Environ 80'000 personnes ont défilé dans toute la France, dont 15'000 à Paris, ont affirmé la CGT et LFI, qui appelaient à la mobilisation au côté de dizaines d'organisations, dont des collectifs de quartiers populaires, des ONG (Attac, Dernière rénovation, les Amis de la Terre...) et des partis politiques.
De son côté, le ministère de l'Intérieur a fait état de 31'300 manifestants et manifestantes dans l'ensemble du pays, dont 9000 dans la capitale.
"Police partout, justice nulle part"
A Paris, le cortège rassemblant plusieurs milliers de personnes s'est ébranlé vers 15h depuis la gare du Nord, dans le nord-est de la capitale. A l'avant de la manifestation, de nombreux collectifs de familles réclament la vérité pour "Othmane", "Alassane" ou "Mahamadou", derrière la banderole "coordination nationale contre les violences policières".
"On vient se battre pour mon frère, l'homme qui l'a tué, un octogénaire ancien militaire, a été remis en liberté", affirme Hawa, la soeur de Mahamadou, tué d'un coup de fusil en décembre 2022 à Charleville Mézières. "Monsieur le procureur, on ne tue pas par exaspération", proclame la banderole brandie par ses proches.
Avant le départ du cortège, la foule scandait "Police partout, justice nulle part", "Pas de justice, pas de paix" ou encore "Justice pour Nahel". Le décès il y a trois mois de cet adolescent de 17 ans, tué par un policier lors d'un contrôle routier à Nanterre, avait déclenché une vague d'émeutes dans tout le pays.
Les manifestants, de tous âges, brandissaient des pancartes sur lesquelles était inscrit "Stop aux violences d'Etat", "Ni oubli ni pardon", ou encore "Etat raciste, Etat policier".
Des casseurs
Plusieurs élus de la France Insoumise étaient présents dans la manifestation, à l'instar de la députée Mathilde Panot, qui a salué "l'unité" des 198 organisations qui ont appelé à cette marche: organisations syndicales, politiques et autres collectifs de quartiers populaires. Cette manifestation "n'est certainement pas ce que dit Gérald Darmanin, c'est-à-dire une marche anti-police, mais une marche de défense de la République", a-t-elle ajouté.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a adressé vendredi une lettre de soutien aux policiers et gendarmes et envoyé un télégramme aux préfets, les appelant à "faire preuve d'une vigilance particulière concernant ces rassemblements", de prendre un arrêté d'interdiction si nécessaire et de signaler les messages "porteurs de slogans insultants et outrageants à l'endroit des institutions de la République, de la police et de la gendarmerie susceptibles de tomber sous le coup de la loi".
Un pré-cortège de centaines d'individus vêtus de noir et cagoulés s'est aussi constitué, dégradant les vitrines de plusieurs agences bancaires et caillassant une voiture de police. Cette voiture, coincée dans la circulation, a été attaquée à coup de barre de fer. L'un des policiers est alors brièvement sorti du véhicule arme à la main pour tenir à distance les manifestants.
Plus de 30'000 policiers mobilisés
Le ministère de l'Intérieur avait mobilisé 30'000 policiers et gendarmes sur l'ensemble du territoire, dont 6000 pour encadrer la visite du pape François à Marseille.
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"Un peu plus de 1000 policiers sont mobilisés" sur la manifestation parisienne, selon le préfet de police de Paris.
Dans d'autres villes, c'est dès la fin de matinée que les manifestants ont arpenté les rues, comme à Perpignan, où le mot d'ordre des organisateurs "contre le racisme systémique, les violences policières et pour les libertés publiques" a rassemblé environ 150 personnes, ou à Toulouse, où le cortège comptait quelque 600 participants, selon la préfecture.
afp/boi