C'est à Mauriac, dans la "Petite Toscane" bordelaise, que Guillaume Yon produit son vin "le château Gaury-Balette". Habituellement, il vend une partie de sa production à des négociants. Mais cette année, son stock est toujours dans les cuves, explique le vigneron lundi dans le 19h30 de la RTS: "Sur la propriété, il nous reste 3 millésimes, ceux de 2020 à 2022".
Pour qu'il puisse préparer la nouvelle récolte et que son entreprise puisse fonctionner, normalement "le millésime de 2020 devrait être vendu", affirme-t-il.
En crise, la profession pousse actuellement à procéder à un vaste arrachage des vignes. Après les prochaines vendanges, près de 9500 hectares seront détruits, notamment dans les appellations Bordeaux les moins prestigieuses, comme l'Entre-deux-Mers.
Des vignes laissent la place aux céréales
Certains exploitants ont pris les devants. Pierre-Etienne Garzaro, vigneron aux “Vignobles Garzaro”, a déjà arraché une quinzaine d'hectares pour y cultiver des céréales, "du blé cette année, l'année dernière, c'était du tournesol". Prochainement, une autre partie de ses parcelles sera également convertie pour laisser la place à des arbres.
Selon Denis Saverot, directeur de la rédaction “Revue du vin de France”, les propriétaires n'ont pas anticipé les nouvelles tendances, sans doute à cause d'un manque de connexion avec les consommateurs.
Aujourd'hui, un producteur doit surprendre, il ne peut plus se contenter de faire un Bordeaux standardisé, "avec ce goût boisé et une agriculture conventionnelle. Tout ça n'intéresse plus, (...) il faut faire des vins bio et cultiver des élevages différents", souligne le spécialiste.
57 millions d'euros de subvention d'arrachage
Guillaume Yon s'est déjà lancé dans le bio et l'année prochaine il va encore innover en plantant des oliviers pour fabriquer de l'huile. "Je ne sais pas si on aura le droit de l'appeler huile d'olive de Bordeaux", plaisante-t-il, mais il se rassure en se disant qu'elle sera produite en Gironde.
Le gouvernement a débloqué une enveloppe de 57 millions d'euros pour aider à l'arrachage de ceps cultivés parfois depuis plusieurs décennies. Pourtant, certains spécialistes estiment ce plan encore insuffisant.
Sujet TV: Adeline Percept
Adaptation web: Miroslav Mares