Assemblée générale des Nations unies à New York.

Diplomatie très active dans la région

Israël a déjà normalisé ses relations avec cinq pays arabes: Bahreïn, l'Egypte, la Jordanie, le Maroc et les Emirats arabes unis.

Le président iranien s'est toutefois également réjoui de la relation entre l'Iran et l'Arabie saoudite "qui se développe". Les deux puissances rivales historiques du Moyen-Orient (la monarchie saoudienne sunnite et la République islamique iranienne chiite) ont amorcé une normalisation surprise au printemps dernier, sous l'égide de la Chine.

afp/jop

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Deux nouvelles puissances nucléaires au Moyen-Orient?

Interrogé par Fox News sur la perspective que l'Iran se dote de l'arme nucléaire, Mohammed ben Salmane a averti que l'Arabie saoudite serait alors contrainte de faire de même.

"Nous nous préoccupons du fait qu'un pays puisse se doter d'une arme nucléaire. C'est une mauvaise chose", a-t-il affirmé. "Ils n'ont pas besoin de se doter d'une arme nucléaire parce qu'ils ne peuvent pas l'utiliser" sans déclencher "une guerre avec le reste du monde".

Mais, a-t-il ajouté, "s'ils en obtiennent une, on devra en avoir une nous aussi".

L'Iran dément vouloir obtenir l'arme nucléaire mais ses stocks d'uranium enrichi ont dépassé les niveaux autorisés par l'accord de 2015 sur le nucléaire, conclu sous Barack Obama et dont s'était retiré l'ancien président Donald Trump.

Benjamin Netanyahu finalement invité à la Maison Blanche

Redire sa "préoccupation" sur la démocratie en Israël et les colonies, sans compromettre les chances d'une normalisation avec l'Arabie saoudite: Joe Biden s'est livré mercredi à un exercice d'équilibriste en rencontrant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en marge de la réunion de l'ONU.

Le président américain a "redit sa préoccupation face à tout changement du système démocratique israélien qui se ferait sans le consensus le plus large possible", selon un communiqué publié par la Maison Blanche après une entrevue à New York, destinée à réchauffer un peu la relation glaciale entre les deux hommes.

Il s'agit d'une claire allusion à la réforme de la justice lancée par le gouvernement israélien, largement dénoncée comme une atteinte aux contre-pouvoirs démocratiques.

Mais Joe Biden a aussi "invité" le dirigeant israélien "à Washington avant la fin de l'année", ce qui est un clair signal d'apaisement. "Sans Israël, aucun Juif dans ce monde n'est en sécurité. Israël est essentiel", a par ailleurs estimé le président américain au début de l'entretien.

De son côté, Benjamin Netanyahu a insisté sur la possibilité d'une normalisation des relations avec l'Arabie saoudite, fortement encouragée par Joe Biden. "Je pense que sous votre houlette, Monsieur le président, nous pouvons forger un accord de paix historique entre Israël et l'Arabie saoudite", a-t-il déclaré.