Publié

La radicalisation de l'AfD inquiète l'Allemagne en période électorale

L'AFD, parti d'extrême droite allemand, continue sa progression malgré sa radicalisation
L'AFD, parti d'extrême droite allemand, continue sa progression malgré sa radicalisation / 19h30 / 2 min. / le 22 septembre 2023
La popularité croissante de l'AfD (Alternative pour l'Allemagne) inquiète car le parti créé il y a dix ans s'est radicalisé. Après le populisme de ses débuts, le parti a viré à l'extrême droite tout en gagnant du terrain. Il pourrait ainsi remporter la mairie de Nordhausen, une première pour une ville moyenne.

Après avoir conquis une collectivité territoriale en Thuringe et la mairie d’une petite ville en Saxe-Anhalt, l'AfD pourrait décrocher la mairie de Nordhausen, une ville de 41'791 habitants située dans le Land de Thuringe. Jörg Prophet, le candidat de l’AfD, y a remporté 42,1% des suffrages au premier tour. Son opposant, Kai Buchmann (sans parti, auparavant Alliance 90/Les Verts), a recueilli 23,7% des voix. Le deuxième tour est prévu le 24 septembre.

>> Relire à ce sujet : En Allemagne, l'AfD va diriger pour la première fois une collectivité territoriale

Les électeurs du parti veulent renverser la table. Quelques néonazis, nostalgiques du troisième Reich, sont également présents. Dans la foule, ceux qui acceptent de témoigner dans le 19h30 font part de leurs attentes: "Il nous faut un vrai changement, pour nous, pour la ville, pour notre pays et notre culture!". "Si on continue à laisser faire, rien ne changera et cela deviendra encore pire", assure un autre.

Proche du nazisme

Jörg Prophet refuse de parler aux journalistes avant une hypothétique victoire le 24 septembre. Mais les dirigeants du parti annoncent le programme. "C'est l’étape suivante, qui va démontrer que l’AfD n’est pas un parti contestataire. Nous sommes là pour gouverner et changer l'Allemagne", lance Maximilian Krah, tête de liste aux Européennes AfD.

Dans cette région, c'est bien engagé. L'AfD fait carton plein dans les urnes alors que son antenne régionale est considérée comme l'aile la plus radicale du parti. La Thuringe est en effet le fief de Björn Höcke, l’éminence grise de l'AFD. L'homme s'est notamment fait connaître pour des dérapages sur la Shoah. Il sera d'ailleurs jugé par un tribunal de Halle (est) pour l'utilisation d'une formule inspirée d'un slogan nazi lors d'un meeting électoral (voir encadré).

Rien de surprenant toutefois pour Stephan Piehl, ancien conseiller municipal berlinois qui a quitté l'AfD il y a deux ans à cause de sa radicalisation: "Un jour, l'un de mes collègues m'a vraiment fait honte en disant que dans les écoles, il fallait séparer les enfants en bonne santé des malades; qu'il fallait les sélectionner. Forcément, ça fait penser aux pages sombres de l'Histoire".

Positions inquiétantes

Ces positions extrêmes inquiètent. Dans le Land de Thuringe, l'AfD est même surveillée par les services de renseignements, ce qui n'empêche pas le parti de continuer à progresser, en surfant sur les crises à répétition, selon Hajo Funke, politologue. "Ce parti représente le plus grand danger pour la démocratie depuis 1945. Si l'ensemble des partis politiques démocratiques ne réagissent pas très rapidement et de manière conséquente contre l'AfD, nous allons nous retrouver bientôt avec un voire deux présidents de région d'extrême droite."

En Thuringe, le parti et son chef de file Björn Höcke sont en effet donnés en tête pour les élections régionales de 2024. Au niveau national, l'AfD est actuellement crédité de 23% des intentions de vote.

>> Ecouter aussi l'intervention de Bénédicte Laumond, politologue spécialiste de l’extrême-droite, dans Forum en juillet 2023 :

L’AFD, parti d’extrême-droite en Allemagne, connaît de plus en plus de victoires électorales: interview de Bénédicte Laumond
L’AFD, parti d’extrême-droite en Allemagne, connaît de plus en plus de victoires électorales: interview de Bénédicte Laumond / Forum / 7 min. / le 28 juillet 2023

Sujet TV: Anne Mailliet

Adaptation web: juma/afp

Publié

Un dirigeant d'extrême droite sera jugé pour un slogan nazi

Björn Höcke, responsable de l'AfD en Thuringe, région où ce parti rêve d'accéder au pouvoir en 2024, est renvoyé en justice après que le tribunal de Halle (est) a validé l'acte d'accusation à son encontre pour utilisation de symboles contraires à la constitution, a-t-on appris le 13 septembre dernier.

En Allemagne, où la loi interdit formellement l'utilisation de slogans de l'époque nazie ou l'exhibition en public de symboles du IIIe Reich, ce délit est passible de peines pouvant aller jusqu'à trois ans de prison.

Höcke, 51 ans, comparaîtra pour avoir déclaré "Tout pour notre patrie, tout pour la Saxe-Anhalt, tout pour l'Allemagne", lors d'un meeting électoral fin mai 2021 à Merseburg. Or, "Tout pour l'Allemagne" était un slogan connu de la Section d'assaut (SA) du parti national-socialiste.

Pour l'utilisation du même slogan sur une affiche de campagne, découverte vendredi, la police de Passau, en Bavière (sud), a annoncé lundi avoir ouvert une enquête à l'encontre d'un autre homme politique de l'AfD, candidat aux élections locales qui se tiendront le 8 octobre.

Un "commando de démolition", selon Olaf Scholz

Le chancelier allemand Olaf Scholz a comparé le 6 septembre le parti AfD, au plus haut dans les sondages, à un "commando de démolition", mettant en garde contre la menace qu'il représente pour la prospérité du pays.

Formation anti-immigration et anti-UE déjà représentée au parlement, le parti "Alternative pour l'Allemagne" est porté par des sondages records qui le crédite d'environ 22% des intentions de vote, devant les sociaux-démocrates (SPD) du chancelier donnés autour de 16%.

"Les appels à l'édification de barrières entre les Etats membres, à une mise à bas de l'UE et à une diminution radicale des mécanismes de protection sociale ne sont rien d'autre que des volontés délibérées de détruire la prospérité", a indiqué le chef de la coalition de centre-gauche devant les députés.