Des réfugiés du Haut-Karabakh sont entrés en Arménie, alors qu'Erevan tourne le dos à Moscou
Quelques dizaines d'habitants du Haut-Karabakh, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées, sont arrivés au centre d'accueil mis en place par le gouvernement arménien à Kornidzor, à la frontière arméno-azerbaïdjanaise.
Non loin de là, dans la ville arménienne de Goris, d'autres installations, équipées de trousses de premiers secours, de mégaphones et de dizaines d'ordinateurs, ont également été mises en place.
Les autorités du Haut-Karabakh avaient peu avant annoncé que les civils laissés sans logement en raison des dernières violences seraient transférés en Arménie avec l'aide des soldats de maintien de la paix russes, présents sur place depuis la précédente guerre, en 2020.
L'Azerbaïdjan s'est quant à lui engagé à permettre aux rebelles qui rendraient leurs armes d'aller en Arménie.
Craintes d'une fuite massive
C'est par le même poste-frontière de Kornidzor que 23 ambulances transportant des "citoyens grièvement blessés" accompagnés de médecins et d'employés de la Croix-Rouge doivent prochainement passer, a indiqué le ministère arménien de la Santé.
Samedi, un premier convoi d'aide du CICR est entré au Haut-Karabakh, tandis que, de la tribune de l'ONU à New York, l'Arménie réclamait l'envoi "immédiat" d'une mission des Nations unies, réitérant ses accusations de "nettoyage ethnique".
Beaucoup craignent que la population locale ne fuie massivement, au moment où les forces azerbaïdjanaises resserrent leur emprise. Car outre l'angoisse qui règne parmi les quelque 120'000 habitants du Haut-Karabakh, la situation humanitaire y demeure très tendue.
Encerclée par les troupes azerbaïdjanaises, sa "capitale", Stepanakert, est privée d'électricité et de carburant et sa population manque de nourriture et de médicaments.
>> Lire : Les séparatistes du Haut-Karabakh rendent leurs armes avant les négociations et L'Azerbaïdjan encercle la "capitale" du Haut Karabakh
Le Premier ministre arménien tourne le dos à Moscou
Dans ce contexte tendu, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a critiqué dimanche les alliances actuelles de son pays. "Les systèmes de sécurité extérieure dans lesquels l'Arménie est impliquée se sont révélés inefficaces pour protéger sa sécurité et ses intérêts", a-t-il martelé dans une intervention télévisée.
Ces propos font allusion aux relations de longue date qu'entretient ce pays du Caucase avec Moscou héritées de l'époque où il faisait partie, comme l'Azerbaïdjan voisin, de l'URSS. Car l'Arménie est encore membre de l'Organisation du traité de sécurité collective, une alliance militaire chapeautée par la Russie.
"L'Arménie n'a jamais renoncé à ses obligations ni trahi ses alliés. Mais l'analyse de la situation montre que les systèmes de sécurité et les alliés sur lesquels nous comptons depuis longtemps se sont fixés pour tâche de montrer notre vulnérabilité et l'incapacité du peuple arménien à avoir un Etat indépendant", a encore déclaré le Premier ministre.
Rencontre turco-azérie lundi
Nouveau signe du fort impact international que continue à avoir cette nouvelle crise, le président turc Recep Tayyip Erdogan rencontrera lundi son homologue azerbaïdjanais Ilham Aliev dans l'enclave azerbaïdjanaise du Nakhitchevan, nichée entre l'Arménie et l'Iran.
Et une réunion prévue de longue date en Espagne le 5 octobre entre Ilham Aliev et Nikol Pachinian est maintenue, selon les autorités arméniennes. Elle aura lieu à Grenade avec la participation du chef d'Etat français Emmanuel Macron, du chancelier allemand Olaf Scholz et du président du Conseil européen Charles Michel.
jfe avec afp